Suivez-moi sur les réseaux !

lundi 25 septembre 2017

Le Cercle de Dave Eggers


Le Cercle

 

Dave Eggers


Le Cercle / Dave Eggers

Mae Hollande se languit dans la boîte minable où elle travaille. C’est pourquoi lorsque son amie Annie lui propose un emploi au Cercle, une société spécialisée dans la communication et les réseaux sociaux, elle accepte avec joie.

La jeune femme occupe d’abord un poste dans le Service Client où elle doit répondre le plus rapidement possible à des demandes en tous genres, puis elle monte progressivement en grade et aide à élaborer divers projets tels que Démopower, un système permettant de voter en temps réel. Elle adopte le principe de la Transparence et accepte d’être filmée vingt-quatre heures sur vingt-quatre par une caméra diffusant les images en direct sur Internet.

Bientôt, toute la population pourrait bien être sous le contrôle du Cercle. Mae va-t-elle aider l’entreprise à atteindre la Complétude ou écoutera-t-elle les avertissements de son ex-petit ami Mercer et du mystérieux Kalden ?

J’ai beaucoup aimé le roman de James Eggers. Tout d’abord, le récit se déroule à notre époque, ce qui est plutôt rare dans une dystopie. Nous assistons à la création de ce qui pourrait bien devenir une dictature, si le Cercle parvenait à mettre ses projets à exécution.

L’auteur instaure une ambiance assez stressante, notamment lorsque nous suivons la vie de Mae au travail. Les dirigeants de l’entreprise demandent à leurs employés une somme d’efforts considérables : ils doivent pouvoir gérer de nombreuses demandes en même temps. Sans compter qu’en plus de leurs tâches quotidiennes, ils sont fortement incités à participer aux activités organisées par le Cercle le week-end. Au final, les travailleurs ne trouvent plus de raisons de quitter leur entreprise et dorment dans de luxueux dortoirs prévus à cet effet.

Le personnage de Mae est également très intéressant. Cette jeune femme est ambitieuse et désire que tout soit ordonné, elle aime être vue et appréciée, c’est pour cela qu’elle adhère facilement à la philosophie du Cercle qui désire tout rendre visible, comme le prouve l’un de ses slogans : « les secrets sont des mensonges ».

/!\Je vais développer davantage mes pensées sur le personnage de Mae, je vous conseille donc de sauter ce passage si vous n'avez pas lu le livre.

L’héroïne fait vraiment le sel de ce roman. En effet, il est rare de voir dans une dystopie un protagoniste qui ne se rebelle pas contre le système mais au contraire le soutien et le perfectionne. La jeune femme a un caractère complexe, elle dégage à la fois une certaine candeur, mais dans le même temps elle est débordante d’ambition. Quand elle était petite, Mae a été négligée par ses parents, puis elle s’est ennuyée dans l’entreprise dans laquelle elle exerçait avant d’entrer au Cercle. Elle est donc débordante d’envie, de projets, elle désire faire ses preuves.

Mae a aussi tendance à ne pas prendre en compte les doutes et les remarques des autres : elle méprise son ex-petit ami Mercer lorsqu’il tente de lui montrer la perversité du Cercle, elle n’écoute pas les doutes de ses parents qui ne veulent plus être filmés vingt-quatre heures sur vingt-quatre comme elle.
D’ailleurs, lorsque le jeune homme finit par se suicider faute de pouvoir échapper à la surveillance de la boîte, elle ne ressent que peu de tristesse. Elle parvient avec facilité à s’auto convaincre qu’elle agit pour le mieux ! Mae se compare même à une présidente, en effet, elle explique que le fait d’être filmée en permanence lui impose un contrôle sur elle-même et lui donne aussi du pouvoir.

Enfin, la fin du roman nous montre bien le vrai visage de la jeune femme : elle trahit Kalden, le mystérieux collègue qui désire empêcher le Cercle de prendre le contrôle du monde, en le dénonçant à ses supérieurs.

/!\ Fin de la partie spoilers

Les dernières pages du livre sont proprement terrifiantes.

Le Cercle de Dave Eggers publié aux éditions Gallimard.

Le Cercle a été adapté en film avec dans le rôle de Mae l’actrice Emma Watson. Si le jeu de la jeune femme est bon, les scénaristes ont fait planer une ambiguïté inutile sur le personnage de Mae. En effet, nous avons l’impression que, au cinéma, l'héroïne va se révolter contre le système, alors que dans le roman au contraire, elle se persuade tout au long du livre que ce qu’elle fait est la bonne décision. A cause de ce flou autour du personnage, la fin du film paraît étrange et illogique.

De plus, de légers changements sont effectués au niveau de l’apparition de certains personnages notamment de Mercer. Ces modifications peuvent sembler anodines mais changent considérablement la perception du récit et des protagonistes. Le film est donc plutôt une déception.


lundi 18 septembre 2017

Une semaine de philosophie de Charles Pépin


Une semaine de philosophie

 

Charles Pépin

 

Une semaine de philosophie / Charles PépinLa philosophie est une matière que nous abordons avec plus ou moins d’appréhension, notamment lorsque l’on est en terminale L. Allons nous parvenir à nous passionner pour les textes des Anciens ? Comprendrons-nous leur raisonnement ? Le livre de Charles Pépin nous permet de nous initier en douceur à cette matière.

Il se divise en sept parties pour les sept jours de la semaine. A chaque fois, l’auteur s’interroge sur un thème particulier et expose ses idées en trois parties qui respectent le principe de la dissertation de philosophie classique : thèse, antithèse, synthèse. Les questions sont intéressantes et amènent à réfléchir. Nous pouvons notamment citer « La démocratie est-elle le meilleur des régimes ? » ou « Comment se préparer à mourir ? »

Ce livre aborde tous les sujets phares de la philosophie : la mort, Dieu, la démocratie, le pouvoir, la beauté…

A travers ses raisonnements, Charles Pépin nous invite à nous dépasser, à nous questionner, à croire en nous et à tirer une leçon des évènements du passé. L’auteur fait aussi bien référence à des personnages antiques tels que Socrate ou Platon sans oublier des penseurs plus modernes comme Nietzsche ou Freud. Nous avons donc deux types de point de vues, ce qui permet d’élargir nos horizons.

Afin de mieux apprécier ma lecture, j’ai décidé de jouer le jeu de Pépin et de lire une partie par jour. Grâce à cela j’ai trouvé le livre plus « digeste ». Une semaine de philosophie est donc un bon moyen de commencer à étudier cette matière et je le conseille fortement à tous ceux qui vont entrer en Terminale.
  
Une semaine de philosophie de Charles Pépin publié aux éditions J'ai lu.

vendredi 15 septembre 2017

Louise de Stéphanie Demasse-Pottier et Magali Dulain





Louise

 

Stéphanie Demasse-Pottier (histoire)

 

Magali Dulain (illustrations)

 

 

Louise/ Stéphanie Demasse-Pottier / Magali DulainAux yeux de tous ses camarades de classe, Louise semble être une personne forte et sûre d’elle, mais en réalité la fillette se sent très seule. La rencontre d’une autre enfant prénommée elle aussi Louise pourrait tout faire basculer….

A travers cette histoire très courte, l’auteur parvient à décrire à la fois la solitude que l’on peut ressentir dans sa jeunesse et les secrets que l’on garde au fond de son cœur, en attendant de rencontrer un ou une Ami(e) avec un grand A

Le style de Stéphanie Demasse-Pottier est à la fois fluide et poétique, très délicat et subtil. Elle laisse une part d’intimité à ses personnages, ce qui n’est pas frustrant, au contraire, nous avons l’impression d’être dans le récit et d’observer les enfants de loin, en écoutant quelqu’un nous raconter leur histoire.


Nous nous sentons véritablement inclus dans le récit.

Ce texte est une petite pépite qui ravira les plus jeunes comme les grands.

Illustration Louise / Magali Dulain

Les illustrations de Magali Dulain s’accordent à merveille avec l’histoire, le trait de crayon, simple et presque enfantin permet de faire le lien avec le jeune âge de l’héroïne. Nous avons souvent le sentiment que les dessins sont réalisés par Louise elle-même.

Illustration Louise/ Magali Dulain


Une excellente découverte !

Louise de Stéphanie Demasse-Pottier et Magali Dulain publié aux éditions L’Etagère Du Bas.

Le blog de l'auteure : http://lenanouck.blogspot.fr/

lundi 11 septembre 2017

Hugo de la nuit de Bertrand Santini


Hugo de la nuit

 

Bertrand Santini

 

Hugo de la nuit / Bertrand Santini

 

Quelle pourrait être la chose la plus incroyable qui puisse vous arriver le jour de votre anniversaire ? Recevoir le cadeau dont vous avez toujours rêvé ? Que vos amis débarquent par surprise au beau milieu de la fête ? Pour Hugo Grimmons, ce sera de se noyer la veille de ses douze ans et de se réveiller parmi les morts du cimetière non loin de chez lui.

Les défunts sont beaucoup plus serviables que les vivants et ensemble, ils vont tenter d’empêcher leur sépulture de tomber aux mains de personnages avides de déterrer un gisement de pétrole se trouvant juste en dessous.

Ce très court roman est une bonne surprise ! Si l’intrigue est davantage pour la jeunesse, elle est malgré tout prenante et nous nous attachons vite aux personnages. J’ai apprécié les fantômes du cimetière, notamment Cornille, un ancien botaniste et Gertrude, une fillette de sept ans qu’Hugo ne laisse pas indifférent.

Les parents du jeune garçon sont également attachants. La mère, une romancière reconnue, m’a beaucoup plu. Elle doit son succès à un heureux coup du sort, (une star de la chanson a assommé une de ses fans avec un exemplaire de son oeuvre. Le public s’est empressé de se procurer le livre afin de reproduire le geste de leur idole). Nous pouvons penser que l’auteur souligne avec autodérision combien la renommée peut être soudaine et éphémère. (Alors que la stupidité de certains fans est sans limite).

L’histoire est également bien rythmée, les actions s’enchaînent à une vitesse vertigineuse, saupoudrées d’une bonne dose d’humour qui donnent aux esprits un côté très sympathique ! Il est également bon de noter le côté engagé de Bertrand Santini. En effet, les Grimmons veulent empêcher le cimetière d’être détruit afin d’y extraire du pétrole. Cela donne une portée écologique au roman.

L’auteur parvient à instaurer du suspense et la fin de ce conte m’a bluffée ! Pour des enfants qui désirent découvrir le monde du fantastique, je trouve qu’Hugo de la nuit est un bon moyen de débuter, quant aux plus grands, ils pourront s’ils le souhaitent se plonger dans une aventure agréable qui les fera sourire.

La magnifique couverture des éditions Grasset ne peut que vous décider !

Hugo de la Nuit de Bertrand Santini publié aux éditions Grasset Jeunesse.

mercredi 6 septembre 2017

La cité des miroirs de Justin Cronin


La cité des miroirs

 

Justin Cronin

 

(Tome 3 du Passage)





Dans le tome 1 du Passage, Peter, Amy et leurs amis arrivent à vaincre le terrible virul Babcock.
Dans le tome 2, ils parviennent à se débarrasser des onze viruls originels, provoquant ainsi la mort de leur Multitude.

Cette fois-ci, ils vont devoir combattre un ennemi plus terrible encore : Zéro, le premier virul, plus puissant que tous ceux qu’ils ont déjà eu à affronter. Mais comment faire, une fois encore, nos héros semblent dispersés aux quatre vents. Amy a disparu depuis le soir où ils ont vaincu les douze, laissant Peter fou de douleur. Alicia doit se remettre de la mort de sa fille, Rose. Michael se lance dans des projets fous pour oublier sa peine. Quant à Sarah, elle a à présent une famille à protéger. Une fois de plus cependant, nos héros iront au devant de leur destin.

Justin Cronin signe un tome 3 magistral et qui conclut magnifiquement la série. Comme toujours il sait parfaitement doser les scènes d’actions et les scènes explicatives. Le roman est prenant, nous ne parvenons pas à nous arrêter de lire. Nous avons le même plaisir à suivre nos personnages favoris, sans compter que nous nous penchons davantage sur d’autres protagonistes tels que Caleb, le fils adoptif de Peter ou bien les enfants de Sarah. Comme à son habitude l’auteur parvient habilement à réunir ses héros alors que tout semble fait pour les séparer.

Le vrai point fort de La Cité des Miroirs est que nous avons également le point de vue du grand méchant du roman, Zéro. Nous en apprenons plus sur son passé, son enfance, sa vie avant de devenir un monstre. Nous découvrons comment et pourquoi il s’est retrouvé cobaye d’une expérience gouvernementale.

L’auteur nous livre aussi d’autres éléments sur la mystérieuse Amy et nous prenons plaisir à voir évoluer ses relations avec les autres, particulièrement avec Peter.

La fin du livre est à la fois triste et belle car chaque protagoniste trouve à sa manière une sorte de rédemption, de paix. Amy notamment peut enfin raconter son histoire. Nous qui la suivons depuis son plus jeune âge, nous en éprouvons un soulagement et une joie.

Sans compter que nous avons enfin une explication sur les différents annotations que nous pouvons trouver au début de certains chapitres, (les cartes ou les extraits du journal de Sarah notamment).

Cette série restera longtemps dans ma mémoire et j’éprouve un pincement au cœur à l’idée de ne plus jamais suivre les aventures d’Amy, Peter, Alicia et les autres. Justin Cronin est parvenu à créer des héros si réalistes, un univers si riche et une intrigue si prenante que nous avons l’impression d’avoir vécu l’aventure avec les personnages. Nous les avons suivis depuis Le Passage jusqu’à La cité des miroirs, nous les avons vu grandir, se mettre en danger, commettre des erreurs, changer. Lorsque l’on referme cet ultime tome, c’est comme si nous disions au revoir à des êtres chers.

Mes articles sur les deux tomes précédents : ici  et

La cité des miroirs de Justin Cronin publié aux éditions Robert Laffont.

lundi 4 septembre 2017

Sommeil d'Haruki Murakami (Illustrations de Kat Menschik)


Sommeil

 

Haruki Murakami

 Illustrations de Kat Menschik

Sommeil / Murakami

 

Quel est le piment de notre vie ? Notre travail ? Notre famille ? Nos amis ? Une passion ? A première vue, l’existence de l’héroïne anonyme que nous suivons dans cette nouvelle est plutôt heureuse, son mari a un métier stable, son fils est sage et affectueux. Mais en réalité, elle effectue ses tâches quotidiennes comme un automate et ses journées sont mornes et sans saveurs. Tout bascule lorsque la jeune femme est frappée d’une étrange maladie : elle n’a plus besoin de dormir. Et si cela était pour elle l’occasion de redonner du piment à sa vie ? Un seul moyen pour cela : la lecture !

Pour commencer, il faut savoir que Sommeil est une nouvelle relativement courte. Malgré tout, l’auteur parvient à nous transmettre de façon très  poétique la monotonie initiale de la vie de l’héroïne et sa renaissance grâce à la lecture.

Murakami nous transmet le plaisir de la lecture, notamment par l’évocation de petits détails : des choses que l’on retrouve entre les pages d’un livre que l’on n’a pas lu depuis longtemps et qui nous rappellent des souvenirs, le plaisir de dévorer un roman sans jamais s’arrêter, que des personnages puissent nous habiter au point que l’on y pense très fréquemment au cours de notre journée. (Attention, l’héroïne lit Anna Kaérine et nous livre ses impressions, il peut y donc avoir des spoilers).

Haruki Murakami décrit aussi avec brio la relation étonnante qu’entretient notre héroïne avec son mari. Alors qu’elle revit à travers la lecture, elle se rend compte qu’elle n’éprouve que très peu d’affection pour celui avec qui elle partage sa vie. D’ailleurs, elle se demande souvent pourquoi elle l’a épousé. L’autre aspect surprenant de Sommeil est que les proches de la jeune femme ne se rendent compte de rien. En effet, le jour, elle décide de vaquer à ses occupations comme à l’ordinaire.

Cela donne un côté fantastique au récit et illustre de façon poignante combien les hommes vivent les uns à côté des autres, sans chercher à se connaître véritablement. Alors que l’époux de notre héroïne pourrait partager une nouvelle passion avec sa femme, il ne s’étonne même pas du fait qu’elle recommence à lire bien qu’elle ait arrêté dès le début de leur mariage. L’auteur dénonce donc une forme d’égocentrisme qui peut parfois se retrouver au sein même des familles.

La particularité de cette nouvelle, outre son ton poétique est le fait qu’elle soit illustrée. Les dessins, assez oniriques, nous plongent dans l’ambiance et ajoutent un plus au récit.

Illustrations de Kat Menschik (Sommeil / Murakami)


Le seul petit bémol est que j’ai trouvé la fin du récit assez abrupte, nous laissant sur notre faim, mais c’est souvent le cas dans les histoires courtes. Nous pouvons y voir une métaphore qui indique que le sursis que la jeune femme avait par sa capacité à ne pas dormir est terminé. Elle doit donc payer une compensation.


Illustrations de Kat Menschik (Sommeil / Murakami)

Sommeil est un bon moyen de s’initier à l’univers d’Haruki Murakami avant de se lancer dans un de ses romans, comme par exemple L’incoloreTsukuru Tasaki et ses années de pèlerinage.

Illustrations de Kat Menschik (Sommeil / Murakami)

 Sommeil d'Haruki Murakami publié aux éditions Belfond.
 

Découvrez la lecture en directe de Lemon June :