L’été circulaire
Marion Brunet
Jo et
Céline, deux sœurs de 15 et 16 ans vivent dans une petite ville de
province du Sud de la France. Écrasées par le soleil, la chaleur et
l’ennui, elles s’apprêtent à vivre un été semblable à tous
ceux qui ont précédés, en partageant leur temps entre la fête
foraine du village et les baignades clandestines dans les piscines de
villas inoccupées. Mais tout bascule lorsque l’on s’aperçoit
que Céline est enceinte. Devant son refus de dire qui est le père
de l’enfant à naître et l’impossibilité d’avorter, une
tension va peu à peu gagner la famille et les amis des deux
adolescentes. La jeune femme va s’attirer le mépris de sa mère et
la colère de son père, un alcoolique irascible et violent,
soupçonnant tous les hommes qui s’approchent de Céline et capable
de commettre l’irréparable…
Ce
roman constitue un véritable choc, une immense découverte. J’avais
entendu parler de cette œuvre puisque Marion Brunet a remporté le
Grand Prix de littérature policière en 2018, mais je n’avais pas
prévu de le lire. Le premier chapitre m’a cependant fait changer
d’avis. Le début violent de l’histoire, où Céline reçoit une
gifle de son père, nous fait plonger dans le récit et nous pousse à
continuer notre lecture.
« Ce
soir, Céline, c’est pas une main au cul qu’elle se prend, c’est
une main dans la gueule. »
Marion Brunet retranscrit parfaitement l’ambiance lourde du récit
via les descriptions du paysages. Ces maisons décrépites et toutes
semblables traduisent l’enfermement des personnages qui ne semblent
pas pouvoir changer de vie, échapper à leur quotidien.
La famille de Céline et Jo est particulièrement détestable. Nous
avons l’impression qu’il existe une sorte de malédiction qui
conduit l’histoire à se répéter sur plusieurs génération, en
effet la mère de Céline avait également eut sa fille très jeune
de façon accidentelle. Nous sentons également toute la rancœur
accumulée par père des jeunes filles contre sa situation sociale,
son manque d’argent. C’est un homme fermé sur lui-même, raciste
et plein de violence. C’est un personnage qui apporte une grande
tension au récit.
Céline et Jo quant à elles sont très intéressantes car ce ne sont
pas des héroïnes idéales. En effet l’auteure n’essaye pas de
nous les rendre sympathiques mais de les dépeindre de façon
réaliste. Même si les deux sœurs s’aiment, et que Jo soutient
Céline, cela ne l’empêche pas de montrer par moments dure avec
elle. Jo est une jeune fille particulièrement insaisissable,
sauvage, presque dangereuse. Pourtant cette détermination, cette
force, et ce goût pour le théâtre qu’elle découvre tout au long
du roman nous fait penser que, de tous ceux qui l’entourent, c’est
peut-être la seule qui parviendra à s’échapper de cette vie
misérable.
Jo n’est pas forcément sympathique de prime abord, mais nous
apprenons à l’aimer et à l’apprécier au fil des pages.
Marion Brunet décrit aussi à la perfection les ravages que le
racisme et l’ignorance peuvent faire, combien nous pouvons tout
mélanger lorsque nous sommes mal informés et ainsi créer des
tensions terribles, qui amènent à des éclats de violence. Sa
plume, incisive, avec des termes crus et vulgaires, nous plonge une
fois encore dans l’atmosphère du village et ne nous épargne aucun
détail. Cela rend ce roman encore plus percutant et marquant.
Je vous recommande donc chaudement la lecture de L’été
circulaire qui vous hantera pour longtemps !
L'été circulaire de Marion Brunet publié aux éditions Albin Michel.
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