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lundi 12 août 2019

Sucre noir de Miguel Bonnefoy

Sucre noir


Miguel Bonnefoy

 

Sucre noir / Miguel Bonnefoy

 


Dans une partie perdue des Caraïbes est venu s’échouer le navire de Henry Morgan, un pirate ayant amassé une fortune colossale. Deux siècles plus tard, Severo, un jeune homme plein d’espoir et de rêves décide de partir à la recherche de ce fabuleux trésor. Mais ses projets vont être détournés par sa rencontre avec Serena, qui va lui apprendre que les plus beaux trésors ne sont pas forcément fait de pièces d’or. Alors qu’ils ont monté une florissante plantation de canne à sucre, leur fille adoptive Eva Fuego va elle aussi se mettre à rêver du trésor du capitaine Morgan ! Mais doté d’un tempérament plus fougueux et conquérant que ses parents, elle pourrait bien se laisser consumer par l’appât du gain…

Ce roman est une excellente surprise ! J’ai toujours aimé les histoires de pirates, et même si finalement ceux-ci sont très peu présents dans le récit, ils hantent toujours le livre à travers la quête des autres personnages.

Le ton de l’auteur m’a beaucoup plu, son style assez rythmé, presque poétique, fait penser à celui d’un conteur. Nous pouvons presque percevoir les bruits de la forêt profonde qui entoure la maison, le son des ouvriers dans les champs de canne à sucre. J’ai aussi apprécié suivre les différentes générations de personnages. Serena, qui apparaît d’abord pleine de vie et désireuse de suivre une autre voie que ses parents, rêvant d’amour et d’aventure, se range finalement dans une vie simple, aux côtés d’un homme pour qui elle a un attachement, mais pas vraiment d’amour.

Sa fille, Eva Fuego, m’a à la fois impressionnée, par sa capacité à bâtir un empire, et effrayée par sa cruauté, sa cupidité. Elle est aussi terrible que le forban Henry Morgan.

Les descriptions de l’auteur sont également très prenantes et nous permettent de nous représenter les décors du récit. J’ai particulièrement aimé la scène d’ouverture où il relate comment le bateau des flibustier s’est perché au sommet d’arbres.

Sucre noir ressemble à la description d’une malédiction qui s’abat sur la famille de cultivateurs. Si Severo semble parvenir à se soustraire à peu près à son envie de trésor, sa fille y succombe complètement. La fin, à la fois triste et grotesque, représente une véritable descente aux enfers, un châtiment. La soif d’or semble ronger la jeune femme, la demeure, et même la région.

Ce roman est très prenant et se lit d’une traite. Je le recommande à tous les aventuriers dans l’âme.

Sucre noir de Miguel Bonnefoy publié aux éditions Rivages.

lundi 5 août 2019

Les Brumes de Riverton de Kate Morton

Les brumes de Riverton


Kate Morton

 


Les brumes de Riverton / Kate Morton


A quatre-vingt-dix-neuf ans, Grace a eu le temps de vivre mille vies. Elle a été archéologue, professeure à l’université et a voyagé aux quatre coins du monde. Mais la période qui lui revient le plus clairement est l’époque où elle servait en tant que bonne au manoir de Riverton, en Angleterre, à l’aube du XXe siècle. Elle a notamment servi la jeune et fougeuse Hannah et sa jeune sœur Emeline. Mais être domestique permet aussi d’être au courant des secrets les mieux gardés. Grace sait par exemple la vérité au sujet du suicide d’un célèbre poète, Robbie, qui aurait été selon la rumeur le fiancé d’Emeline et l’amant d’Hannah. Hantée par les fantômes de son passé, la vieille femme est enfin prête à se confier…

Ce roman est une excellente lecture ! Une fois encore Kate Morton montre son talent à créer des intrigues bien ficelées et à dépeindre la haute société anglaise au début du XXe siècle. L’auteur parvient à rendre compte des vieilles traditions ancestrales, de l’ambiance qui pouvait régner depuis le salon jusqu’à l’office des domestiques. Elle nous fait également très bien percevoir les bouleversements qu’a subi ce monde bien ordonné, notamment avec les ravages de la Première Guerre mondiale, l’avènement des syndicats et l’explosion des conventions.

Les personnages de ce roman m’ont également beaucoup plu. J’ai adoré suivre Grace à la fois en vieille femme âgée qui relate son histoire et également en jeune domestique de quatorze ans. Ce double point de vue nous permet de savoir tous les détails de la vie des riches aristocrates qu’elle servait et d’avoir son point de vue critique et distancié des évènements. De plus, même si Kate Morton se concentre beaucoup sur le passé de Grace, elle ne néglige pas non plus son développement par la suite. Nous comprenons combien son service à Riverton a affecté toute sa vie future.

J’ai aussi beaucoup aimé suivre la relation qui s’établit entre Hannah et Grace. Même si elles ne sont absolument pas du même monde, elles parviennent à nouer une complicité. A travers les yeux de la jeune bonne, nous avons une image idéalisée d’Hannah, qui apparaît comme fougueuse et prête à briser les conventions. Mais il est intéressant de voir le développement qu’en fait l’auteure, en nous montrant comment elle est contrainte de se plier aux normes de son monde, en se mariant avec un homme qu’elle respecte mais n’aime pas. Ce choix de vie finalement rangée amènera son malheur. Kate Morton souligne à travers Hannah la sensation d’emprisonnement dont pouvaient souffrir les femmes de la haute société.

C’est finalement Emmeline qui se montre la plus libre des deux, en se lançant dans le cinéma, sans crainte de provoquer le scandale !

A la fin du roman, nous ressentons une tristesse vis à vis d’Hannah en pensant au destin dont elle rêvait et qu’elle n’a finalement pas eu.

Ce roman est un des plus célèbres de Kate Morton, que je recommande aux amateurs de la vie de la bonne société anglaise, des scandales et des enquêtes !

Les Brumes de Riverton de Kate Morton publié aux éditions Pocket.

Mon article sur un autre roman de Kate Morton, L'enfant du lac: ici