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mardi 28 juillet 2020

Le réveil des sorcières de Stéphanie Janicot

Le réveil des sorcières


Stéphanie Janicot


Le réveil des sorcières / Stéphanie Janicot


Diane LeGoffe exerce un métier peu commun : elle officie en tant que guérisseuse dans une région reculée de Bretagne. Mais un matin, alors qu'elle se rend au chevet d'un patient, sa voiture dérape sur une plaque de verglas, la tuant sur le coup. Une de ses amies de Paris, écrivaine et journaliste, se rend alors en Bretagne pour soutenir ses deux filles, désormais orphelines. Mais la cadette est formelle : la mort de Diane n'est pas un accident, c'est un meurtre. En effet, sa mère n'était pas seulement dénommée guérisseuse, on chuchotait également qu'elle était une sorcière. Et si le décès de Diane avait été provoqué par un mauvais sort ?

Ce roman est un coup de cœur, une excellente surprise ! Le thème de la sorcière m'a toujours beaucoup intéressée et fascinée, mais je n'avais jamais encore lu de roman comme celui-ci. En effet, nous ne sommes pas dans une œuvre fantastique, où la magie est synonyme de boules de feu et d'éclairs aveuglants. Ici nous sommes face à une pratique plus proche de la nature, plus spirituelle. L'autrice explore les différentes significations des mots "sorcière" et "guérisseuse", en retraçant notamment l'histoire de la sorcellerie en Bretagne. Elle évoque notamment le mythe de Merlin l'Enchanteur. Elle joue très bien sur la frontière ténue qu'il existe entre les phénomènes paranormaux et les phénomènes dits "magiques" qui ne se réalisent que parce que l'on y croit avec fermeté.

La narratrice, écrivaine parisienne, est tiraillée entre une éducation très rationaliste et une attirance pour les forces occultes et la sorcellerie. En menant son enquête sur la mort de sa meilleure amie, elle interroge différents personnages sur leur vision de la magie, offrant au lecteur une palette de perceptions différentes. A travers ce personnage, l'autrice nous invite également à nous pencher sur le métier d'écrivain. La narratrice éprouve une culpabilité car tout ce qu'elle écrit dans ses romans, notamment les choses les plus tragiques, semblent se réaliser. Or peu de temps avant la mort de Diane, elle rédige un passage comportant un accident de voiture. Cela nous fait nous poser la question du pouvoir démiurge de l'écrivain et du pouvoir des mots.

Le roman aborde également avec beaucoup de finesse la question du deuil et de la filiation. La résolution du mystère de la mort de Diane n'est finalement peut-être pas le plus important dans le livre, ce qui est très prenant est surtout le cheminement du deuil effectué par les deux orphelines.

Les chapitres courts et la plume fluides nous font dévorer ce roman.

Je recommande donc cette histoire de sorcières aux amoureux de la Bretagne, des légendes et de l'écriture. Ceux qui préfèrent les pures enquêtes peuvent risquer de s'ennuyer, cependant je leur conseille malgré tout de tenter l'aventure. Le mystère comporte une véritable résolution et ils pourraient avoir une belle surprise !

Le réveil des sorcières de Stéphanie Janicot publié aux éditions Albin Michel.

lundi 13 juillet 2020

Binti de Nnedi Okorafor


 Binti

 

Nnedi Okorafor


Binti / Nnedi Okorafor https://www.instagram.com/p/CClGQDpqmRW/




Contre l'avis de son peuple, Binti se rend à l'Université d'Ookama, l'un des établissements les plus prestigieux de la galaxie. Harmonisatrice et virtuose des mathématiques, elle espère y perfectionner son art.

Mais en chemin le vaisseau dans lequel elle voyage est attaqué par le peuple des Méduses, une race réputée pour être belliqueuse et sans merci.
Cet événement va changer Binti à tout jamais.

Ce roman de science-fiction est très original. L'auteur met en place un univers étonnant, où des créatures hybrides se mêlent aux hommes. Les vaisseaux dans lesquels voyagent les étudiants sont des poissons géants, et les villes sont réparties entre différents domaines (la ville des mathématiques, la ville des armes).

Il décrit également très précisément les traditions de chaque peuple. Des décors anciens et familiers tel que le désert se mêlent à des décors ultramodernes et technologiquement supérieurs à nous.

La jeune fille utilise les mathématiques pour méditer ou produire des champs de force qui la mettent en harmonie avec le monde qui l'entoure, ce qui est très original.

La force de ce roman est aussi la façon dont il aborde la question du traumatisme. Tout au long du roman, Binti tente de surmonter ce qui lui est arrivé. Ce n'est pas tant un roman d'action comme on pourrait s'y attendre (même s'il n'en est pas dépourvu) mais un roman d'introspection, et de recherche de son identité.

En voyageant, Binti remet en question les traditions de son peuple et tout ce qu'elle croit connaître. Elle apprend à se découvrir.

Ce premier tome nous ouvre donc les portes d'un univers orignal, avec une héroïne attachante et ouverte d'esprit. Il peut plaire aussi bien aux amoureux des chiffres qu'aux littéraires convaincus. Je recommande cependant d'être un lecteur aguerri en science-fiction pour se lancer. Le dépaysement risque sinon d'être un peu rude !


Binti de Nnedi Okorafor publié aux éditions Naos. 

lundi 6 juillet 2020

Et le désert disparaîtra de Marie Pavlenko

Et le désert disparaîtra


Marie Pavlenko

 


Et le désert disparaîtra / Marie Pavlenko



Dans un futur qui pourrait être le nôtre, les arbres ont presque totalement disparu de la surface du globe et la Terre est devenue un immense désert. Samaa qui vit dans une petite tribu de survivants au sein de cette étendue de sable doit utiliser quotidiennement des bouteilles d’oxygène et boire de l’eau gélifiée.

Elle ne rêve que d’une chose, devenir chasseuse d’arbres, comme ces humains qui parcourent les plaines désertiques à la recherches des derniers grands végétaux, qui se dissimulent dans des crevasses. En coupant le bois qu’ils revendent dans les dernières grandes villes, ils peuvent gagner suffisamment d’argent pour acheter des boîtes de conserves ou du tissu synthétique. Mais ce métier n’est accessible qu’aux hommes.

Un jour Samaa désobéit à la règle et suit le groupe de chasseur. Alors qu’elle est perdue dans le désert, elle fait une rencontre qui change le cours de sa vie.

Ce très court roman, qui tient presque lieu de fable, m’a véritablement transportée ! J’ai déjà lu des romans de Marie Pavlenko, notamment Je suis ton soleil (que j’ai beaucoup aimé). Le style employé par l’auteur est ici très différent. La plume suit le rythme des pas de la jeune fille, l’écoulement lent du temps dans le désert. Le ton est presque musical et les mots sont choisis avec soin.

En peu de pages, Marie Pavlenko parvient à rendre crédible et clair l’univers dystopique qu’elle met en place. Nous comprenons les modes de vie de ces derniers hommes, et aussi tout ce qui leur manque, notamment des connaissances sur le fonctionnement des arbres et de la biodiversité. Ces végétaux, qu’ils considèrent presque comme des ennemis, de simples marchandises, seraient en vérité leurs meilleurs alliés.

L’autrice décrit également très bien comment Samaa prend petit à petit conscience de la valeur d’un arbre, et du pouvoir régénérateur de celui-ci. Même si ce roman est très court, il est très intense, prenant, et délivre de façon très claire une revendication écologique. Une fois le livre refermé, nous ressentons un mélange de tristesse et d’espoir.

Cette très courte nouvelle, portée par une héroïne audacieuse, peut plaire à la fois aux amateurs de dystopie, mais également aux amoureux de films comme Princesse Mononoké, Mon Voisin Totoro ou Nausicaa de la Vallée du Vent, qui véhiculent ces mêmes messages écologiques.

Et le désert disparaîtra de Marie Pavlenko publié aux éditions Flammarion.