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lundi 20 mai 2019

Dans un rayon de soleil de Tillie Walden

Dans un rayon de soleil


Tillie Walden

 

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden

 


Dans un monde parallèle presque exclusivement féminin, les êtres humains peuvent voyager entre les planètes. Mia, une jeune femme d’une vingtaine d’années, rejoint l’équipage d’Alma et de Char, deux femmes spécialisées dans la réparation des bâtiments anciens. Au sein du groupe, Mia forge des amitiés puissantes et solides notamment avec Julie, une ex-patineuse vive, pétillante et courageuse et Eliott un.e mécanicien.nne hors paire, d’une remarquable intelligence et d’une loyauté sans égal. Mais Mia n’a pas pour seul objectif de restaurer des objets anciens. Au cœur du cosmos, elle est hantée par le souvenir de son amour de jeunesse, Grace, qu’elle a rencontrée alors qu’elle était en pensionnat. La jeune fille a mystérieusement disparue de sa vie, et Mia tient absolument à la retrouver pour pouvoir enfin cesser d’être hantée par son ombre…

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden


Cette bande-dessinée est un coup de cœur ! J’ai eu envie de la lire grâce à la merveilleuse chronique de Mlle Cordélia et je n’ai vraiment pas été déçue de ma lecture !

C’est une bande-dessinée originale, entre la science-fiction et le récit d’aventure. Je trouve que l’auteure parvient à planter un univers riche, sans pour autant nous perdre dans des détails ou des explications complexes. C’est un monde à la fois très mécanique, avec de nombreux vaisseaux, outils de navigations, mais aussi assez féerique et poétique, (l’engin dans lequel se déplacent Mia et ses amis ressemblent à un poisson géant).

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden

Tillie Walden dépeint des personnages attachants, que l’on aime suivre tout au long de cette aventures. Chacun a ses qualités et ses défauts. Mia, notre héroïne, peut-être parfois insolente, têtue et irréfléchie, pourtant elle est aussi très sociable, généreuse, elle accepte les autres, malgré leurs différences. J’ai également apprécié le personnage d’Alma, qui sous ses airs bourrus et autoritaire cache une profonde affection sincère pour ses coéquipiers. J’ai aussi été charmée par le/a mystérieux.se Eliott. Iel est non-binaire, c’est-à-dire qu’iel ne se définit ni comme une fille, ni comme un garçon. Ce personnage n’est cependant pas défini uniquement par cette identité de genre, c’est aussi un protagoniste au passé mystérieux et douloureux que l’on apprend à découvrir au fil du récit.

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden


C’est encore un autre point qui me fait adorer cette bande-dessiné, Tillie Walden parvient à intégrer à son odyssée spatiale déjà riche le passé des personnages principaux, sans que cela nuise au rythme du récit. Cela nous permet donc d’avoir une histoire palpitante, sans pour autant avoir des protagonistes au caractère superficiel.

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden

L’histoire d’amour entre Mia et Grace m’a également beaucoup touchée, j’ai trouvé cette petite romance très douce, avec en même temps un côté assez dramatique puisque les deux jeunes filles se retrouvent séparées. Je trouve également que l’auteure traite cette relation avec réalisme, sans en faire quelque chose de trop omniprésent ou de trop niais. En effet, la fin de cette histoire n’est pas malheureuse mais ce n’est pas non plus le happy end classique des comédies romantiques qui peuvent parfois paraître trop parfaites et irréalistes à mon cœur dur de lectrice aigrie.

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden


Mais le gros point fort de cette BD est les dessins. Nous en avons pour notre argent, l’œuvre de Tillie Walden est énorme, et toutes les planches sont en couleur, ce qui nous offre des cases magnifiques sur chaque page ! L’auteure sait magnifiquement bien jouer avec les couleurs. En effet, lorsque Mia se remémore ses souvenirs de pensionnat, les couleurs sont dans des tons plutôt froids, bleus, noirs et violets foncés, alors que lorsque nous suivons le déroulement actuel des évènements, les couleurs sont plutôt chaudes, dans les tons rouges orangés. Tillie Walden met également beaucoup de détails et soigne les expressions de ses protagonistes.

Dans un rayon de soleil / Tillie Walden


C’est donc une bande-dessiné que je recommande à cent pour cent pour tous les amoureux de science-fiction, d’histoires d’amour, de quête et d’aventures !

Dans un rayon de soleil de Tillie Walden publié chez Gallimard.

La vidéo de Mlle Cordélia:


lundi 13 mai 2019

Les magiciens de Lev Grossman

Les magiciens


Lev Grossman


Les magiciens / Lev Grossman


Quentin Coldwater est un jeune homme ordinaire vivant dans une petite banlieue triste des États-Unis. Sa passion ? Une série fantasy, Les Chroniques de Fillory, qu’il a dévoré étant enfant, et qu’il continue toujours de relire avec beaucoup de plaisir. Mais lorsque par hasard il passe un examen pour entrer dans une école de sorcellerie et y est admis, il pense vivre un rêve. Cependant, la réalité se révèle moins palpitante que ce qu’il avait imaginé, et le jeune homme ne parvient pas à guérir du mal être qui le ronge. Car les jeunes étudiants ne sont pas dans un roman, et il n’y a pas de créatures magiques à tuer sur Terre, pas de vieux sorciers leur distribuant une quête ou leur contant une prophétie. Mais peut-être n’existe-t-il pas qu'un seul monde ? Peut-être que Quentin et ses amis ont encore beaucoup de choses à découvrir…

J’ai adoré ce roman. Je l’avais acheté suite à une vidéo de Lemon June, puis laissé reposer dans ma bibliothèque durant de longs mois. C’est finalement récemment que je l’ai ressorti, et j’ai vraiment été charmée par cette histoire. La plus grande force de ce livre est qu’il joue avec les codes du récit fantasy classique.

Tout d’abord le personnage principal, Quentin, est à mes yeux un antihéros. Il est fondamentalement malheureux, rongé par le mal être, il semble toujours attendre une autre vie, un autre destin, même quand il est dans son école de magie. Il peut être aussi parfois égoïste et autodestructeur. Cependant, d’une certaine façon, nous nous attachons à lui car c’est à travers ses yeux que nous découvrons le monde de la magie. De plus, ses imperfections le rendent plus accessible, moins parfait que d’autres protagonistes de roman, plus humain et donc plus proche de nous.

J’ai aussi beaucoup aimé le petit groupe qui gravite autour de Quentin, notamment Alice, une jeune femme d’une intelligence prodigieuse et d’un courage hors du commun. Elle est plus proche du l’héroïne typique des romans fantasy, avec son côté timide et son talent, mais Lev Grossman dresse un portrait réaliste de la jeune femme, et n’en fait pas un personnage cliché. J’ai beaucoup aimé assister à ses performances magiques grandioses.

Eliott, un autre camarade de Quentin, est aussi attachant. C’est le premier élève que le jeune homme rencontre et comme lui, il souffre d’un profond mal être, qu’il tente de soigner via l’alcool et les fêtes. Plus le roman avance, plus il semble s’approcher du gouffre. Cependant la fin de cette histoire nous montre un Eliott plus épanoui et nous donne bon espoir pour l’avenir de ce protagoniste. Je l’ai trouvé très touchant.

Ce qui m’a étonnement beaucoup surprise et plu, c’est la non-idéalisation de la magie. Les cours n’ont pas véritablement un côté idyllique. Certes l’auteur nous offre parfois des descriptions grandiose, mais l’apprentissage de la magie apparaît surtout comme difficile et fastidieux. Les étudiants doivent retenir des quantités astronomiques de formules en un temps record et mémoriser des centaines de mouvements. L’auteur aime planter un décor classique, une école de magie, mais nous surprend avec ce qu’il se passe entre les murs.

J’ai aussi adoré le fait que les personnages n’aient pas forcément d’ennemis à abattre, de prophétie à suivre ou de quête à réaliser une fois leurs études achevées. Cela donne un aspect plus réalise à cette magie et à la vie d’adulte des héros. Cela ménage aussi plus de suspens pour la suite de l’histoire.

Ce tome 1 est donc une excellente surprise, j’ai apprécié le côté plus mature de l’histoire, sa forme de réalisme et les personnages ! Je recommande donc chaudement cette série à ceux qui apprécient les romans fantasy et fantastiques en général mais qui se sentent peut-être trop vieux pour succomber de nouveau à la magie de chroniques telles que Narnia.

Une série (que je n’ai pas vue) est également produite par Syfy et comporte actuellement 4 saisons. Une cinquième saison semble prévue pour 2020.



Les magiciens de Lev Grossman publié aux éditions l'Atalante.

La vidéo de Lemon June:


lundi 6 mai 2019

La vraie vie d'Adeline Dieudonné

La vraie vie


Adeline Dieudonné

 

La vraie vie / Adeline Dieudonné

 


Dans la maison des parents de notre héroïne, il y a une pièce particulière : la chambre des cadavres. C’est là que son père, un chasseur professionnel, expose ses trophées. Parmi eux, une hyène. Si l’animal semble inoffensif, il va peu à peu prendre le contrôle de son petit frère et envahir sa tête, tel un esprit maléfique, réduisant le petit garçon à un être uniquement habité par la haine et par la violence. Mais la jeune fille refuse de rester passive face à cela, et se prend de passion pour les sciences afin de remonter le temps et changer l’évènement dramatique qui a livré Gilles à la hyène. Mais plus elle grandit, plus elle se rend compte qu’elle devient une cible, une proie pour son père et pour son âme de chasseur.

J’ai adoré ce roman, dont j’avais entendu parler sur la chaîne d’Audrey-le Souffle des mots. Cette histoire m’a proprement bouleversée. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le résumé, ce roman n’est pas fantastique, même si l’héroïne ressent véritablement la présence de la hyène. Cet animal est en réalité la personnification de la mort et de la violence. Je préfère également ne pas vous révéler quel est l’évènement tragique qui a fait basculer Gilles, afin de ne pas gâcher le suspense mis en place par l’auteur.

Ce que j’ai préféré dans cette histoire, c’est son personnage principal, bien que nous ne connaissions pas son nom. Nous la suivons depuis ses dix ans jusqu’à ses 15 ans, et j’ai aimé la voir grandir, évoluer, prendre en maturité et en force. Elle fait preuve d’un courage incroyable et d’une détermination sans faille pour sauver son petit frère. Elle ne renonce jamais, malgré la situation difficile qu’elle doit affronter, la violence de son père et la passivité de sa mère. C’est aussi une jeune fille d’une intelligence rare, qui démontre un don pour les sciences dès son plus jeune âge. J’ai apprécié la voir évoluer auprès d’un vieux professeur de son quartier, et le fait de la voir se référer à Marie Curie comme un modèle.

Ce que j’ai trouvé également très impressionnant, c’est la façon dont Adeline Dieudonné parvient à décrire la violence de l’univers dans lequel ses personnages évoluent. Elle sait parfaitement instaurer une tension au sein de son histoire, à travers la hyène tout d’abord, mais aussi via les descriptions du père de l’héroïne, ses gros plans sur ses mâchoires qui se contractent et sa voix qui devient douce alors qu’il s’apprête à frapper. Elle créée un contraste saisissant entre cet homme féroce et sa femme, qu’elle qualifie d’amibe, fragile et passive, dont nous percevons cependant un semblant de vie au fur et à mesure que sa fille se rapproche d’elle.

L’auteure décrit aussi à la perfection le terrible changement chez Gilles au cours des cinq années que couvrent le roman. Ces passages sont parfois très durs mais nécessaires pour comprendre la gravité de la situation et nous pousser à nous révolter contre ces parents qui ne remplissent pas leur rôle en ne tentant rien pour aider leur fils, en laissant ce poids sur les épaules de sa sœur.

Si le monde clos de la banlieue résidentielle où vivent les personnages est violent, Adeline Dieudonné nous fait sentir que ce lotissement est fait une réplique en miniature de la société. Cela est permis grâce à la femme du vieux professeur, qui a été sauvagement agressée dans sa jeunesse pour avoir protégé des femmes battues, alors que le couple vivait encore à Tel Aviv. Cela peut expliquer le titre du roman. La vraie vie, c’est celle que les personnages vivent à cet instant, avec toute cette violence contre les femmes.

La fin du roman est à la fois terrible et pleine d’espoir. Nous sentons que même si les protagonistes n’auront pas la vie facile, il y a peut-être une chance pour qu'elle soit meilleure que celle de leurs parents.

La vraie vie d'Adeline Dieudonné publié aux éditions Iconoclaste.

La vidéo d'Audrey: