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lundi 17 septembre 2018

La Bienfaitrice d'Elizabeth von Arnim

La Bienfaitrice

 

Elizabeth von Arnim



La Bienfaitrice / Elizabeth von Arnim

Anna, une jeune femme de 25 ans davantage intéressée par la philosophie que par le fait de se trouver un mari, ne supporte plus de vivre aux crochets de Suzie, sa belle-sœur. La chance tourne miraculeusement en sa faveur lorsqu’un vieil oncle lui lègue une demeure en Allemagne. La jeune fille s'installe alors là-bas et décide d’aider à son tour les jeunes filles sans le sou. Elle va alors envoyer des annonces pour accueillir douze personnes sans ressources. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…

Ce roman est une agréable lecture, même si j’ai eu quelques soucis avec la fin. Tout d’abord je tiens à préciser que je n’avais jamais entendu parler de cette auteure alors qu’elle a apparemment eu beaucoup de succès de son vivant.

Je trouve ce succès totalement justifié, notamment par l’atmosphère du récit. Le ton qu’emploi l’écrivaine n’est pas sans rappeler celui de Jane Austen dans Orgueil et Préjugés. Elle se moque de ses personnages, aussi bien des élues d’Anna que de son héroïne elle-même. Elle fait également preuve de beaucoup d’humour, j’ai ris à de nombreux passages !

Celle qui m’a tout d’abord beaucoup amusée est Suzie, la belle-sœur de notre héroïne. C’est une femme sans distinction, mais prétentieuse, qui se pense au-dessus des autres et qui ne fait rien par véritable charité mais simplement pour être remerciée et pour en tirer une gloire personnelle. Son mauvais caractère a donné lieu à des moments très drôles, notamment lorsqu’elle découvre avec horreur les mœurs allemandes qu’elle juge barbare !

Letty, la fille de Suzie, est également amusante et touchante par son innocence, sa naïveté qui peut parfois conférer à la bêtise. Elle entraîne de nombreux rebondissements dans l’histoire. Sa professeure, Miss Leech, est presque pire que son élève. L’auteure se moque gentiment d’elle en contant qu’elle rêve encore au prince charmant en la personne d’un homme qu’elle n’a jamais pu épouser.

Elizabeth von Arnim relate aussi magnifiquement bien les querelles, les ragots et la pingreries des gens du village où s’installe Anna. Elle explique combien une simple petite erreur d’étiquette peut offenser mortellement des individus et les faire devenir des ennemis impitoyables.

Mais ce que j’ai préféré dans le roman c’est la façon dont l’auteur réduit petit à petit à néant le rêve d’Anna. Les élues de la jeune femme sont en effet loin d’être sympathiques et la bienfaitrice elle-même a dû mal à rester toujours aussi dévouée à leur égard.

L’autre point que j’ai aussi bien aimé est qu’Anna, contrairement à d’autres héroïnes, n’est pas une personne qui tombe amoureuse du premier venu.

A ce stade de mon article je recommande à ceux qui n’ont pas lu le roman de ne pas lire ce passage pour éviter de leur gâcher leur lecture.

Or Axel Lohm, un voisin de la jeune femme, décide de l’aider dans la gestion de son domaine. Ils deviennent amis et nous nous doutons qu’Axel est amoureux d’Anna bien que celle-ci ne ressente que de l’amitié pour lui. Lorsque Axel lui fait sa déclaration, (qui d’après moi tombe un peu comme un cheveu sur la soupe), Anna le repousse en lui affirmant qu’elle n’est pas amoureuse de lui.

Cela m’a paru logique et changeait agréablement des retournements de situation habituels. Mais, à ma grande déception, l’auteure a mis en place un rebondissement faisant en sorte qu’Axel se retrouve en prison pour une faute qu’il n’a pas commise. Faisant tout pour le libérer, Anna se rend compte brusquement qu’elle est amoureuse de lui et décide de l’épouser.

J’ai trouvé ces passages très rapides et je n’ai pas compris pourquoi l’auteure a tenu à faire tomber son héroïne amoureuse. Je trouve que cela gâche un peu la fin du récit. J’ai aussi dû mal à savoir qu’elle morale l’auteur désire faire passer. Au départ j’avais l’impression qu’elle sous-entendait qu’une femme n’avait pas forcément besoin d’un mari dans sa vie, et même si elle mettait en garde contre les idéaux via le personnage d’Anna, je trouvais qu’elle avait un esprit très novateur. Au vue de la fin, j’ai l’impression qu’Elizabeth von Arnim s’est rangée dans la morale de son époque, ce qui peut se comprendre, le roman ayant été publié en 1901, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver une pointe de déception.

Ceux qui n’ont pas lu le livre peuvent à présent reprendre leur lecture

Malgré ce petit point noir je recommande fortement La Bienfaitrice à tous les amateurs de Jane Austen, de Charlotte Brontë pour son humour et son originalité!

 La Bienfaitrice d'Elizabeth von Arnim publié aux éditions Archipoche.

lundi 10 septembre 2018

Le Faiseur de rêves de Laini Taylor

Le Faiseur de rêves


Laini Taylor

 

Le Faiseur de rêves de Laini Taylor

 

Lazlo Lestrange, un jeune homme orphelin, est fasciné par la mystérieuse citée nommée Désolation. Cette ville pourvue de mille richesses et savoirs s’est coupée du monde il y a deux siècles. Personne ne sait si les habitants sont morts ou s’ils se sont volontairement coupés du monde. Alors que Lazlo parvient à devenir bibliothécaire dans le plus grand institut de la ville, des guerriers originaires de la Cité Mystérieuse débarquent dans la ville. Ils sont à la recherche d’érudits susceptibles d’aider leur ville. Même s’il ignore le problème que rencontre Désolation, Lazlo est déterminé à participer à l’aventure. Il va alors changer son destin à tout jamais…

Ce roman est un véritable coup de cœur ! Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire et je l’ai emprunté un peu par hasard à la bibliothèque sur les conseils d’une amie. J’ai été charmée par ma lecture.

Le personnage principal tout d’abord, est très attachant. Lazlo est un être calme, doux et désintéressé mais il fait aussi preuve d’une volonté hors du commun pour accomplir son rêve. Il va évoluer tout au long du roman et devenir plus fort et plus sûr de lui. J’ai adoré le suivre dans ses aventures.

Pour qu’un héros soit attachant, il faut aussi qu’il est un ennemi que l’on aime détester. C’est le cas ici avec Thyon Néro, un alchimiste que Lazlo s’est mis à dos. Alors qu’il l’a aidé à réaliser de l’or, l’arrogant personnage use de son pouvoir pour s’approprier les documents de Lazlo sur Désolation et ainsi de se faire bien voir par les guerriers de la citée. Cependant, il a un côté attachant de par sa fragilité, la pression qui pèse sur ses épaules, (son père et la reine le presse de faire des découvertes extraordinaires). Ses interactions avec Lazlo donnent aussi lieu à des dialogues comiques qui m’ont fait beaucoup rire.

Je ne peux m’étendre davantage sur les autres personnages pour ne pas vous gâcher la surprise, mais je les ai beaucoup apprécié également. Nous suivons notamment une jeune fille nommée Sarai qui a le pouvoir de s’introduire dans les rêves des gens. Son pouvoir est présenté de façon très originale. J’ai aussi été fascinée et écœurée par Minya, une fillette cruelle qui peut contrôler les fantômes. Je ne peux vous en dire plus sur ces protagonistes, mais je vous enjoins fortement à les découvrir.

J’ai aussi adoré la façon dont l’auteure a conçu son univers. Il est exactement tel qu’on l’attend d’un roman fantasy : riche, complexe, bien décrit et bien imaginé. Le style de Laini Taylor est aussi très bon. Elle a un ton qui rappelle à la fois celui des contes et des romans d’aventure. Il est assez soutenu sans être barbant ou difficile à lire.

Bref ce roman est une excellente surprise, je suis ravie de l’avoir découvert. Le seul défaut est que ce n’est qu’un tome 1 et j’ai vraiment hâte de connaître la suite ! La suite est déjà paru en anglais, The Muse of Nightmare, mais je ne sais pas quand elle sortira en français. Je suivrai cependant attentivement l’évolution de la série.

Le Faiseur de rêves de Laini Taylor publié aux éditions Lumen.

lundi 3 septembre 2018

Nous les filles de nulle part d'Amy Reed

Nous les filles de nulle part


Amy Reed

 

Nous les filles de nulle part / Amy Reed

 


Dans la chambre de sa nouvelle maison, Grace voit des mots laissés par une fille visiblement en grande souffrance. En se renseignant auprès de ses camarades, elle apprend que la précédente occupante de sa chambre, Lucy, a accusé un jeune homme de l’avoir violé et que l’on ne l’a pas cru. Elle a été harcelée et mise à l’écart avant d’être obligée de déménager. En apprenant cela, Grace se sent révoltée. Avec ses deux seules nouvelles amies, Rosita et Erin, elles décident de fonder le collectif des filles de nulles part afin de dénoncer les violences faites aux jeunes filles dans les lycées. Mais leurs actions vont les mener plus loin qu’elles ne le pensaient. Toutes les trois vont se découvrir une force qu’elles n’avaient pas soupçonné.

J’avais entendu beaucoup de bien sur ce roman notamment via la booktubeuseCordélia. Je n’ai pas été déçue de ma lecture !

J’ai tout d’abord adoré les trois personnages principaux : Erin, Grace et Rosita. Le point fort de ces protagonistes est qu’elles sortent des critères que l’on a l’habitude de voir.

Grace est grosse, mais le roman n’est pas focalisé sur son poids. C’est évoqué, l’héroïne se sent parfois mal à l’aise dans son corps mais elle n’est pas systématiquement moquée par rapport à cela. Elle est également présentée comme jolie et désirable. Grace fait aussi preuve d’une force de caractère et d’une volonté sans égale. C’est elle qui initie le projet et qui encourage les autres à se joindre à elle. Elle les encourage aussi lorsqu’elles flanchent ou doutent. Grace gagne peu à peu confiance en elle et prend parfois la direction des opérations. Amy Reed nous livre une belle évolution de personnage.

Erin quant à elle est atteinte du syndrome d’Asperger. Elle a dû mal à s’adapter au monde des adultes, du lycée. Elle doit se battre pour s’adapter. Erin parvient cependant à vaincre ses réticences pour prendre part au combat. A la fin du roman, elle aussi a beaucoup évoluée. Ce personnage atypique permet aussi d'en apprendre davantage sur le syndrome d'Asperger, bien que, tout comme Grace, elle ne soit pas uniquement définie par sa différence.

Enfin, j'ai aussi eu de l'affection pour Rosita. La jeune femme subit des pressions de la part de sa famille qui désire qu'elle s'investisse dans leur restaurant. Elle cache aussi le fait qu'elle aime les filles. Son ironie et son mauvais caractère la rendent assez drôle. Elle peut aussi montrer une certaine fragilité, notamment dans ses moments de doute. Cela la rend très humaine.

Je ne serais pas dire laquelle des trois j'ai préféré, mais elles m'ont fait passé un excellent moment.

L'autre gros point fort du livre est le féminisme qui s'en dégage. Nous avons des réflexions très intéressantes sur la place des femmes dans la société, la place du désir de la femme, de son rôle dans les relations sexuelles. L'auteure évoque aussi l'horreur du viol. Certains passages sont durs et dépeignent un portrait particulièrement noir du lycée. L'équipe scolaire semble être incapable de protéger les jeunes filles.

Outre les autres personnages principaux, les autres élèves du collectif Les Filles de Nulle Part sont également évoquées. Elles ont parfois des idées très différentes les unes des autres et il est intéressant de les écouter débattre.

Je vous recommande donc chaudement ce roman pour son discours féministe et novateur et ses personnages attachants !

Nous les filles de nulle part d'Amy Reed publié aux éditions Albin Michel.

La vidéo de Cordélia :