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jeudi 27 décembre 2018

Le Renard et la Couronne de Yann Fastier

Le Renard et la Couronne


Yann Fastier

 

Le Renard et la Couronne / Fastier

 


Bonjour à tous et joyeuses fêtes ! Comme vous avez pu le remarquer, les chroniques ont été moins régulières en cette fin d’année 2018. La raison est très simple : je suis entrée en prépa littéraire au mois de septembre. Ainsi, si je lis toujours beaucoup j’ai cependant moins de temps (et parfois moins l’envie) d'écrire. Mais aujourd’hui je suis décidée à me rattraper en vous partageant une belle découverte et même un joli coup de cœur : Le Renard et la Couronne de Yann Fastier.

J’ai découvert ce roman sur la chaîne de la booktubeuse Mlle Cordélia. J’avoue qu’au début j’avais quelques réticences puisque ce roman est plutôt classé dans la catégorie adolescent voire jeunesse, et que je craignais de ne plus avoir l'âge adapté pour lire cette histoire.

Heureusement j’ai sauté le pas et je n’ai pas été déçue, bien au contraire, je crois que ce livre sera un coup de cœur de mon année 2018 !

Nous suivons le destin d’une jeune fille nommée Ana qui à l’âge de dix ans perd tragiquement sa grand-mère et se retrouve seule et sans ressources. Elle est alors recueillie par une bande d’enfants des rues contrôlés par la belle et mystérieuse Dunja. Avec eux Ana apprend la solidarité, l’entraide, la dure vie des sans-abris, le vol et le danger. Son destin va alors basculer lorsqu’elle est adoptée par un vieux savant nommé M. Rolland. Avec lui Ana va découvrir le pays de ses rêves, la France, ainsi que la douceur d’une vie de famille. Mais alors qu’elle s’apprête à se marier, son ancienne vie ressurgit en la personne de Dunja qui bouleverse son destin !

Ce qui m’a tout d’abord plu dans ce roman et qui frappe dès les premières pages, c’est le style de l’auteur : Yann Fastier parvient à adopter un vocabulaire riche tout en conservant une plume fluide et agréable. J’en ai été ravie d’autant que ce livre est écrit à la première personne et que je trouve qu’il y a parfois une tendance à avoir un style un peu trop relâché dans les ouvrages destinés à un public adolescent. Le début de l’histoire m’a véritablement fait penser à un conte, tandis que la suite s’oriente davantage vers un récit d’aventure. J’ai adoré ce mélange !

Les personnages m’ont également conquise. Ana est une héroïne que j’ai aimé suivre, voir évoluer. Elle est à la fois courageuse mais sans être téméraire, craintive mais sans être lâche. Ce n’est pas un cliché d’héroïne sage et gauche, je trouve que l’auteur parvient à développer différentes facettes de sa personnalité. Lorsqu’elle est en compagnie de la bande des enfants des rues, elle est capable de prendre des risques pour se faire accepter. Lorsqu’elle est au sein de sa famille adoptive, elle a un petit côté rat de bibliothèque qui n’est pas pour me déplaire.

J’ai aussi été conquise par le personnage de Dunja. C’est vrai que de prime abord on pourrait avoir l’impression de se retrouver face au cliché typique de la mystérieuse belle jeune femme aventurière. Une fois encore Yann Fastier parvient à créer une véritable aura autour d'elle et nous fait succomber au charme de Dunja. J’ai apprécié son esprit stratège, son intelligence.

L’intrigue est aussi bien menée, j’ai aimé la façon dont l’écrivain nous fait voyager à travers l’Europe. J’ai eu quelques craintes concernant la révélation sur le passé d’Ana, j’ai eu peur que Yann Fastier ne transforme son récit en un simple conte de fée, mais au contraire il profite de l’occasion pour nous dresser un portrait assez réaliste du monde de la politique.

Enfin, ce roman dépeint une histoire d’amour entre deux femmes, ce qui n’est pas pour me déplaire ! L’auteur parvient à mettre cela en place en douceur, sans tomber dans le cliché. Je ne vous en dis pas plus, le mieux est que vous le découvriez par vous-même en lisant ce roman !

J’espère vous avoir donné envie de lire ce roman ! Bonnes fêtes et à l’année prochaine !;-)

Le Renard et la Couronne de Yann Fastier publié aux éditions Talents Hauts.

La vidéo de Mlle Cordélia: (6:35)








mercredi 31 octobre 2018

Top 10 des livres à dévorer pour Halloween

Top 10 de livres à dévorer pour Halloween


Apostasie de Vincent Tassy.



J’ai lu ce roman au début de l’année, pourtant j’ai toujours le souvenir de son atmosphère sombre, mystérieuse et envoûtante. Dans Apostasie nous suivons l’histoire d’un jeune homme solitaire qui va se retirer dans forêt, à l’écart du monde. Mais cet endroit est plus mystérieux qu’il n’y paraît, et un soir il va croiser la route d’un étrange vampire. Ce-dernier va lui conter la légende de la princesse Apostasie et de sa famille. Notre héros se sent alors fasciné par cette histoire et est prêt à tout pour résoudre ce mystère.
Ce roman n’est pas forcément effrayant au sens premier du terme, pourtant ses personnages peuvent parfois nous donner des frissons, notamment par leur noirceur, leurs démons et leurs traits de caractères. L’ambiance nous rappelle l’atmosphère inquiétante de la fête d'Halloween. Enfin la couverture nous plonge véritablement dans l’ambiance du moment !
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter mon article ici !



 

 

Frankenstein de Mary Shelley


Ce classique n’est plus à présenter, nous connaissons tous l’histoire de la créature du Docteur Frankenstein, qui, après avoir été abandonnée par son maître, erre dans la société des hommes et se voit rejetée par tous ceux qui l’entourent. Pourtant nous connaissons moins la vie de l’auteure, Mary Shelley. A l’occasion de la sortie du film de Haifaa Al Mansour avec Elle Fanning dans le rôle de l’écrivaine, j’ai envie de me replonger dans ce classique que dont je n’ai lu qu’une version abrégée. Sous son aspect fantastique et horrifique, ce livre révèle aussi la profonde solitude et le sentiment d’abandon ressentis par Mary Shelley. De plus, comme il s’agit d’un classique qui a inspiré une série de réécritures et de films, je pense qu’il est toujours intéressant de connaître l’histoire d’origine !










Dracula de Bram Stocker


Un autre grand classique qui a inspiré tout une génération d’écrivains est bien entendu Dracula de Bram Stocker ! Idéal pour cette période avec son atmosphère mystérieuse et bien entendu le fameux Comte Dracula, symbole même du vampire. Cette histoire riche et passionnante m’avait transportée il y a quelques mois. Même si aucun passage ne m’a véritablement terrifiée, l’ambiance n’en reste pas moins inquiétante, surtout qu’ici le vampire n’est ni charmant, ni attirant, mais bien repoussant et sanguinaire ! Pour en savoir plus, n’hésitez pas à découvrir mon article ici !















L’étrange bibliothèque de Murakami


Pour les amoureux de la lecture, la bibliothèque représente généralement une endroit sûr et agréable. Mais chez Murakami, elle peut devenir un véritable traquenard où un lecteur non averti n’est pas certain de ressortir vivant ! Plus que l’histoire en elle-même, les illustrations qui accompagnent la nouvelle m’ont parfois fait frissonner. N’hésitez pas à consulter mon article ici.




Le songe d’une nuit d’octobre

Et si nos personnages préférés existaient bel et bien et qu’ils se livraient en secret à un Jeu au cours du mois d’octobre ? Jack l’Eventreur, Sherlock Holmes ou bien le Comte Dracula s’affrontent dans un compétition où le but est de recueillir le maximum d’ingrédients afin d’aider ou d’empêcher les Anciens, des créatures monstrueuses, de déferler sur notre monde ! A travers l'animal de compagnie de Jack, un chien extraordinairement intelligent, nous allons suivre le compte à rebours jusqu’au 31 octobre ! Et vous, saurez-vous choisir votre camp ?
Ce roman m’avait beaucoup intriguée, à la fois par les personnages qu’il mettait en scène que par son intrigue. Même si j’ai passé un assez bon moment de lectures, j’ai toutefois quelques réserves dont je me dois de faire part ici. Tout d’abord je pense que pour apprécier les références de ce livre aux autres univers littéraires, il faut les connaître avec précision. Or parfois je pense avoir manqué certains détails. Cependant, mon reproche principal à ce roman est que le déroulement de l’histoire m’a paru assez flou. L’auteur n’explique pas clairement les règles de son Jeu, nous le découvrons au fil du récit. Or, comme les personnages sont assez nombreux, je me sentais parfois perdue et je ne comprenais pas tout ce qui se déroulait. La fin m’a également semblée assez rapide, et n’était pas vraiment à la hauteur de tout le suspens mis en place par l’auteur. Malgré cela, ce roman pourra certainement plaire aux fans des jeux de rôles ou ceux qui apprécient Sherlock Holmes, Dracula ou Jack l’Eventreur.


Nuisible


Si les autres romans ne m’ont pas vraiment fait peur, Nuisible en revanche m’a fait frissonner. Nous y suivons une étrange jeune fille qui est capable de contrôler les abeilles. Elle se prépare à décimer la population en lâchant ses insectes sur nous. Si l’histoire dans ses grandes lignes m’est restée en mémoire comme étant bien pensée et bien construite, ce sont surtout les dessins qui m’ont marqués. Ils sont absolument répugnants et terrifiants ! Pour en savoir davantage, cliquez ici !




















Sorcières ! Julie Proust Tanguy


https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/51ti9y52-eL._SX258_BO1,204,203,200_.jpgA cette période d'Halloween, les sorcières sont plus présentes que jamais. Mais savons-nous vraiment d'où viennent ces légendes? A travers son livre illustré, Julie Proust-Tanguy retrace l'histoire de ces femmes de l'Antiquité jusqu'à nos jours. Le format du livre est très agréable à lire et très complet. Les photos et illustrations rendent la lecture d'autant plus agréable.










 

 

 

 

Espérer le soleil de Nelly Chadour


Ce roman va sans doute entrer dans mon Top 10 des romans que j'ai préféré en 2018! En effet, même si je l'ai lu en janvier, je m'en souviens encore. Cette histoire qui se déroule dans une sorte d'univers parallèle où durant la Seconde Guerre mondiale l'URSS a fait exploser une bombe nucléaire sur l'Europe, qui regorge de créatures fantastiques. L'un des personnages principaux, Vassilissa, est d'ailleurs un vampire, ce qui fait que je peux me permettre de classer ce roman dans cette liste. Pour en savoir plus, cliquez ici !














Trouble vérité d'E. Lockhart


Là encore, ce roman n'est pas horrifique, mais il y a malgré tout une atmosphère inquiétante. Jules, l'héroïne, passe ses journées dans un magnifique hôtel luxueux. Pourtant elle semble en cavale. Qu'a-t-elle donc fait pour être pourchassée par les forces de l'ordre? L'auteur va nous raconter son histoire mais de la fin jusqu'au début. Nous revoyons donc le déroulement des évènements à l'envers, ce qui donne froid dans le dos lorsque l'on en apprend plus sur la personnalité de Jules. Pour en savoir davantage cliquez ici.
















L’atelier des sorcières (manga)


Pour ceux qui ne se sentent pas le courage de se lancer dans Nuisibles, je vous propose une plongée dans un manga tout en douceur et humour. Coco, une jeune fille ordinaire, rêve de devenir sorcière. Mais dans son monde, la magie ne se transmet que de façon héréditaire. Alors qu'un sorcier débarque dans son village, elle va le voir pratiquer la magie et décider de l'imiter. Malheureusement son sortilège va pétrifier sa mère. Pour espérer réparer son erreur, elle va devenir l'apprentie de ce sorcier. Mais un mystère semble planer autour de Coco, en effet, comment peut-elle pratiquer la magie?

Ce manga est une bonne surprise. Même si l'histoire paraît simple de prime abord, elle est plutôt bien construite. Les dessins sont très beaux et détaillés, l'auteur trace avec soin les expressions des visages sur chaque plan.

Un manga à découvrir!

lundi 22 octobre 2018

Le Père Goriot de Honoré de Balzac

Le Père Goriot

Honoré de Balzac



Le Père Goriot / Balzac

Eugène de Rastignac, un étudiant en droit fraîchement débarqué à Paris est bien décidé à intégrer les hauts cercles de la bourgeoisie parisienne et à mener une vie mondaine. Mais sa famille est désargentée et par faute de moyens il s’établit à la pension Vauquier, une minable demeure. Là-bas il croise la route de plusieurs personnages dont un homme que l’on surnomme le Père Goriot. Cet ancien artisan désargenté n’a qu’un seul but dans la vie, contenter ses deux filles qui sont parvenues à se hisser dans les hautes sphères de la ville. Cette passion le conduit jusqu’à vivre dans un dénuement total et déraisonnable. Eugène rencontre aussi le cynique et mystérieux Vautrin qui le met face à l’impitoyable réalité de la bourgeoisie parisienne : il faut se corrompre pour réussir. Rastignac est donc à la croisée des chemins et lui seul peut déterminer si celui qu'il choisit est le bon.

Je n’avais encore jamais lu de romans de Balzac et je craignais d'être ennuyée par les longues descriptions, de me perdre dans les personnages et de ne pas accrocher au récit. Or ce classique m’a véritablement transportée. Les descriptions sont certes présentes mais la plume de l’auteur est fluide et rapide, l’histoire se déroule à une vitesse folle, nous ne voyons pas le temps passer.

Les protagonistes sont aussi passionnants, complexes, avec une personnalité travaillée, forte et définie. J’ai aimé observer le caractère déterminé et ambitieux d’Eugène, ses doutes, ses craintes. Je pensais que je n’apprécierai pas le personnage car Rastignac utilise les femmes pour se hisser dans l’échelle sociale. En réalité l’intrigue est plus complexe et les femmes ne sont pas les victimes du garçon, au contraire, elles savent parfaitement cerner la société dans laquelle elles vivent.

La cousine d’Eugène, Madame Beauséant, qui est une riche aristocrate, préfère par exemple se retirer de la société plutôt que de subir la honte de voir son amant épouser une jeune femme. C’est également elle qui va montrer à Rastignac l’hypocrisie du monde dans lequel elle vit. Elle va être une sorte de moteur pour lui.

Les filles du père Goriot vont aussi être courtisées par Eugène. Si la plus âgée, Anastasie, va rapidement se détourner de lui, Delphine s'attache au jeune homme et devient son amante. Elles se montrent sans pitié envers leur père qu’elles ignorent la plupart du temps car il est pauvre, mais elles n’hésitent pas à lui réclamer de l’argent pour entretenir leurs amants ou pour des vêtements. Elles nous apparaissent cruelles et sans cœur. J'ai rarement vu dans la littérature des filles aussi dénuée de compassion.

Vautrin est aussi un être détestable et fascinant. Il est à la fois joviale et cynique. Il semble être un démon perché sur l’épaule de Rastignac,  qui le pousse à commettre des actes abominables. Balzac parvient à faire planer une aura mystérieuse autour du personnage jusqu’à la fin du récit.

Mais ce qui m’a le plus marqué ce sont les différents discours des protagonistes. A travers les dialogues, ils font un terrible portrait de la société parisienne. Les monologues du père Goriot sur ses filles sont poignants, bouleversants et terribles. Nous sentons toute la folie et l’amour démesuré du vieil homme.

Ainsi je vous recommande chaudement la lecture du Père Goriot pour ceux qui désirent commencer à lire des œuvres de Balzac. Le roman est dense mais pas très long (chez GF Flammarion il fait 313 pages sans les notes) et le héros jeune et dynamique est bon moteur du récit.

Le Père Goriot de Honoré de Balzac publié aux éditions GF Flammarion.

lundi 17 septembre 2018

La Bienfaitrice d'Elizabeth von Arnim

La Bienfaitrice

 

Elizabeth von Arnim



La Bienfaitrice / Elizabeth von Arnim

Anna, une jeune femme de 25 ans davantage intéressée par la philosophie que par le fait de se trouver un mari, ne supporte plus de vivre aux crochets de Suzie, sa belle-sœur. La chance tourne miraculeusement en sa faveur lorsqu’un vieil oncle lui lègue une demeure en Allemagne. La jeune fille s'installe alors là-bas et décide d’aider à son tour les jeunes filles sans le sou. Elle va alors envoyer des annonces pour accueillir douze personnes sans ressources. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…

Ce roman est une agréable lecture, même si j’ai eu quelques soucis avec la fin. Tout d’abord je tiens à préciser que je n’avais jamais entendu parler de cette auteure alors qu’elle a apparemment eu beaucoup de succès de son vivant.

Je trouve ce succès totalement justifié, notamment par l’atmosphère du récit. Le ton qu’emploi l’écrivaine n’est pas sans rappeler celui de Jane Austen dans Orgueil et Préjugés. Elle se moque de ses personnages, aussi bien des élues d’Anna que de son héroïne elle-même. Elle fait également preuve de beaucoup d’humour, j’ai ris à de nombreux passages !

Celle qui m’a tout d’abord beaucoup amusée est Suzie, la belle-sœur de notre héroïne. C’est une femme sans distinction, mais prétentieuse, qui se pense au-dessus des autres et qui ne fait rien par véritable charité mais simplement pour être remerciée et pour en tirer une gloire personnelle. Son mauvais caractère a donné lieu à des moments très drôles, notamment lorsqu’elle découvre avec horreur les mœurs allemandes qu’elle juge barbare !

Letty, la fille de Suzie, est également amusante et touchante par son innocence, sa naïveté qui peut parfois conférer à la bêtise. Elle entraîne de nombreux rebondissements dans l’histoire. Sa professeure, Miss Leech, est presque pire que son élève. L’auteure se moque gentiment d’elle en contant qu’elle rêve encore au prince charmant en la personne d’un homme qu’elle n’a jamais pu épouser.

Elizabeth von Arnim relate aussi magnifiquement bien les querelles, les ragots et la pingreries des gens du village où s’installe Anna. Elle explique combien une simple petite erreur d’étiquette peut offenser mortellement des individus et les faire devenir des ennemis impitoyables.

Mais ce que j’ai préféré dans le roman c’est la façon dont l’auteur réduit petit à petit à néant le rêve d’Anna. Les élues de la jeune femme sont en effet loin d’être sympathiques et la bienfaitrice elle-même a dû mal à rester toujours aussi dévouée à leur égard.

L’autre point que j’ai aussi bien aimé est qu’Anna, contrairement à d’autres héroïnes, n’est pas une personne qui tombe amoureuse du premier venu.

A ce stade de mon article je recommande à ceux qui n’ont pas lu le roman de ne pas lire ce passage pour éviter de leur gâcher leur lecture.

Or Axel Lohm, un voisin de la jeune femme, décide de l’aider dans la gestion de son domaine. Ils deviennent amis et nous nous doutons qu’Axel est amoureux d’Anna bien que celle-ci ne ressente que de l’amitié pour lui. Lorsque Axel lui fait sa déclaration, (qui d’après moi tombe un peu comme un cheveu sur la soupe), Anna le repousse en lui affirmant qu’elle n’est pas amoureuse de lui.

Cela m’a paru logique et changeait agréablement des retournements de situation habituels. Mais, à ma grande déception, l’auteure a mis en place un rebondissement faisant en sorte qu’Axel se retrouve en prison pour une faute qu’il n’a pas commise. Faisant tout pour le libérer, Anna se rend compte brusquement qu’elle est amoureuse de lui et décide de l’épouser.

J’ai trouvé ces passages très rapides et je n’ai pas compris pourquoi l’auteure a tenu à faire tomber son héroïne amoureuse. Je trouve que cela gâche un peu la fin du récit. J’ai aussi dû mal à savoir qu’elle morale l’auteur désire faire passer. Au départ j’avais l’impression qu’elle sous-entendait qu’une femme n’avait pas forcément besoin d’un mari dans sa vie, et même si elle mettait en garde contre les idéaux via le personnage d’Anna, je trouvais qu’elle avait un esprit très novateur. Au vue de la fin, j’ai l’impression qu’Elizabeth von Arnim s’est rangée dans la morale de son époque, ce qui peut se comprendre, le roman ayant été publié en 1901, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver une pointe de déception.

Ceux qui n’ont pas lu le livre peuvent à présent reprendre leur lecture

Malgré ce petit point noir je recommande fortement La Bienfaitrice à tous les amateurs de Jane Austen, de Charlotte Brontë pour son humour et son originalité!

 La Bienfaitrice d'Elizabeth von Arnim publié aux éditions Archipoche.

lundi 10 septembre 2018

Le Faiseur de rêves de Laini Taylor

Le Faiseur de rêves


Laini Taylor

 

Le Faiseur de rêves de Laini Taylor

 

Lazlo Lestrange, un jeune homme orphelin, est fasciné par la mystérieuse citée nommée Désolation. Cette ville pourvue de mille richesses et savoirs s’est coupée du monde il y a deux siècles. Personne ne sait si les habitants sont morts ou s’ils se sont volontairement coupés du monde. Alors que Lazlo parvient à devenir bibliothécaire dans le plus grand institut de la ville, des guerriers originaires de la Cité Mystérieuse débarquent dans la ville. Ils sont à la recherche d’érudits susceptibles d’aider leur ville. Même s’il ignore le problème que rencontre Désolation, Lazlo est déterminé à participer à l’aventure. Il va alors changer son destin à tout jamais…

Ce roman est un véritable coup de cœur ! Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire et je l’ai emprunté un peu par hasard à la bibliothèque sur les conseils d’une amie. J’ai été charmée par ma lecture.

Le personnage principal tout d’abord, est très attachant. Lazlo est un être calme, doux et désintéressé mais il fait aussi preuve d’une volonté hors du commun pour accomplir son rêve. Il va évoluer tout au long du roman et devenir plus fort et plus sûr de lui. J’ai adoré le suivre dans ses aventures.

Pour qu’un héros soit attachant, il faut aussi qu’il est un ennemi que l’on aime détester. C’est le cas ici avec Thyon Néro, un alchimiste que Lazlo s’est mis à dos. Alors qu’il l’a aidé à réaliser de l’or, l’arrogant personnage use de son pouvoir pour s’approprier les documents de Lazlo sur Désolation et ainsi de se faire bien voir par les guerriers de la citée. Cependant, il a un côté attachant de par sa fragilité, la pression qui pèse sur ses épaules, (son père et la reine le presse de faire des découvertes extraordinaires). Ses interactions avec Lazlo donnent aussi lieu à des dialogues comiques qui m’ont fait beaucoup rire.

Je ne peux m’étendre davantage sur les autres personnages pour ne pas vous gâcher la surprise, mais je les ai beaucoup apprécié également. Nous suivons notamment une jeune fille nommée Sarai qui a le pouvoir de s’introduire dans les rêves des gens. Son pouvoir est présenté de façon très originale. J’ai aussi été fascinée et écœurée par Minya, une fillette cruelle qui peut contrôler les fantômes. Je ne peux vous en dire plus sur ces protagonistes, mais je vous enjoins fortement à les découvrir.

J’ai aussi adoré la façon dont l’auteure a conçu son univers. Il est exactement tel qu’on l’attend d’un roman fantasy : riche, complexe, bien décrit et bien imaginé. Le style de Laini Taylor est aussi très bon. Elle a un ton qui rappelle à la fois celui des contes et des romans d’aventure. Il est assez soutenu sans être barbant ou difficile à lire.

Bref ce roman est une excellente surprise, je suis ravie de l’avoir découvert. Le seul défaut est que ce n’est qu’un tome 1 et j’ai vraiment hâte de connaître la suite ! La suite est déjà paru en anglais, The Muse of Nightmare, mais je ne sais pas quand elle sortira en français. Je suivrai cependant attentivement l’évolution de la série.

Le Faiseur de rêves de Laini Taylor publié aux éditions Lumen.

lundi 3 septembre 2018

Nous les filles de nulle part d'Amy Reed

Nous les filles de nulle part


Amy Reed

 

Nous les filles de nulle part / Amy Reed

 


Dans la chambre de sa nouvelle maison, Grace voit des mots laissés par une fille visiblement en grande souffrance. En se renseignant auprès de ses camarades, elle apprend que la précédente occupante de sa chambre, Lucy, a accusé un jeune homme de l’avoir violé et que l’on ne l’a pas cru. Elle a été harcelée et mise à l’écart avant d’être obligée de déménager. En apprenant cela, Grace se sent révoltée. Avec ses deux seules nouvelles amies, Rosita et Erin, elles décident de fonder le collectif des filles de nulles part afin de dénoncer les violences faites aux jeunes filles dans les lycées. Mais leurs actions vont les mener plus loin qu’elles ne le pensaient. Toutes les trois vont se découvrir une force qu’elles n’avaient pas soupçonné.

J’avais entendu beaucoup de bien sur ce roman notamment via la booktubeuseCordélia. Je n’ai pas été déçue de ma lecture !

J’ai tout d’abord adoré les trois personnages principaux : Erin, Grace et Rosita. Le point fort de ces protagonistes est qu’elles sortent des critères que l’on a l’habitude de voir.

Grace est grosse, mais le roman n’est pas focalisé sur son poids. C’est évoqué, l’héroïne se sent parfois mal à l’aise dans son corps mais elle n’est pas systématiquement moquée par rapport à cela. Elle est également présentée comme jolie et désirable. Grace fait aussi preuve d’une force de caractère et d’une volonté sans égale. C’est elle qui initie le projet et qui encourage les autres à se joindre à elle. Elle les encourage aussi lorsqu’elles flanchent ou doutent. Grace gagne peu à peu confiance en elle et prend parfois la direction des opérations. Amy Reed nous livre une belle évolution de personnage.

Erin quant à elle est atteinte du syndrome d’Asperger. Elle a dû mal à s’adapter au monde des adultes, du lycée. Elle doit se battre pour s’adapter. Erin parvient cependant à vaincre ses réticences pour prendre part au combat. A la fin du roman, elle aussi a beaucoup évoluée. Ce personnage atypique permet aussi d'en apprendre davantage sur le syndrome d'Asperger, bien que, tout comme Grace, elle ne soit pas uniquement définie par sa différence.

Enfin, j'ai aussi eu de l'affection pour Rosita. La jeune femme subit des pressions de la part de sa famille qui désire qu'elle s'investisse dans leur restaurant. Elle cache aussi le fait qu'elle aime les filles. Son ironie et son mauvais caractère la rendent assez drôle. Elle peut aussi montrer une certaine fragilité, notamment dans ses moments de doute. Cela la rend très humaine.

Je ne serais pas dire laquelle des trois j'ai préféré, mais elles m'ont fait passé un excellent moment.

L'autre gros point fort du livre est le féminisme qui s'en dégage. Nous avons des réflexions très intéressantes sur la place des femmes dans la société, la place du désir de la femme, de son rôle dans les relations sexuelles. L'auteure évoque aussi l'horreur du viol. Certains passages sont durs et dépeignent un portrait particulièrement noir du lycée. L'équipe scolaire semble être incapable de protéger les jeunes filles.

Outre les autres personnages principaux, les autres élèves du collectif Les Filles de Nulle Part sont également évoquées. Elles ont parfois des idées très différentes les unes des autres et il est intéressant de les écouter débattre.

Je vous recommande donc chaudement ce roman pour son discours féministe et novateur et ses personnages attachants !

Nous les filles de nulle part d'Amy Reed publié aux éditions Albin Michel.

La vidéo de Cordélia :



lundi 27 août 2018

Les Outrepasseurs tome 4 : Ferenusia de Cindy Van Wilder

Les Outrepasseurs


Tome 4 : Ferenusia

 

 Cindy Van Wilder


Les Outrepasseurs tome 4 / Cindy Van Wilder

Les aventures des Outrepasseurs ne sont pas terminées. Après l’effondrement de leur empire, les anciens magiciens doivent trouver leur place dans le monde des hommes. Mais leurs crimes ne seront pas oubliés pour autant. En effet les ferreux, des êtres qu’ils ont exploités pendant des années afin d’obtenir leur magie, sont bien décidés à faire entendre leur voix. Dans le même temps, Peter essaye en vain d’oublier Arnaud, qui s’est enfermé volontairement dans les souterrains de Maupertuis. Pourtant lorsque l’on annonce un éboulement de terrain à cet endroit, le jeune homme va se précipiter pour porter secours à son ami. Et si les deux jeunes gens pouvaient encore se retrouver ?

J’avais lu les trois tomes des Outrepasseurs il y a deux ans et ils avaient été un véritable coup de cœur ! La fin du tome 3 me paraissait suffisante en elle-même, et l’auteur explique aussi dans les remerciements qu’au départ elle n’avait pas prévu de continuer les aventures de Peter et Arnaud. Finalement elle l’a fait et je n’ai pas été déçu par ma lecture, au contraire, ce tome-ci conclut très bien la série à mon sens !

J’avoue qu’au départ j’ai eu des difficultés à me souvenir de tous les détails mais cela ne m’a pas trop gêné dans ma lecture, notamment parce que ce tome-ci tourne beaucoup autour des ferreux, des êtres ressemblants en tout point aux humains mais qui ont des dons extraordinaires pour exploiter la magie, notamment dans le domaine des arts et de la mécanique. L’auteur nous rappelle brièvement qui ils sont, ce qui est très utile pour la lecture. Elle va aussi nous donner des détails sur leurs origines, et expliquer comment ils vont s’adapter dans le monde des hommes.

Cindy Van Wilder n’oublie pas les derniers membres de la tribut des Outrepasseurs. Nous avons un portrait à la fois effrayant et en même temps impressionnant d’Albane, l’ancienne Maîtresse Ours. Elle est prête à tout pour sauver l’empire bâtit par Noble, quitte à sacrifier son fils. Je ne l’apprécie pas beaucoup mais dans le même temps j’ai été impressionnée par son tempérament.

Enfin j’ai adoré la façon dont l’auteur développe la relation entre Peter et Arnaud. C’est ce que j’avais espéré après la lecture du tome 3, mais je ne vous en dit pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise.

J’ai donc eu un coup de cœur pour ce quatrième tome, je trouve qu’il conclut bien cette série. Je vous la conseille dans son ensemble, pour son histoire riche et originale et ses personnages attachants. Vous pouvez trouver ma chronique sur les précédents tomes ici.

Les Outrepasseurs de Cindy Van Wilder publié aux éditions Gulf Stream.

lundi 20 août 2018

Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier

Le Grand Meaulnes


Alain Fournier

 


Le grand Meaulnes / Alain Fournier

François, un adolescent de quinze ans, mène une vie plutôt solitaire et reste à l’écart de ses camarades, à cause d’une douleur au genoux qui le fait souffrir. Sa vie va basculer lorsqu’un soir arrive Augustin Meaulnes, un grand gaillard de dix-sept ans. Derrière cet être taciturne se cache un adolescent au grand cœur et il va se lier d’amitié avec François. Les deux garçons vont devenir inséparables. François est fasciné par son camarade, il admire sa bravoure, sa force et sa soif d’aventure. Un jour Augustin va s’égarer en route et se retrouver dans une étrange fête où les enfants sont traités comme des rois. Se mêlant aux festivités, il va alors rencontrer Yvonne de Galais, une magnifique jeune fille dont il tombera amoureux.

Une fois la fête finie, il est obligé de plier bagage mais il n’aura de cesse de retrouver Yvonne de Galais et sa demeure qu’il nomme le domaine perdu. François, d’abord déterminé à l’aider dans cette tâche, perd peu à peu espoir. Et si cette aventure n’allait pas coûter au grand Meaulnes son bonheur ?

J’avais déjà entendu parlé du Grand Meaulnes à l’école et via une vidéo de la booktubeuse Lemon June. Ayant eut à le lire pour l’année prochaine, je n’étais pas effrayée par la taille de l’ouvrage, qui est relativement court, mais par l’atmosphère qui s’en dégageait. En effet je croyais me souvenir que l’histoire se déroulait à la campagne dans un petit village où il ne se passait pas grand-chose et je craignais de m’ennuyer au cours de ma lecture. Heureusement, j’ai été plutôt satisfaite.

Certes le roman d’Alain Fournier est empreint de nostalgie, d’une certaine mélancolie. L’auteur semble se souvenir avec regret de son adolescence puisque lui aussi est tombé amoureux d’une certaine Yvonne, qui s’est malheureusement mariée avec un autre.

Ce que j’ai apprécié dans l’histoire du Grand Meaulnes ce sont les différentes atmosphères du récit. En effet au début du roman, nous ressentons tout l’ennui et la solitude de François. Puis lorsque Meaulnes arrive au village, il agit comme un stimulant et permet au garçon d’être heureux. Enfin, quand Augustin se perd et débarque en plein milieu d’une fête mystérieuse, Alain Fournier met en place une ambiance fantastique.

En effet, comme le jeune homme ne sait pas où il est arrivé, le lieu paraît hors du temps. De plus, l’auteur passe beaucoup de temps à évoquer les lampions qui éclairent la scène d’une lueur verdâtre, ce qui rend le lieu assez magique. Ensuite, les enfants semblent être les rois de la fête, ce qui peut nous rappeler une ambiance de conte de fées ou des œuvres telles que Peter Pan. Enfin, la magnifique jeune fille dont Augustin tombe amoureux fait figure de princesse.

Cette atmosphère fantastique constitue donc pour moi un agréable contraste avec le reste du récit. En effet je dois avouer que certains passages avant qu’Augustin ne trouve le domaine m’ont paru un peu longs.

Mais après cette scène clé, le rythme s’accélère. J’ai aimé voir combien le garçon faisait tout pour retrouver celle qu’il aime, c’était assez romanesque. L’auteur parvient aussi à ménager du suspens vers la fin de son récit. Jusqu’à la dernière page on ne peut être sûr du dénouement de l’aventure.

Cependant, je suis assez d’accord avec Lemon June lorsqu’elle affirme qu’il faut être davantage dans l’âge adulte pour apprécier à sa juste valeur Le Grand Meaulnes. La nostalgie de l’écrivain est assez pesante et étant moi-même dans l’adolescence, j’ai parfois eu envie de me dégager de cette tristesse qui suinte du récit.

Malgré cela, je vous recommande de lire Le Grand Meaulnes. C’est un classique court, rapide et facile à lire, avec des personnages assez attachants et une atmosphère de roman fantastique ou d’aventure !

Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier publié aux éditions Le livre de Poche.

lundi 13 août 2018

Madame Bovary de Gustave Flaubert

Madame Bovary


Gustave Flaubert




Madame Bovary / Gustave Flaubert


Charles, un médecin de campagne médiocre, épouse la ravissante et élégante Emma. Ensemble, ils partent à Yonville pour y chercher fortune. Mais plus le temps passe, plus la jeune femme se sent malheureuse dans son ménage, aux côtés de cet homme ennuyeux et sans charme. Elle va alors commencer à le tromper et à dépenser sans compter pour essayer de combler le vide de son existence. En d’autres termes, Emma Bovary va orchestrer sa chute étape par étape.

Le roman de Flaubert a fait scandale lors de sa parution, l’auteur a même eu un procès pour outrage aux bonnes mœurs. Aujourd’hui bien sûr, ces accusations nous paraissent injustifiées. Il n’en reste pas moins que Madame Bovary est une œuvre qui vous marquera à vie.

Le style de Gustave Flaubert tout d’abord est exceptionnel. Même si ses longues descriptions peuvent effrayer de prime abord, il n’en reste pas moins que ses phrases sont rythmées, avec un vocabulaire riche et soutenu, ce qui n’empêche pas l’auteur d’être ironique envers ses personnages. Chacun en prend pour son grade, aussi bien Emma avec ses rêves de romantisme enfantins que Charles avec sa naïveté ou le pharmacien Hormais avec son côté pédant et ridicule.

De plus, l’histoire de Mme Bovary est assez triste. Cette femme qui semble avoir tout pour réussir épouse le mauvais homme et passe son temps à essayer d’atteindre un bonheur qui n’existe pas. Ses amants la rejette les uns après les autres et elle tombe en disgrâce. La vie d’Emma est une succession de frustrations, de rêves inachevés. Par certains côtés nous éprouvons de la pitié pour la jeune femme, elle est liée par les chaînes du mariage à Charles et à cause de sa condition modeste elle ne peut mener le train de vie qu’elle souhaite.

La scène du bal à Vaubyessard accentue cette impression. Elle est éblouie par tant de richesses, de beautés et elle s’intègre parfaitement à l’assistance grâce à son maintien et sa bonne mine. Mais elle fait aussi preuve de naïveté parfois en ne remarquant par par exemple combien l’existence de ces nobles est fade et vide. De plus, elle ne cesse de rêver au grand amour romantique alors qu’elle s’enfonce peu à peu dans la disgrâce.

Elle a parfois un côté trop passionnel, autoritaire, exalté qui peut la rendre insupportable, mais dans le même temps nous comprenons que c’est le résultat de son existence ratée.

Charles apporte presque une touche de comique à l’histoire. Nous avons d’abord pitié de lui en le découvrant comme le souffre douleur de ses camardes de classe, moqué par les autres parce qu’il est plus pauvre et moins doué. Mais par la suite nous ne pouvons nous empêcher de rire avec Flaubert de la naïveté, de la stupidité et de l’incompétence de Charles Bovary. Il est incapable d’exercer correctement la médecine. La scène où il essaye de guérir le pied bot du jeune commis Hippolyte est édifiante. Au lieu d’aller mieux le garçon perd sa jambe !

Le mari d’Emma montre ici toute son incompétence. Il est aussi un mari qui ne satisfait pas sa femme. Pour commencer, il ne sait ni tenir une conversation ni se conduire dignement, il s’endort au bal et n’est guère sensible au théâtre. Il est certes en adoration pour sa femme mais celle-ci ne peut rien partager avec lui.

Enfin, il se ridiculise aux yeux du lecteur en se laissant de nombreuses fois manipuler et en offrant à la jeune femme de nombreuses occasions de voir ses amants.

Autour d’Emma et Charles gravitent aussi une foule de personnages, notamment Hormais, le pharmacien, que j’ai déjà mentionné plus haut. C’est un être pédant, qui se croit extrêmement cultivé, mais qui peut aussi être cruel. Il tourne le dos à Charles dès qu’il tombe en disgrâce et fait tout pour favoriser sa réussite personnelle. Je l’ai vraiment détesté et j’ai été peiné de voir qu’à la fin, c’est celui qui s’en sort le mieux.

Mais peut-être est-ce l’avertissement de Flaubert, ne pas vivre trop dans ses rêves, ou la réalité finira par nous rattraper.

Madame Bovary est un classique idéal pour ceux qui aiment les histoires pleines d’ironie, de secrets et de fatalité.

Madame Bovary de Gustave Flaubert publié aux éditions Folio.
 

lundi 6 août 2018

La mort, j'adore, saison 1 d'Alex Brocas

La mort, j’adore !


Saison 1

 

Alex Brocas



La mort j'adore saison 1 / Alex Brocas

Au collège, Clémence est le souffre douleur de la classe. Elle est grosse, elle a de l’acné et sa meilleure amie, Élodie lui a tourné le dos dès leur entrée en 6ème ! Alors qu’à 15 ans elle participe à sa première soirée, elle finit lamentablement par s'évanouir à cause de l’alcool. Elle est alors contactée par Crépitus, un démon, qui lui révèle sa vraie nature : elle est en réalité une démone qui a été envoyée sur Terre dans le but d’envahir incognito le monde des humains. Crépitus va alors lui confier plusieurs missions. Mais Clémence doit rester discrète et ne pas abuser de ses nouveaux pouvoirs, en effet, les démons ont des ennemis, les anges. Et ceux-ci sont prêts à éliminer tous les êtres maléfiques qu’ils croisent sur leur chemin…

J’ai emprunté ce roman totalement par hasard à la bibliothèque et j’ai été… troublée par ma lecture. Je suis à la fois amusée par la loufoquerie de l’histoire et le cynisme qui s’en dégage et en même temps horrifiée par certains passages… Parfois on rit mais dans le même temps on se sent mal de rire des malheurs de cette pauvre Clémence.

Le personnage principal que nous suivons est un véritable anti-héros. La jeune fille n’est pas un démon aux pouvoirs extraordinaires, au contraire, elle fait partie des plus faibles de son espèce et ne doit sa survie qu’à son extraordinaire chance ! Elle est parfois très… pathétique, mais en même temps nous nous attachons à son humour grinçant.

J’ai également apprécié le fait que l’auteur nous décrive en détail l’univers des démons, la façon dont ils sont éduqués, etc.

Je suis donc assez mitigée sur ce roman, d'un côté j’ai apprécié ma lecture, j’ai trouvé la parodie de l’histoire où le héros voit sa vie transformée de façon de positive par des pouvoirs, très bien faite. Mais d'un autre côté, certains passages m’ont mis mal à l’aise, je riais, mais je m’en voulais de rire.

On ne passe pas vraiment un bon moment en compagnie de Clémence, vu qu’elle enchaîne les catastrophes, mais c’est un moment assez unique. Ainsi je recommande La mort, j’adore !à tous ceux qui aiment les histoire loufoques.

La mort, j’adore ! Saison 1 publié aux éditions Sarbacane.

lundi 30 juillet 2018

Millénium Tome 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes de Stieg Larsson

Millénium


Tome 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes

 

Millénium  Tome 1 : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes  Stieg Larsson


Stieg Larsson


Mikael Blomkvist, un brillant journaliste économique et fondateur de la revue Millénium, a de gros ennuis. En effet, alors qu’il a voulu dénoncer la malhonnêteté d’un gros industriel, ses informations se sont révélées fausses et il se retrouve condamné à trois mois de prison. Il a en plus perdu sa crédibilité et son journal risque d’en pâtir. Alors que tout semble désespéré, il est contacté par un ami de son père, Henrik Vanger, un des plus puissant industriel de Suède.

Ce-dernier lui promet de l’aider à faire tomber l’industriel véreux s’il l’aide à résoudre un mystère vieux de trente ans. En effet le vieil homme est prêt à tout pour retrouver sa petite fille, Hariette, qui a mystérieusement disparu. Vanger est persuadé qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille. Même si l’enquête semble n’être qu’une impasse, Mikael se lance à corps perdu dans les recherches, prêt à tout pour sauver Millénium.

Dans son périple il va faire la rencontre de Lisbeth Salander, une jeune femme mystérieuse et douée d’un talent inné pour récolter des informations sur tout le monde. Ensemble, ils vont peu à peu se laisser emporter par les mystères de la famille Vanger, parfois au péril de leur vie.

La série Millénium est un monument de la littérature suédoise et un polar extrêmement célèbre. J’avais à la fois envie de le découvrir mais dans le même temps je craignais d’être heurtée par la violence de certains passages. Finalement, j’ai vraiment apprécié ma lecture, même si, effectivement, certains chapitres sont particulièrement difficiles à lire.

J’ai tout d’abord aimé comment l’auteur plantait le décors de son récit en nous décrivant le contexte délicat dans lequel se trouvait Mikael, son caractère et son passé. Il introduit également assez rapidement Lisbeth Salander à laquelle je me suis beaucoup attachée. C’est d’ailleurs aussi à travers ses yeux que nous découvrons le journaliste, puisqu’elle est chargée de faire un rapport sur lui à l’avocat de Vanger.

Comme tout bon auteur de polar, l’auteur parvient à mettre en place du suspens, mais dans le même temps, nous sommes au cœur de l’intrigue. En effet, il ne nous trompe pas en nous envoyant sur de mauvaises pistes, j’ai plutôt eu l’impression de découvrir les indices en même temps que les personnages. J’avais le sentiment de faire partie de l’aventure.

De plus, on ne s’ennuie jamais dans Millénium, même lorsque l’on revient sur le passé des protagonistes ou que l’auteur nous décrit comment un industriel peut mettre en place une arnaque financière. Moi qui ne suis absolument pas férue d’économie, je me suis surprise à être très intéressée par le monde de la finance que dépeint Larsson. L’écrivain est clair et précis dans ses explications, nous sentons qu’il maîtrise véritablement son sujet.

Je me suis également beaucoup attachée aux personnages. Mikael, le héros du récit, m’a charmée. J’ai apprécié sa droiture, son honnêteté et sa détermination. Il fait véritablement tout ce qu’il peut pour retrouver Hariette Vanger, alors qu’il ne l’a quasiment jamais vu. Il est également gentil et taquin avec Lisbeth Salander, et sans tenter de profiter d’elle, il parvient à gagner sa confiance.

Cette dernière est mon personnage préféré. J’ai adoré son caractère bien trempé, son intelligence extraordinaire, son courage, et sa volonté de venger les femmes qui ont été violentées par des hommes. J’ai aussi apprécié son indépendance et son refus d’entrer dans les cases crées par la société.

A travers Lisbeth Salander, Larsson dénonce les violences faites aux femmes. Au cours du récit, avant chaque grande partie, il nous donne des chiffres montrant par exemple combien de femmes ont été agressées ou violées en Suède. Les résultats sont effrayants. Certaines scènes montrant des violences sexuelles subies par des jeunes femmes sont presque insoutenables, horribles à lire, c’est pourquoi Millénium n’est pas un roman pour les jeunes lecteurs ou les personnes non averties.

J’ai aussi approuvé le fait qu’outre Lisbeth, l’auteur dépeigne d’autres protagonistes féminines fortes, notamment Erica Berger, qui dirige en compagnie de Mikael le journal Millénium.

Je vous recommande donc chaudement de lire cette saga si vous n’avez pas encore sauté le pas. Si vous aimez les polars, les enquêtes au sein d’une famille et des personnages forts et attachants, plongez sans hésiter dans Les hommes qui n’aimaient pas les femmes.

Un film sur le tome 1 est sorti en 2012 avec Daniel Craig dans le rôle de Mikael Blomkvist et Rooney Mara dans le rôle de Lisbeth Salander. Je ne l’ai pas (encore) vu, mais d’après la bande annonce il semble assez fidèle à l’œuvre originale. En novembre 2018 sortira également un film sur le tome 4 de Millénium, Ce qui ne me tue pas, avec cette fois Claire Foy dans le rôle de Lisbeth.


 

 

Millénium de Stieg Larsson publié aux éditions Actes Sud dans la collection Actes Noirs.

lundi 23 juillet 2018

L’étrange bibliothèque de Haruki Murakami, illustré par Kat Menschik

L’étrange bibliothèque


Haruki Murakami


Illustré par Kat Menschik

 

L'étrange bibliothèque / Haruki Murakami

 


Un jeune garçon tout à fait ordinaire se rend à la bibliothèque de son quartier pour rendre les ouvrages qu’il a emprunté. Alors qu’il désire en chercher d’autres, la femme de l’accueil lui demande de s’adresser à un mystérieux vieil homme. En allant le voir, notre héros se rend compte que la bibliothèque est beaucoup plus vaste que ce qu’il avait imaginé. Il va alors plonger sans le savoir dans un monde fantastique où il pourrait bien risquer sa vie…

Illustration de Kat Menschik


Qui a dit qu’aller à la bibliothèque était de tout repos ? Dans cette nouvelle, Murakami nous entraîne dans une intrigue mystérieuse qui fait figure de conte. Durant tout le récit, on ne sait pas où l’auteur va nous mener ou si ce que nous lisons est réel. En effet, le héros semble parfois rêver.


Illustration de Kat Menschik


Tout comme la nouvelle Sommeil que j’ai déjà chroniqué sur ce blog, le texte est agrémenté d’illustrations de Kat Menschik. Ces dessins, très onirique, fantastiques, collent parfaitement avec le style de la nouvelle. J’ai particulièrement aimé le fait que l’auteur s’attache à illustrer des détails, notamment les chaussures du héros qui couinent sur le parquet de l’étrange bibliothèque.

J’ai aussi trouvé amusant le fait qu’un auteur écrive une nouvelle qui pourrait nous dégoûter de nous rendre dans ce lieu ! Cependant, malgré les mises en garde de Haruki Murakami, jamais je ne cesserai de fréquenter les bibliothèques, je ferai simplement attention de ne pas suivre chaque vieil homme que je croiserai et je réserverai via le catalogue de l’établissement l’ouvrage que je souhaite consulter !

Illustration de Kat Menschik


L’étrange bibliothèque de Haruki Murakami, illustré par Kat Menschik et publié aux éditions Belfond.