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lundi 6 mai 2019

La vraie vie d'Adeline Dieudonné

La vraie vie


Adeline Dieudonné

 

La vraie vie / Adeline Dieudonné

 


Dans la maison des parents de notre héroïne, il y a une pièce particulière : la chambre des cadavres. C’est là que son père, un chasseur professionnel, expose ses trophées. Parmi eux, une hyène. Si l’animal semble inoffensif, il va peu à peu prendre le contrôle de son petit frère et envahir sa tête, tel un esprit maléfique, réduisant le petit garçon à un être uniquement habité par la haine et par la violence. Mais la jeune fille refuse de rester passive face à cela, et se prend de passion pour les sciences afin de remonter le temps et changer l’évènement dramatique qui a livré Gilles à la hyène. Mais plus elle grandit, plus elle se rend compte qu’elle devient une cible, une proie pour son père et pour son âme de chasseur.

J’ai adoré ce roman, dont j’avais entendu parler sur la chaîne d’Audrey-le Souffle des mots. Cette histoire m’a proprement bouleversée. Contrairement à ce que pourrait laisser penser le résumé, ce roman n’est pas fantastique, même si l’héroïne ressent véritablement la présence de la hyène. Cet animal est en réalité la personnification de la mort et de la violence. Je préfère également ne pas vous révéler quel est l’évènement tragique qui a fait basculer Gilles, afin de ne pas gâcher le suspense mis en place par l’auteur.

Ce que j’ai préféré dans cette histoire, c’est son personnage principal, bien que nous ne connaissions pas son nom. Nous la suivons depuis ses dix ans jusqu’à ses 15 ans, et j’ai aimé la voir grandir, évoluer, prendre en maturité et en force. Elle fait preuve d’un courage incroyable et d’une détermination sans faille pour sauver son petit frère. Elle ne renonce jamais, malgré la situation difficile qu’elle doit affronter, la violence de son père et la passivité de sa mère. C’est aussi une jeune fille d’une intelligence rare, qui démontre un don pour les sciences dès son plus jeune âge. J’ai apprécié la voir évoluer auprès d’un vieux professeur de son quartier, et le fait de la voir se référer à Marie Curie comme un modèle.

Ce que j’ai trouvé également très impressionnant, c’est la façon dont Adeline Dieudonné parvient à décrire la violence de l’univers dans lequel ses personnages évoluent. Elle sait parfaitement instaurer une tension au sein de son histoire, à travers la hyène tout d’abord, mais aussi via les descriptions du père de l’héroïne, ses gros plans sur ses mâchoires qui se contractent et sa voix qui devient douce alors qu’il s’apprête à frapper. Elle créée un contraste saisissant entre cet homme féroce et sa femme, qu’elle qualifie d’amibe, fragile et passive, dont nous percevons cependant un semblant de vie au fur et à mesure que sa fille se rapproche d’elle.

L’auteure décrit aussi à la perfection le terrible changement chez Gilles au cours des cinq années que couvrent le roman. Ces passages sont parfois très durs mais nécessaires pour comprendre la gravité de la situation et nous pousser à nous révolter contre ces parents qui ne remplissent pas leur rôle en ne tentant rien pour aider leur fils, en laissant ce poids sur les épaules de sa sœur.

Si le monde clos de la banlieue résidentielle où vivent les personnages est violent, Adeline Dieudonné nous fait sentir que ce lotissement est fait une réplique en miniature de la société. Cela est permis grâce à la femme du vieux professeur, qui a été sauvagement agressée dans sa jeunesse pour avoir protégé des femmes battues, alors que le couple vivait encore à Tel Aviv. Cela peut expliquer le titre du roman. La vraie vie, c’est celle que les personnages vivent à cet instant, avec toute cette violence contre les femmes.

La fin du roman est à la fois terrible et pleine d’espoir. Nous sentons que même si les protagonistes n’auront pas la vie facile, il y a peut-être une chance pour qu'elle soit meilleure que celle de leurs parents.

La vraie vie d'Adeline Dieudonné publié aux éditions Iconoclaste.

La vidéo d'Audrey:



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