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vendredi 27 septembre 2019

La Passe-Miroir: la couverture du tome 4 est révélée !

La Passe-Miroir

La tempête des échos : une couverture qui suscite la tempête sous nos crânes!



Enfin la couverture du tome 4 de La Passe-Miroir a été révélée par Christelle Dabos sur son blog ! Je la trouve magnifique, la couleur rouge va très bien avec les tons des autres tomes. Les bâtiments, de style asiatique, sont très beaux, et nous laissent présager la découverte d'une nouvelle arche ! (Peut-être Titan?)

J'ai si hâte d'être au 28 novembre ! Cette couverture est un cadeau avant l'heure, un avant goût délicieux ! Dans le même temps, je ne parviens pas à me dire qu'après ce livre-là, les aventures d'Ophélie et Thorn seront définitivement terminées... Après toutes ses années... six ans !

La tempête des échos n'est pas encore parue, cependant, je décide de faire un pari sur l'avenir, et affirmer que cette série dans son ensemble est une merveille. Christelle Dabos a magnifiquement bâti son histoire, en disséminant des indices sur le déroulement de l'intrigue dès le tome 1. En effet, les échos sont présents dès Les fiancés de l'hiver, lorsque le grand-oncle d'Ophélie écoute de la musique sur son gramophone et que le disque saute, puis dans le tome 2, lorsque Hector désire prendre des photos et ne parvient pas à en obtenir une de nette, et enfin dans le tome 3 lorsque les personnages écoutent la radio et que parfois les phrases se répètent !

Bref, la tempête se déchaîne également sous mon crâne, je pose ma plume, ou plutôt mon je lâche mon clavier, et je retourne à ma relecture du tome 1, 2 et 3 !

Que l'écharpe soit avec vous comme dirait Christelle Dabos !

Mes articles sur La Passe-Miroir :


Sur les tomes 1 et 2, cliquez ici
Sur le tome 3, cliquez ici
Mon article sur le TAG La Passe-Miroir inventé par Bulledop  ici

Ophélie et Thorn par Camille Rostan
 

lundi 12 août 2019

Sucre noir de Miguel Bonnefoy

Sucre noir


Miguel Bonnefoy

 

Sucre noir / Miguel Bonnefoy

 


Dans une partie perdue des Caraïbes est venu s’échouer le navire de Henry Morgan, un pirate ayant amassé une fortune colossale. Deux siècles plus tard, Severo, un jeune homme plein d’espoir et de rêves décide de partir à la recherche de ce fabuleux trésor. Mais ses projets vont être détournés par sa rencontre avec Serena, qui va lui apprendre que les plus beaux trésors ne sont pas forcément fait de pièces d’or. Alors qu’ils ont monté une florissante plantation de canne à sucre, leur fille adoptive Eva Fuego va elle aussi se mettre à rêver du trésor du capitaine Morgan ! Mais doté d’un tempérament plus fougueux et conquérant que ses parents, elle pourrait bien se laisser consumer par l’appât du gain…

Ce roman est une excellente surprise ! J’ai toujours aimé les histoires de pirates, et même si finalement ceux-ci sont très peu présents dans le récit, ils hantent toujours le livre à travers la quête des autres personnages.

Le ton de l’auteur m’a beaucoup plu, son style assez rythmé, presque poétique, fait penser à celui d’un conteur. Nous pouvons presque percevoir les bruits de la forêt profonde qui entoure la maison, le son des ouvriers dans les champs de canne à sucre. J’ai aussi apprécié suivre les différentes générations de personnages. Serena, qui apparaît d’abord pleine de vie et désireuse de suivre une autre voie que ses parents, rêvant d’amour et d’aventure, se range finalement dans une vie simple, aux côtés d’un homme pour qui elle a un attachement, mais pas vraiment d’amour.

Sa fille, Eva Fuego, m’a à la fois impressionnée, par sa capacité à bâtir un empire, et effrayée par sa cruauté, sa cupidité. Elle est aussi terrible que le forban Henry Morgan.

Les descriptions de l’auteur sont également très prenantes et nous permettent de nous représenter les décors du récit. J’ai particulièrement aimé la scène d’ouverture où il relate comment le bateau des flibustier s’est perché au sommet d’arbres.

Sucre noir ressemble à la description d’une malédiction qui s’abat sur la famille de cultivateurs. Si Severo semble parvenir à se soustraire à peu près à son envie de trésor, sa fille y succombe complètement. La fin, à la fois triste et grotesque, représente une véritable descente aux enfers, un châtiment. La soif d’or semble ronger la jeune femme, la demeure, et même la région.

Ce roman est très prenant et se lit d’une traite. Je le recommande à tous les aventuriers dans l’âme.

Sucre noir de Miguel Bonnefoy publié aux éditions Rivages.

lundi 5 août 2019

Les Brumes de Riverton de Kate Morton

Les brumes de Riverton


Kate Morton

 


Les brumes de Riverton / Kate Morton


A quatre-vingt-dix-neuf ans, Grace a eu le temps de vivre mille vies. Elle a été archéologue, professeure à l’université et a voyagé aux quatre coins du monde. Mais la période qui lui revient le plus clairement est l’époque où elle servait en tant que bonne au manoir de Riverton, en Angleterre, à l’aube du XXe siècle. Elle a notamment servi la jeune et fougeuse Hannah et sa jeune sœur Emeline. Mais être domestique permet aussi d’être au courant des secrets les mieux gardés. Grace sait par exemple la vérité au sujet du suicide d’un célèbre poète, Robbie, qui aurait été selon la rumeur le fiancé d’Emeline et l’amant d’Hannah. Hantée par les fantômes de son passé, la vieille femme est enfin prête à se confier…

Ce roman est une excellente lecture ! Une fois encore Kate Morton montre son talent à créer des intrigues bien ficelées et à dépeindre la haute société anglaise au début du XXe siècle. L’auteur parvient à rendre compte des vieilles traditions ancestrales, de l’ambiance qui pouvait régner depuis le salon jusqu’à l’office des domestiques. Elle nous fait également très bien percevoir les bouleversements qu’a subi ce monde bien ordonné, notamment avec les ravages de la Première Guerre mondiale, l’avènement des syndicats et l’explosion des conventions.

Les personnages de ce roman m’ont également beaucoup plu. J’ai adoré suivre Grace à la fois en vieille femme âgée qui relate son histoire et également en jeune domestique de quatorze ans. Ce double point de vue nous permet de savoir tous les détails de la vie des riches aristocrates qu’elle servait et d’avoir son point de vue critique et distancié des évènements. De plus, même si Kate Morton se concentre beaucoup sur le passé de Grace, elle ne néglige pas non plus son développement par la suite. Nous comprenons combien son service à Riverton a affecté toute sa vie future.

J’ai aussi beaucoup aimé suivre la relation qui s’établit entre Hannah et Grace. Même si elles ne sont absolument pas du même monde, elles parviennent à nouer une complicité. A travers les yeux de la jeune bonne, nous avons une image idéalisée d’Hannah, qui apparaît comme fougueuse et prête à briser les conventions. Mais il est intéressant de voir le développement qu’en fait l’auteure, en nous montrant comment elle est contrainte de se plier aux normes de son monde, en se mariant avec un homme qu’elle respecte mais n’aime pas. Ce choix de vie finalement rangée amènera son malheur. Kate Morton souligne à travers Hannah la sensation d’emprisonnement dont pouvaient souffrir les femmes de la haute société.

C’est finalement Emmeline qui se montre la plus libre des deux, en se lançant dans le cinéma, sans crainte de provoquer le scandale !

A la fin du roman, nous ressentons une tristesse vis à vis d’Hannah en pensant au destin dont elle rêvait et qu’elle n’a finalement pas eu.

Ce roman est un des plus célèbres de Kate Morton, que je recommande aux amateurs de la vie de la bonne société anglaise, des scandales et des enquêtes !

Les Brumes de Riverton de Kate Morton publié aux éditions Pocket.

Mon article sur un autre roman de Kate Morton, L'enfant du lac: ici

lundi 29 juillet 2019

Mille femmes blanches de Jim Fergus

Mille femmes blanches


Jim Fergus

 

Mille femmes blanches / Fergus

 


États-Unis, fin du XIXe siècle.

Afin de favoriser l’entente entre les Indiens et les hommes blancs, Little Wolf, le chef de la tribu cheyenne propose au président de lui échanger mille femmes blanches contre mille chevaux. Comme les enfants nés des unions entre les cheyennes et les femmes blanches seront élevés dans la famille de leur mère, le mélange pourra se faire entre les Indiens et les Blancs.

Alors qu’elle est internée à l’asile pour avoir vécu avec un homme de condition inférieur hors des liens du mariage, May Dodd a vent de ce projet fou. Désirant échapper à ce lieu terrible où elle est prisonnière, elle accepte avec une vingtaine de femmes, pionnières de l’aventure, de se lancer dans l’expédition. Elle va ainsi découvrir une culture, des coutumes et un mode de vie complètement différent du sien. Petit à petit, la jeune femme parvient à avoir une place importante dans la tribu, en se faisant même surnommer Mesoke, l’hirondelle.

Mais May va également assister à la fin de la civilisation indienne, minée par la boisson et l’avancée de l’homme blanc dans les terres, appâté par l’or et faisant fi des traités.

Ce roman est un coup de cœur ! Je n’ai absolument rien à redire à ma lecture, j’ai adoré cette expérience de bout en bout !
Le roman se présente sous la forme du journal intime de May, ce qui est déjà un bon point car nous pouvons percevoir toutes ses pensées, ses émotions, nous nous sentons au cœur de l’histoire. Le personnage de May Dodd est aussi extrêmement attachant. Elle est forte, déterminée, ouverte d’esprit et incroyablement moderne pour l’époque. Elle devient un modèle pour les autres femmes blanches et pour nous, nous donnant envie de nous battre pour notre place dans le monde.

May n’est pas le seul personnage attachant du roman. J’ai également apprécié découvrir les autres membres du groupe, notamment, Femi, une ancienne esclave bien déterminée à ne plus jamais se laisser asservir. Elle sera la première femme nommée guerrière dans la tribu. Femi est un personnage à part, du fait de sa couleur de peau, mais aussi de sa grande lucidité au sujet des réserves. Dès le début, contrairement à May et les autres, elle perçoit le côté emprisonnant de ce dispositif, et fait un parallèle avec l’esclavage. Les débats qu’elle a avec May Dodd sur le futur des indiens sont très intéressants, surtout lorsque nous connaissons la fin historique des évènements.

Hélène Flyt, une ornithologue, est aussi attachante que les deux autres. Sa passion pour les oiseaux lui permet à elle aussi d’avoir une place de choix dans la tribu cheyenne. Elle intègre véritablement les mœurs de son nouveau peuple. Gurthie, une jeune cochère déguisée en homme, m’a beaucoup plu, de par son fort caractère et sa franchise.

Le livre de Jim Fergus est principalement composé de personnages féminins. J’ai trouvé que l’auteur exploitait bien cet aspect du roman en évoquant plusieurs questionnements ou douleurs féminines. Tout d’abord, il évoque explicitement leur sexualité, notamment à travers May, qui est libérée et qui peut discuter de ces sujets avec des femmes moins expérimentées, notamment son amie Martha. Jim Fergus souligne aussi le fait que les femmes, quelques soient les tribus, sont la proie des hommes, de leur jugement, et de leur condamnation.

Ce roman comporte des scènes difficiles, notamment des scènes de viols. J’ai éprouvé un sentiment de colère, de révolte, d’impuissance et d’écœurement à la lecture de certains passages. L’auteur décrit avec une acuité terrible les ravages de la boisson sur les indiens. Ces scènes sont cependant ponctuelles et toujours justifiées.

J’ai aussi aimé voir la politique de la tribu cheyenne à travers un regard extérieur. Les femmes savent reconnaître les qualités de leur nouveau monde, comme la démocratie de la tribu, mais aussi ses défauts, tel que le manque d’unité entre les indiens.

La fin de ce livre m’a bouleversée et m’a laissée sans voix.

Je recommande ce roman à tous les amoureux de la civilisation indienne, de la conquête de l’Ouest et aussi des personnages féminins forts et attachants !

Mille femmes blanches de Jim Fergus publié aux éditions Pocket.

lundi 22 juillet 2019

Le Roi Magicien de Lev Grossman

Le Roi magicien


(Les Magiciens tome 2)

Lev Grossman





Pour lire mon article sur le tome 1, cliquez ici !

/!\ Cette article contient des révélations dérangeantes pour toute personne n’ayant pas lu le tome 1 et souhaitant commencer la lecture de la saga !

Quentin, Eliott et Jane sont à présents rois de Fillory. Mais comme toujours dans ce monde, rien ne se passe comme prévu, et Quentin ne voit pas venir la quête espérée, qui lui permettra de devenir un véritable héros. Une mission va finalement se présenter lorsque les jeunes gens se voient chargés de rassembler sept clés d’or susceptibles de sauver Fillory et le monde de la magie ! Alors que Quentin espère être au centre des évènements, il se retrouve projeté sur Terre et doit trouver son chemin pour regagner son royaume ! La quête du jeune homme ne semble pas seulement être celle de sauver Fillory mais également de découvrir quelle est pour lui la définition véritable du héros et son but dans l’existence. Aidé de son amie Julia, une « sorcière pourrie », il va parcourir le monde, en passant aussi bien par Brakebills que par Venise ou le pays du Ni !

Ce tome 2 m’a grandement satisfaite. Tout d’abord, nous retrouvons l’ambiance assez humoristique qu’instaure Lev Grossman en faisant prendre à son intrigue le contre-pied total des romans de fantasy habituels. En effet, Quentin semble toujours être empêché de se trouver au cœur de l’action. L’auteur nous surprend en permanence !

J’ai aussi apprécié retrouver certains personnages du tome 1 comme Eliott ou Josh. Mais ce que j’ai surtout adoré, c’est en apprendre plus sur Julia, la meilleure amie de Quentin avant son entrée à Brakebills, et délaissée dans le tome 1. Nous disposons d’informations sur ce qu’elle a accompli depuis son échec à l’examen d’entrée dans l’école de magie. C’est un personnage qui m’a grandement impressionné par sa détermination, sa persévérance, son refus de s’avouer vaincue devant l’échec, sa force. C’est une jeune femme blessée par la vie, mais qui parvient à se battre malgré tout. J’ai également beaucoup aimé que l’auteur nous renseigne plus sur l’origine de la magie.

Ce sont des romans que je recommande chaudement aux lassés de fantastiques et de fantasy, ils pourraient bien renouer avec le genre.

Le Roi Magicien de Lev Grossman publié aux éditions de l'Atalante.


J’ai également commencé à regarder la série télévisée diffusée sur Syfy. Celle-ci m’a également beaucoup plu, même si les réalisateurs ont effectués de nombreux changements par rapport aux livres. Je trouve cependant que ceux-ci sont réfléchis et indiquent qu’ils ont pensé à la structure de l’histoire et l’ont étudiée avec soin.

Quentin et Alice


En effet, dès la saison 1, nous suivons l’histoire de Julia et Quentin en parallèle, nous voyons leur évolution, le jeune homme chez les magiciens « officiels » de Brakebills, son amie dans les bas-fonds du monde fantastique, chez les sorcières. Cela me paraît logique et intelligent.


Julia dans la série



De plus, je trouve que les réalisateurs ont fait preuve d’audace et n’ont pas hésité à retranscrire les scènes « osées » des romans, où les adolescents boivent, fument, font l’amour. Ils n’ont pas lissés les personnages, ils les ont rendu avec leur failles, et n’hésitent pas à accentuer le côté parfois parodique de l’univers.

Je trouve qu’ils ont également rendu certains personnages plus intéressant, notamment Penny, qui est davantage développé que dans les romans. Nous en savons également plus sur certains évènements qui sont simplement effleurés, par exemple la tentative d’assassinat du Grand Roi de Fillory.

Penny


J’ai aussi apprécié le fait que Jane, qui s’appelle Margot dans la série, soit montrée comme régentant le royaume. Son côté autoritaire, et le fait qu’elle soit prête à tout pour aider Eliott m’a beaucoup plu.

Margot et Eliott


J’ai aussi aimé que l’homosexualité, le polyamour soient évoqués explicitement.

Je pense donc que ceux qui ont lu les romans pourront apprécier la série, malgré les modifications qu’elle apporte ! Je recommande cependant d’essayer de lire et de regarder les deux versions séparément pour ne pas se perdre dans l’histoire !

lundi 8 juillet 2019

Tropismes de Nathalie Sarraute

Tropismes

Nathalie Sarraute

 
Tropismes / Nathalie Sarraute

Avec ces vingt-quatre nouvelles, Nathalie Sarraute brise tous les codes du genre. Plus de personnages, de lieux définis. Plus de vraie action principale. Nous suivons différents êtres, jeunes, vieux, anonymes, parfois peut-être non humains à travers leur perception, leurs sensations. Ils semblent parfois tristes, malheureux, inquiets ou étouffés sous le poids du regard des autres, de la société.

Avec une acuité extrême, l'auteure souligne combien les normes et les codes peuvent emprisonner les individus, ce qui justifie sans doute aussi ses choix romanesques. En effet, Nathalie Sarraute appartient au courant littéraire du Nouveau Roman, qui rejette les codes préétablis de la littérature, notamment ceux des réalistes comme Balzac, qui bâtissent une histoire dotée de lieux précis, de personnages nommés, fouillés, étudiés, parfois à différents moments de leur vie.

Si ces nouvelles sont troublantes, elles ne sont pas désagréables pour autant. Le style de Sarraute est fluide, très beau, presque poétique parfois. Elle parvient avec un grand talent à décrire les plus petits détails d'une pièce, d'une atmosphère, à rendre par les mots nos moindres sensations.

Les nouvelles étant elles-mêmes courtes, à peine plus de deux pages, nous n'avons pas le temps de nous sentir perdus, agacés par le manque de structure des textes.

Le meilleur conseil que je pourrais fournir aux lecteurs curieux est de se lancer, d'essayer. Les textes de Tropismes sont impossibles à résumer, mais ils laisseront une impression durable en vous. Je finirai donc sur une définition de Nathalie Sarraute : "Les tropismes, ce sont des mouvements indéfinissables, qui glissent très rapidement aux limites de notre conscience; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est impossible de définir."

Tropismes de Nathalie Sarraute publié aux éditions de Minuit.

lundi 24 juin 2019

La rigole du diable de Sylvie Granotier

La rigole du diable

 

Sylvie Granotier


La rigole du diable /  Sylvie Granotier

Catherine, une jeune avocate prometteuse, est ravie. Elle vient enfin de décrocher un procès en assise, qui lui permettra sûrement de prendre du galon en temps que membre du barreau. Sa cliente, Miriam, une jeune gabonaise récemment arrivée en France suite à des circonstances tragiques, est accusée d’avoir assassiné son époux Gaston, afin de toucher son héritage. Pour Catherine, sa cliente est victime du racisme ordinaire et de la cupidité de la famille de Gaston, qui ne peut supporter que la jeune femme soit l’héritière de la fortune du défunt. Alors que l’avocate se rend dans la Creuse pour couvrir le procès, elle réalise que son propre passé, douloureux et tragique, pourrait bien la rattraper. En effet vingt-ans plus tôt sa mère est morte assassinée sauvagement. Et si Catherine se rapprochait sans le savoir de l’assassin ?

J’ai emprunté ce roman complètement par hasard, en voulant simplement savourer une enquête policière couplée d’un suspense haletant, pourtant je dois admettre que je suis plutôt déçue par ma lecture.

Le personnage de Catherine m’a tout d’abord posée problème. En effet je trouve qu’elle est l’archétype de l’héroïne de roman policier, c’est-à-dire belle, pourvue d’un passé tragique et douloureux, d’une carrière exigeante et d’une vie amoureuse et sexuelle débridée, bien que souffrant parfois d’un manque de vrai amour… J’ai trouvé que Catherine rentrait un peu trop dans les codes habituels. Malgré tout, je suis quand même parvenue à m’attacher à elle et à la suivre dans son aventure jusqu’au bout. C’est pourquoi je peux évoquer mon deuxième problème, l’intrigue, ou plutôt, son dénouement.

Durant tout le roman, l’auteure parvient à développer de façon équilibrée deux axes majeurs : le procès de Miriam et le passé de Catherine. Nous découvrons à tâtons avec le personnage divers éléments pouvant l’aider à reconstituer des traces de sa mère. Sylvie Granotier parvient à faire progressivement monter une tension à mesure que nous progressons vers le dénouement ! Elle nous donne même le point de vue de potentiels meurtriers ou personnages dangereux pour Catherine, ce qui nous plonge dans une angoisse semblable à celle qu’éprouve parfois l’héroïne. L’écrivaine parvient aussi à dresser le portrait de nombreux personnages secondaires.

Mais la fin de La rigole du diable m’a fait l’effet d’un pétard mouillé, d’un feu d’artifice trop vite éteint… Le point culminant tant attendu du récit est relaté beaucoup trop rapidement à mon goût. Pour commencer, avant d’en avoir une confirmation explicite, j’avais déjà deviné qui était le meurtrier. De plus, lorsque Catherine est confrontée à celui-ci, je trouve que la scène passe trop rapidement. Le sort du coupable est expédié en quelques lignes et nous n’avons pas vraiment de détails sur le cheminement parcouru par l'avocate pour en arriver à cette conclusion.

Le procès de Miriam n’a également pas le grandiose que nous pouvions espérer. Là encore, au lieu d’être théâtrale, détaillée, l’affaire est expédiée en à peine un chapitre. Il y a certes un petit retournement de situation mais cela ne change pas vraiment le cours des évènements, Catherine continue toujours de défendre sa cliente.
[Spoiler alert] Le lecteur peut aussi avoir l’impression de rester sur sa faim lorsque le roman se termine, puisque nous n’en savons pas plus sur les motivations de Miriam qui l’ont poussées à dissimuler des éléments importants à son avocate ou qui a mis le cyanure dans la nourriture de Gaston. Tout est beaucoup trop rapide !

Ce point négatif est vraiment très problématique pour moi puisque la fin dans un roman est déterminante. Ainsi, je ne peux même pas vraiment qualifier ce roman de bonne lecture, mais de lecture passable, qui m’a laissée insatisfaite.

La Rigole du diable de Sylvie Granoiter publié aux éditions Albin Michel.