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lundi 7 mai 2018

Le Lac de Yana Vagner (suite de Vongozero)


Le lac

 

Yana Vagner


Le Lac / Yana Vagner

Le Lac est la suite du roman Vongozero. Si vous n’avez pas lu ce livre, ne lisez pas cette chronique et allez plutôt consulter mon article ici pour éviter toute information susceptible de briser le suspense du tome 1 !

Anna et ses compagnons ont finalement atteint Vongozero après des semaines de fuite effrénée. Cependant, leur arrivée à destination ne signifie pas que leur vie soit de tout repos. Les survivants sont entassés dans une cabane minuscule, exposés au froid, au manque de nourriture, d’intimité, d’espace. Plus les jours passent, moins Anna supporte la présence de ses voisins qu’elle déteste et de l’ex-femme de son mari, Irina, qui est si mystérieuse. Sans compter que nulle échappatoire n’est possible, car au-dehors, la maladie est loin d’avoir fini de décimer la population. La venue d’étrangers va alors bouleverser la vie des survivants de Vongozero. Ils vont devoir traiter avec les nouveaux venus pour le meilleur, comme pour le pire.

Dans ma précédente chronique, j’avais dit que la fin de Vongozero se suffisait à elle-même. Pourtant, je n’étais pas mécontente de retrouver les personnages du tome 1 ! L’auteur parvient immédiatement à nous replonger dans l’ambiance oppressante du premier livre. Nous ressentons le confinement éprouvé par Anna et nous désirons nous échapper avec elle. Cette atmosphère est presque pire car, dans un premier temps, les protagonistes étaient en voiture alors qu’à présent, ils ne quittent plus leur île. Les femmes notamment, sont confinées à l’intérieur de la bâtisse et doivent s’occuper des enfants et de la cuisine, ce qui rend l’atmosphère irrespirable.

Pour ceux qui craindraient de se lasser de cette ambiance, sachez que peu à peu, l’auteur va apporter des changements à son intrigue. Pour commencer, l’arrivée d'étrangers va bouleverser le quotidien du groupe. Cela va également permettre de mettre en valeur le personnage d’Anna puisqu’elle est particulièrement appréciée des nouveaux venus, ce qui vaut aux survivants une aide précieuse.

De plus, si dans le tome 1 notre héroïne avait dû mal à faire entendre sa voix, elle va connaître une évolution, notamment à cause de l’oppression qu’elle ressent en permanence au quotidien. Vivre toute la journée aux côtés de femmes qu’elle déteste va peu à peu la rendre presque folle et la faire sortir de ses gonds, au point de jeter une assiette à la tête de ses camarades. Elle va également pouvoir enfin exprimer son désir de ne plus vivre confinée à Sergueï. Même si ce changement d’attitude n’aura pas tout de suite l’effet escompté, il est plaisant de voir Anna s’affirmer.

La jeune femme parvient aussi à se détacher davantage de son époux et à se montrer plus indépendante, plus forte, plus froide.

Il y a également un passage que j’ai considéré comme un tournant du récit, celui où toutes les femmes se confient autour d’un verre d’alcool. Alors que les hommes sont partis en mission, elles vont peu à peu ouvrir leur cœur, ce qu’elles n’avaient jamais fait alors qu’elles se connaissent depuis longtemps. Même si cela n’empêchera pas Anna de déménager dans une autre demeure, ces confessions vont améliorer les relations entre toutes les femmes, ce qui est très intéressant et rend l’atmosphère du livre plus respirable.
Cela donne également de l’épaisseur aux personnages, notamment à ceux de Marina, Natacha et Irina, qui n’étaient finalement pas beaucoup exploités dans le tome 1.

Au niveau des personnages, j’ai beaucoup d’affection pour Anna, que je trouve très réaliste et novatrice, loin des stéréotypes de l’héroïne de dystopies habituelles. Grâce à cela, nous pouvons facilement nous identifier à elle et compatir à ses malheurs. J’ai aussi beaucoup aimé retrouver le vieil et bourru Boris.

En revanche, je n’ai pas du tout apprécié Sergueï, que j’ai trouvé très égoïste et peu soucieux du bonheur de son épouse. Alors qu’Anna finit par exploser à force de vivre enfermée avec des personnes qu’elle ne peut supporter, ce-dernier ne veut pas faire d’efforts pour changer les choses. Il faut que son ex-femme Irina se mette du côté de la jeune femme pour qu’il prenne une décision.

Une fois encore, la relation entre les deux femmes est très différente de ce à quoi on pourrait s’attendre. Il n’y a pas de scènes brutales entre elles, pas d’horribles disputes, simplement une tension permanente. Cette tension va cependant peu à peu se dissiper pour devenir une complicité, une bonne entente, notamment à la fin du livre. A plusieurs reprises elles vont se soutenir mutuellement. Elles vont finir par former une sorte de famille. Cet aspect du récit m’a beaucoup plu, j’ai trouvé cela très original.

Enfin, le fait que le principal élément perturbateur de ce tome soit de nouveaux arrivants n’est pas du tout ennuyeux, au contraire, je trouve que cela renforce l’originalité de l’œuvre. En effet, avec l’arrivée du virus dans le tome 1, on pourrait s’attendre à des mutations génétiques créant des espèces de zombies comme dans d’autres dystopies, mais l’auteure ne s’attarde pas sur la raison de la propagation de la maladie. Elle nous livre simplement des détails sur les symptômes nous informant de sa présence.

Cela permet de souligner le fait que le plus grand danger pour l’homme est l’homme lui-même. A l’heure du chaos, la loi du plus fort renaît, tout s’achète et se négocie. Yana Vagner arrive à créer une tension dans le récit.

Je recommande donc chaudement la lecture de ce tome 2 pour l’évolution des personnages, notamment celui d’Anna, et la relation entre Anna et Irina. Ce roman est addictif, nous ne pouvons nous arrêter de le lire une fois commencé !

Le Lac de Yana Vagner publié aux éditions Pocket.

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