La Servante Ecarlate
Margaret Atwood
Pour combler la chute vertigineuse de taux de fertilité, le
gouvernement a décidé de transformer toutes les femmes susceptibles d’avoir un
enfant en esclaves sexuelles. Louées par des familles riches qui désirent une descendance,
elles sont appelées les Servantes Ecarlates. Defred, un jeune femme d’une
trentaines d’années, a été enrôlée de force. Prisonnière de sa condition, elle
ne sait que faire, doit-elle se révolter ou se taire ?
Les Yeux, la police secrète, sont partout. Sans compter que
son ex-mari Luke et sa fille sont entre les mains du gouvernement. Recluse dans
la maison de la famille riche qui l’a louée, Defred nous relate son étrange
histoire.
Le roman de Margaret Atwood est une bonne surprise. Non pas
que le récit soit joyeux, au contraire, mais l’intrigue est bien ficelée et
très prenante. L’auteure décrit parfaitement l’univers totalitaire qu’elle a
crée, les différentes classes sociales, les us et coutumes ainsi que le monde
d’Avant, le temps où les femmes n’étaient pas réduites en esclavage. Malgré
cette foule de détail, nous comprenons assez vite les structures de ce nouveau
monde.
Le roman a un rythme plutôt lent, à l’image du combat
souterrain que doivent mener les personnages pour échapper à la police secrète.
Les détails du passé de Defred, de l’éventuelle résistance qui pourrait s’être
formée, nous sont donnés à mesure que la jeune femme y fait allusion ou découvre de nouveaux éléments.
Defred est également fascinante. C’est une personne tout à fait
ordinaire, qui hésite sur la conduite à tenir, par crainte, par fatigue. Elle
n’est pas présentée comme une héroïne, à la manière de Katniss Evedeen dans Hunger
Games. Au contraire, nous pourrions davantage la rapprocher de Winston, le
protagoniste principal de 1984 de George Orwell.
A certains moments du récit, elle peut sembler passive, mais
c’est à cause l’angoisse qu’elle
éprouve pour son ex-mari et sa fille. Defred
craint que ses actes ne se retournent contre eux. Sans compter qu’il est
difficile de savoir à qui se fier. Ce tiraillement constant donne un côté
humain et réaliste à la jeune femme.
Etant au cœur du système des Servantes Ecarlates, elle nous
offre également une vision précise des conditions de vie des ces esclaves.
La relation qu’elle entretient avec le Commandant, l’homme
qui dirige la maison où elle « travaille », est étrange, malsaine. Defred éprouve un mélange de pitié, de dégoût et de haine pour celui qui l’exploite, mais qui, dans le même
temps, semble chercher à nouer une relation humaine avec elle.
D’autres personnages plus combatifs tels que Deglen, une
autre Servante Ecarlate, ou Moira, une amie de Defred, tiennent des rôles
importants dans le récit. Courageuses et rebelles, elles inspirent notre
héroïne.
La Servante Ecarlate est un roman qui nous rappelle
que le combat pour la libération des femmes n’est jamais véritablement terminé,
et qu’il faut toujours se montrer vigilant.e.s pour préserver nos droits,
notamment dans les périodes difficiles.
La Servante Ecarlate de Margaret Atwood publié aux éditions J'ai lu.
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