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lundi 14 décembre 2020

L'hypothèse du Lézard de Alan Moore et Cindy Canévet

L'hypothèse du Lézard 

Alan Moore et Cindy Canévet

 

 
L'hypothèse du Lézard de Alan Moore et Cindy Canévet

 

Ce magnifique roman graphique nous entraîne au sein d'une maison close, la Maison sans Horloge. Vendue par sa mère à l'âge de neuf ans, Som-Som porte un masque qui lui mange tout un côté du visage et altère ses capacités de paroles et de compréhension. C'est pourtant sous son regard que se déroule une histoire d'amour tragique et cruelle entre deux comédiens. Passion et ambition côtoient la vengeance.

J'avais entendu parler de ce livre sur la chaîne d'@alexbouquineenprada et j'avais très envie de me faire mon propre avis sur cette œuvre.

Pour commencer, il faut souligner que le travail de l'illustratrice est absolument fabuleux ! Ses dessins riches en détails retranscrivent bien l'atmosphère sombre et mystérieuse du lieu. Si la plupart des illustrations sont en noir et blanc, il y a également trois planches en couleur.


L'hypothèse du Lézard Cindy Canévet


L'histoire en elle-même m'a également semblé intéressante. En très peu de pages l'auteur parvient à construire l'atmosphère de la maison close où se situe l'intrigue ainsi que la personnalité des deux comédiens. J'ai aimé voir évoluer les rapports de force entre les personnages. La réflexion sur l'ambition et l'amour est très juste.

Som-Som est également un personnage attachant, pour qui l'on éprouve de l'empathie face à l'horreur de sa condition (même si aucune scène explicite n'est dessinée ou écrite). Cependant, elle passe finalement assez vite en retrait par rapport au reste de l'intrigue, ce que j'ai trouvé quelque peu déstabilisant. En effet, le résumé laissait véritablement penser que nous suivrons davantage son histoire.

Enfin, bien qu'elle ne soit pas décrite de façon détaillée, une scène de viol dans le récit m'a quelque peu dérangée. Nous comprenons que c'est pour montrer la relation toxique entre deux personnages, mais je reste persuadée qu'il n'y avait pas besoin de cela pour nous faire comprendre que cette relation était malsaine et vouée à l'échec.

Malgré ces points noirs, je recommande aux amoureux des romans graphiques et des atmosphères mystérieuses de se pencher sur L'hypothèse du Lézard afin de plonger en immersion dans une histoire d'amour tourmentée.

L'hypothèse du Lézard de Alan Moore et Cindy Canévet publié aux éditions ActuSF.

lundi 23 novembre 2020

Le Bal des Folles de Victoria Mas

 Le Bal des Folles

Victoria Mas

Le Bal des folles / Victoria Mas

A la fin du XIXe siècle, l'un des lieux les plus redoutés de Paris pour les femmes, pauvres comme riches, est l'hôpital de la Salpêtrière. Un mot de travers, une attitude jugée déplacée ou une autre entorse à la normalité peuvent leur valoir un aller simple entre les murs de cet asile. Cependant, ce lieu n'est plus rempli de cachots sordides où l'on enchaînait les prisonnières. C'est le haut lieu d'étude du professeur Charcot, un neurologue renommé dans toute la capitale. Geneviève, infirmière depuis des années à la Salpêtrière, est convaincue d’œuvrer pour le plus grand bien de la science et des femmes. Ses certitudes vont être bouleversées par l'arrivée d'Eugénie, une jeune bourgeoise qui prétend communiquer avec les Esprits.

J'attendais de lire ce roman avec une grande impatience, ayant entendu beaucoup de bons échos et d'avis enthousiastes. J'ai beaucoup apprécié l'aspect historique et informatif du Bal des Folles. L'autrice nous offre une véritable immersion dans cet univers clos et particulier, avec ses propres us et coutumes. Le point culminant du roman est véritablement la préparation du bal du Carême, autrement appelé le Bal des Folles, où des membres triés sur le volet de la haute société peuvent aller à la rencontre lors d'une soirée dansante de ces internées qui fascinent et répugnent à la fois.

Il est frappant de constater le manque d'empathie des médecins, qui ne les considèrent que comme des objets d'expériences scientifiques, et combien les motifs d'internement sont parfois arbitraires et injustes.

J'ai aussi aimé la rencontre entre les personnages d'Eugénie et Geneviève dont les convictions sont si différentes. Les voir évoluer tout au long du roman était très intéressant. Les relations nouées entre les patientes sont aussi très touchantes.

Cependant, ma lecture n'a pas été exempte de quelques bémols. Pour commencer, quasiment aucun des retournements de situation ne m'a surprise. Tous les évènements s'enchaînent de façon attendue. Certes, Le Bal des Folles n'a pas vocation à être un roman à suspense, mais j'aurais souhaité un peu plus de surprise pour pimenter ma lecture.

Ensuite, je trouve parfois que l'autrice fait preuve de peu de subtilité dans son propos et dans son écriture. Le but sous-jacent de Victoria Mas est de dénoncer les violences faites aux femmes aussi bien par le corps médical, que par la société dans laquelle elles vivent. Cette œuvre est profondément féministe, ce qui est très appréciable et que l'on doit encourager. Pourtant, j'ai eu parfois l'impression que l'autrice voulait le souligner et le clamer à grands traits, manquant parfois de finesse, et faisant perdre le fil de la narration avec des réflexions qui semblent parfois trop modernes pour les personnages de l'époque.

Cette façon d'appuyer sur le féminisme comme pour faire de ce roman un livre dans la tendance m'a un peu dérangée.

Malgré cela, Le Bal des Folles reste une bonne lecture que j'ai apprécié notamment pour l'aspect historique et documentaire qu'il propose. Je le conseille à ceux qui s'intéresse à la psychanalyse.

Le Bal des Folles de Victoria Mas publié aux éditions Albin Michel.

samedi 7 novembre 2020

Celle qui marche la nuit de Delphine Bertholon

 Celle qui marche la nuit

Delphine Bertholon

 

Celle qui marche la nuit / Delphine Bertholon


Malo 15 ans déménage à la campagne avec sa famille. Outre le déplaisir de laisser ses amis derrière lui, le jeune homme ressent de l'angoisse dans sa nouvelle demeure. La vieille bâtisse dégage des ondes néfastes, comme si des secrets étaient enfouis sous ses fondations...

Lorsque sa petite sœur Jeanne adopte un comportement de plus en plus alarmant, Malo décide de mener l'enquête et de percer le secret de sa nouvelle maison.

Ce roman jeunesse est parfait pour les jeunes lecteurs qui veulent prolonger l'atmosphère d'Halloween !

L'autrice parvient à créer une atmosphère angoissante dès l'instant où la famille arrive dans la bâtisse. Que ce soit dans la forêt qui borde la maison ou dans les couloirs du bâtiment, nous ressentons comme Malo un frisson le long de l'échine !

Delphine Bertholon s'inspire clairement des romans d'horreur traditionnels et surtout de Stephen King, qu'elle remercie d'ailleurs à la fin de son œuvre !

Nous pouvons dénombrer les éléments classiques d'un bon romans horrifique : la petite fille qui semble possédée par des forces extérieures, les parents aveugles aux phénomènes surnaturels et le jeune protagoniste qui doit bien malgré lui jouer au chasseur de fantôme !

Le dénouement de l'intrigue n'a pas été une surprise pour moi, les éléments qui se déroulent dans ce récit sont assez attendus et conventionnels. Cependant l'histoire se lit très bien et l'on passe un agréable moment frissonnant avec Malo !

Je conseille ce roman aux jeunes adolescents qui n'osent pas encore attaquer franchement le genre de l'horreur.

 

Celle qui marche la nuit de Delphine Bertholon publié aux éditions Albin Michel.

mercredi 14 octobre 2020

Les aérostats d'Amélie Nothomb

Les aérostats

Amélie Nothomb

 


Pour arrondir ses fins de mois, Ange, une étudiante bruxelloise, décide de donner des cours particuliers de français. Elle fait alors la connaissance de Pie, un jeune homme dyslexique que son père dit incapable de lire un seul volume. Ange découvre au contraire que Pie est capable de dévorer des romans s'il les trouve à son goût.

Ange se lance alors dans la tâche ardue de transmettre à cet adolescent le plaisir de lire...

Ce roman est une bonne lecture pour moi!

L'idée de départ est très bien amenée, et c'est une joie de voir Ange et Pie débattre autour de classiques de la littérature comme L'Odyssée d'Homère et La métamorphose de Kafka. Une fois le livre refermé, on ressent l'envie de dévorer des romans d'une traite comme le fait le jeune héros !

C'est également un texte qui évoque de façon juste le thème de la solitude. Ange ne parvient pas à se faire accepter par ses camarades de faculté et Pie n'a pas d'amis au sein de son lycée. La lecture devient un refuge pour ces deux solitaires. Ils apprennent à se connaître par l'interprétation qu'ils font des textes et des mots.

Ma seule déception est la façon dont la fin est construite et amenée. Sans rien révéler , j'ajouterai seulement que j'ai trouvé le retournement de situation trop brutal et presque incongru, comme si l'autrice n'avait pas su comment terminer son histoire et avait opté pour une fin sensationnelle en dernier recours.

Cela ne gâche cependant pas ma lecture que, pour faire honneur au héros du livre, j'ai dévoré en à peine une journée !

Merci à @la_librairie_de_margota pour ses bons conseils ❤️.

mercredi 2 septembre 2020

Transparente de Jun Ogino

 

Transparente


(Tomes 1 et 2)


Jun Ogino

 

 

Transparente / Jun Ogino


Aya Kinomiya grandit dans une famille dysfonctionnelle. Son père, un homme violent, ne cesse de s’en prendre à sa mère, sous l’œil indifférent de son grand frère. Impuissante face à cette brutalité, elle se découvre brusquement le don de disparaître à volonté. Grâce à ce nouveau pouvoir, elle parvient à dénouer la situation. Mais en grandissant, elle voit poindre en elle une culpabilité qui l’empêche de véritablement se lier aux autres. Alors qu’elle entre au lycée, deux jeunes filles percent petit à petit sa carapace, et lui permettent ainsi de vivre pleinement.

Ce manga est un coup de cœur ! Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas lancée dans une lecture sous ce format, et cela m’a fait très plaisir de découvrir cette série. Je trouve que le mangaka met en place l’intrigue de façon à la fois sobre, sans scènes de violences excessives, mais en même temps très parlante. Le dessin des expressions du visage du père d’Aya lorsqu’il est en colère laisse très clairement transparaître la brutalité de son comportement. Nous nous attachons immédiatement à la jeune héroïne et nous compatissons à son malheur.

L’intervention d’un élément fantastique dans ce cadre réaliste est aussi très bien amenée. Le lecteur peut rapidement l’interpréter comme l’expression de la culpabilité de la jeune fille et de sa crainte de se lier aux autres.

Les relations que créée Aya avec ses deux amies sont aussi agréables à suivre. J’ai aimé voir comment petit à petit la lycéenne s’ouvre aux autres. La fin du tome 2 nous laisse sur notre faim, avec un revers brutal et inattendu, et j’ai très hâte de connaître la suite ! La série est en quatre tomes, ce qui évitera, je pense, d’étirer l’histoire en longueur. Tous les opus sont sortis en VO, et le tome 3 sera disponible en français le 20 septembre 2020.

Un manga parfait pour ceux et celles qui aiment les séries courtes, réalistes et contemporaines.

 Transparente de Jun Ogino publié aux éditions Kurokawa.

vendredi 28 août 2020

L'Assassin Royal : Tome 1 : L' Apprenti Assassin de Robbin Hobb

 L'Assassin Royal

Tome 1 : L'Apprenti Assassin

 Robin Hobb


L'apprenti Assassin / Robin Hobb


 Grâce à @de_poudlard_a_anima j'ai pu découvrir le merveilleux premier tome de la série L'assassin Royal de Robin Hobb !

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas laissée autant embarquer dans un univers de fantasy médiévale ! Nous y suivons les aventures de Fitz, le fils illégitime du prince Chevalerie , qui va se voir dispenser la formation d'assassin pour le compte du Roi. Malgré son jeune âge, Fitz se retrouve pris au milieu d'intrigues de Cour qui pourraient engendrer sa chute, voire sa mort ...

Ce premier tome pose les bases de l'univers dans lequel nous allons évoluer. Malgré les nombreuses descriptions, je ne me suis pas ennuyée un seul instant.

J'ai immédiatement ressenti de l'affection pour le personnage de Fitz, notamment en le voyant grandir et évoluer. L'auteur en fait un personnage très humain, avec ses défauts et ses moments de doute, mais également avec un cœur tendre. Sa relation avec Burrich, le maître écuyer qui l'a élevé, est très touchante, bien que complexe et semée parfois de non-dits.

D'autres personnages, comme celui du Fou, me fascinent, et j'ai hâte d'en apprendre plus sur eux dans les prochains tomes.

Pour les amoureux d'intrigues politiques, de fantasy se déroulant au Moyen-Âge ou de longues sagas, cette série est faite pour vous !

 

L'Assassin Royal : Tome 1 : L' Apprenti Assassin de Robbin Hobb publié aux éditions J'ai Lu

lundi 10 août 2020

L'attrape-coeur de J.D. Salinger

 L'attrape-coeur

 

J.D. Salinger

 

L'attrape-coeur / Salinger

Holden, un jeune homme de seize ans, s'est fait renvoyer pour la quatrième fois d'un collège prestigieux où ses parents l'ont inscrit. Craignant de rentrer plus tôt que prévu et de subir leur colère, il décide d'errer dans les rues de New York, allant dans des hôtels mal famés, des boîtes de nuit sombres et renouant contact avec de vieilles connaissances. Ce jeune homme est hanté par plusieurs démons : le décès de son jeune frère Allie, la crainte de devoir retourner dans un autre internat où il n'a pas sa place et le souvenir de Jane, une jeune fille qu'il semble avoir sincèrement aimé et qu'il ne parvient pourtant pas à recontacter.

Le ton familier du narrateur nous interpelle immédiatement dès les premières pages du livre. Avec un humour assez cynique, il n'hésite pas à pulvériser les codes du roman classique, et nous livre des informations très succinctes sur sa vie ou son passé. Malgré la cruauté qu'il peut avoir dans ses descriptions ou ses réflexions sur les autres, on ne peut s'empêcher d'éprouver un attachement sincère pour cet adolescent qui porte en lui une grande tristesse, mais également une grande tendresse pour les siens. Son attachement pour sa petite sœur Phoebé ou les souvenirs qu'il partage avec son frère Allie sont bouleversants et touchants.

Des détails comme le gant de baseball sur lequel Allie écrivait des poèmes rendent les protagonistes marquants, atypiques et attachants. Holden semble parfois faire preuve d'une immaturité touchante mais il est au contraire d'une clairvoyance saisissante. Il incarne le désœuvrement que l'on peut éprouver en tant qu'adolescent ou jeune adulte face à l'avenir.

Grâce à lui nous découvrons New York sous toutes ses coutures depuis le quartier de Brodway jusqu'à Central Park.

Ce récit court, qui tient sur une soirée et une journée, nous fait entrer fugacement, mais de façon marquante, dans la vie d'un personnage étonnant.

L'attrape-coeur de JD Salinger publié aux éditions Robert Laffont.

mardi 28 juillet 2020

Le réveil des sorcières de Stéphanie Janicot

Le réveil des sorcières


Stéphanie Janicot


Le réveil des sorcières / Stéphanie Janicot


Diane LeGoffe exerce un métier peu commun : elle officie en tant que guérisseuse dans une région reculée de Bretagne. Mais un matin, alors qu'elle se rend au chevet d'un patient, sa voiture dérape sur une plaque de verglas, la tuant sur le coup. Une de ses amies de Paris, écrivaine et journaliste, se rend alors en Bretagne pour soutenir ses deux filles, désormais orphelines. Mais la cadette est formelle : la mort de Diane n'est pas un accident, c'est un meurtre. En effet, sa mère n'était pas seulement dénommée guérisseuse, on chuchotait également qu'elle était une sorcière. Et si le décès de Diane avait été provoqué par un mauvais sort ?

Ce roman est un coup de cœur, une excellente surprise ! Le thème de la sorcière m'a toujours beaucoup intéressée et fascinée, mais je n'avais jamais encore lu de roman comme celui-ci. En effet, nous ne sommes pas dans une œuvre fantastique, où la magie est synonyme de boules de feu et d'éclairs aveuglants. Ici nous sommes face à une pratique plus proche de la nature, plus spirituelle. L'autrice explore les différentes significations des mots "sorcière" et "guérisseuse", en retraçant notamment l'histoire de la sorcellerie en Bretagne. Elle évoque notamment le mythe de Merlin l'Enchanteur. Elle joue très bien sur la frontière ténue qu'il existe entre les phénomènes paranormaux et les phénomènes dits "magiques" qui ne se réalisent que parce que l'on y croit avec fermeté.

La narratrice, écrivaine parisienne, est tiraillée entre une éducation très rationaliste et une attirance pour les forces occultes et la sorcellerie. En menant son enquête sur la mort de sa meilleure amie, elle interroge différents personnages sur leur vision de la magie, offrant au lecteur une palette de perceptions différentes. A travers ce personnage, l'autrice nous invite également à nous pencher sur le métier d'écrivain. La narratrice éprouve une culpabilité car tout ce qu'elle écrit dans ses romans, notamment les choses les plus tragiques, semblent se réaliser. Or peu de temps avant la mort de Diane, elle rédige un passage comportant un accident de voiture. Cela nous fait nous poser la question du pouvoir démiurge de l'écrivain et du pouvoir des mots.

Le roman aborde également avec beaucoup de finesse la question du deuil et de la filiation. La résolution du mystère de la mort de Diane n'est finalement peut-être pas le plus important dans le livre, ce qui est très prenant est surtout le cheminement du deuil effectué par les deux orphelines.

Les chapitres courts et la plume fluides nous font dévorer ce roman.

Je recommande donc cette histoire de sorcières aux amoureux de la Bretagne, des légendes et de l'écriture. Ceux qui préfèrent les pures enquêtes peuvent risquer de s'ennuyer, cependant je leur conseille malgré tout de tenter l'aventure. Le mystère comporte une véritable résolution et ils pourraient avoir une belle surprise !

Le réveil des sorcières de Stéphanie Janicot publié aux éditions Albin Michel.

lundi 13 juillet 2020

Binti de Nnedi Okorafor


 Binti

 

Nnedi Okorafor


Binti / Nnedi Okorafor https://www.instagram.com/p/CClGQDpqmRW/




Contre l'avis de son peuple, Binti se rend à l'Université d'Ookama, l'un des établissements les plus prestigieux de la galaxie. Harmonisatrice et virtuose des mathématiques, elle espère y perfectionner son art.

Mais en chemin le vaisseau dans lequel elle voyage est attaqué par le peuple des Méduses, une race réputée pour être belliqueuse et sans merci.
Cet événement va changer Binti à tout jamais.

Ce roman de science-fiction est très original. L'auteur met en place un univers étonnant, où des créatures hybrides se mêlent aux hommes. Les vaisseaux dans lesquels voyagent les étudiants sont des poissons géants, et les villes sont réparties entre différents domaines (la ville des mathématiques, la ville des armes).

Il décrit également très précisément les traditions de chaque peuple. Des décors anciens et familiers tel que le désert se mêlent à des décors ultramodernes et technologiquement supérieurs à nous.

La jeune fille utilise les mathématiques pour méditer ou produire des champs de force qui la mettent en harmonie avec le monde qui l'entoure, ce qui est très original.

La force de ce roman est aussi la façon dont il aborde la question du traumatisme. Tout au long du roman, Binti tente de surmonter ce qui lui est arrivé. Ce n'est pas tant un roman d'action comme on pourrait s'y attendre (même s'il n'en est pas dépourvu) mais un roman d'introspection, et de recherche de son identité.

En voyageant, Binti remet en question les traditions de son peuple et tout ce qu'elle croit connaître. Elle apprend à se découvrir.

Ce premier tome nous ouvre donc les portes d'un univers orignal, avec une héroïne attachante et ouverte d'esprit. Il peut plaire aussi bien aux amoureux des chiffres qu'aux littéraires convaincus. Je recommande cependant d'être un lecteur aguerri en science-fiction pour se lancer. Le dépaysement risque sinon d'être un peu rude !


Binti de Nnedi Okorafor publié aux éditions Naos. 

lundi 6 juillet 2020

Et le désert disparaîtra de Marie Pavlenko

Et le désert disparaîtra


Marie Pavlenko

 


Et le désert disparaîtra / Marie Pavlenko



Dans un futur qui pourrait être le nôtre, les arbres ont presque totalement disparu de la surface du globe et la Terre est devenue un immense désert. Samaa qui vit dans une petite tribu de survivants au sein de cette étendue de sable doit utiliser quotidiennement des bouteilles d’oxygène et boire de l’eau gélifiée.

Elle ne rêve que d’une chose, devenir chasseuse d’arbres, comme ces humains qui parcourent les plaines désertiques à la recherches des derniers grands végétaux, qui se dissimulent dans des crevasses. En coupant le bois qu’ils revendent dans les dernières grandes villes, ils peuvent gagner suffisamment d’argent pour acheter des boîtes de conserves ou du tissu synthétique. Mais ce métier n’est accessible qu’aux hommes.

Un jour Samaa désobéit à la règle et suit le groupe de chasseur. Alors qu’elle est perdue dans le désert, elle fait une rencontre qui change le cours de sa vie.

Ce très court roman, qui tient presque lieu de fable, m’a véritablement transportée ! J’ai déjà lu des romans de Marie Pavlenko, notamment Je suis ton soleil (que j’ai beaucoup aimé). Le style employé par l’auteur est ici très différent. La plume suit le rythme des pas de la jeune fille, l’écoulement lent du temps dans le désert. Le ton est presque musical et les mots sont choisis avec soin.

En peu de pages, Marie Pavlenko parvient à rendre crédible et clair l’univers dystopique qu’elle met en place. Nous comprenons les modes de vie de ces derniers hommes, et aussi tout ce qui leur manque, notamment des connaissances sur le fonctionnement des arbres et de la biodiversité. Ces végétaux, qu’ils considèrent presque comme des ennemis, de simples marchandises, seraient en vérité leurs meilleurs alliés.

L’autrice décrit également très bien comment Samaa prend petit à petit conscience de la valeur d’un arbre, et du pouvoir régénérateur de celui-ci. Même si ce roman est très court, il est très intense, prenant, et délivre de façon très claire une revendication écologique. Une fois le livre refermé, nous ressentons un mélange de tristesse et d’espoir.

Cette très courte nouvelle, portée par une héroïne audacieuse, peut plaire à la fois aux amateurs de dystopie, mais également aux amoureux de films comme Princesse Mononoké, Mon Voisin Totoro ou Nausicaa de la Vallée du Vent, qui véhiculent ces mêmes messages écologiques.

Et le désert disparaîtra de Marie Pavlenko publié aux éditions Flammarion.

lundi 8 juin 2020

TAG livresque de A à Z !

 TAG livresque de A à Z !

 

 


Pour patienter avant une nouvelle chronique, voici un TAG qui existe depuis très longtemps dans la communauté livresque : le TAG livresque de A à Z. Le principe est simple, il faut citer autant de livres qu’il y a de lettres de l’alphabet. Chaque lettre correspond à une question. Pour corser un peu le défi, je vais essayer de ne pas citer La Passe-Miroir de Christelle Dabos et Harry Potter de JK Rowling à toutes les questions.

A pour Auteur – Auteur dont tu as lu le plus de livres. 


Il s’agit de la série Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire, écrite par Lemony Snickett et qui ne comporte pas moins de treize volumes. Tout comme le chiffre treize porte malchance, la vie de la fratrie Baudelaire est couronnée de mésaventures. Après le décès tragique de leurs parents, ils doivent échapper au terrible Oncle Olaff qui fait tout pour s’approprier leur héritage. Cette série pleine d’humour et de rebondissements m’a laissée un excellent souvenir ! Je la recommande chaudement aux petits comme aux grands.


B pour « Best » – La meilleure « suite » de série


Les disparus du Clairdelune de Christelle Dabos. Je manque déjà à ma parole, mais le deuxième tome de La Passe-Miroir est une merveille qui se doit d’être mentionnée. En effet, après la réussite magistrale du tome un, nombreux étaient les lecteurs qui craignaient que la suite ne soit pas à la hauteur du premier ! J’étais de ceux-là. J’ai depuis appris que Christelle Dabos ne nous déçoit jamais ! Les disparus du Clairdelune mêle une intrigue policière aux mœurs débridées de la cour du Pôle. Plongée au cœur d’un conflit qui la dépasse, Ophélie tente de tirer son épingle du jeu, et doit faire alliance avec son ours mal léché de mari...

C pour « Current » 


Je lis actuellement Mischling de d'Affinity Konar. Nous y suivons deux soeurs jumelles déportées à Auschwitz et servant de cobaye à Joseph Mengele durant de terribles expériences.


D pour « Drink » – La boisson qui accompagne tes lectures.


Je ne bois que rarement lorsque je lis, mais lorsque cela arrive, c’est généralement du thé.


E pour « E-book » – E-books ou romans papier ?


Livres papiers sans hésiter! L’odeur et le son des pages qui se tournent me manquent cruellement sur liseuse !


F pour « Fictif » – Un personnage fictif avec lequel tu serais effectivement sortie au lycée.


Le petit ami de Cat, Lévi, dans Fangirl de Rainbow Rowell. Il tolère la passion immodérée de sa petite amie pour la série Simon Snow, il aurait donc certainement accepté mon passe-temps tout à fait névrosé pour Harry Potter ou La Passe-Miroir.


G pour « Glad » – Un roman auquel tu es contente d’avoir donné une chance


Il y en a beaucoup, mes découvertes livresques sont généralement heureuses. Une de celles qui m’a marquée est a série Les Penderwick de Jeanne Birdsall. J’ai beaucoup rechigné à lire ce roman, mais une fois lancée, je me suis prise d’affection pour les sœurs Penderwick, les faisant entrer dans mon top 3 des romans préférés sur les frères et soeurs.


H pour « Hidden » – Un roman que tu considères comme un joyau caché.


Espérer le soleil de Nelly Chadour. J’en ai beaucoup parlé sur ce blog, mais je ne l’ai jamais vu mentionné chez les nombreux booktubeurs que je suis. Je suis donc contente d’être tombée sur cette petite merveille, qui mêle à la fois le fantastique et l’enquête policière, dans un futur alternatif.


 

I pour « Important » – Un moment important dans ta vie de lectrice. 


Lorsque ma mère m’a lu Miss Charity de Marie-Aude Murail. C’est à la fois un roman que nous avons toutes les deux adorées et c’est le dernier roman qu’elle m’a lu le soir avant que je m’endorme. Par la suite, j’ai totalement lu par mes propres moyens.


J pour « Juste » – Le roman que tu viens juste de finir.


On achève bien les chevaux de Horace McCoy que j'ai chroniqué ici !




K pour « Kind » – Le genre de romans que tu ne liras jamais


Ne jamais dire jamais !


L pour « Long » – Le roman le plus long que tu aies jamais lu 


Le Passage de Justin Cronin qui ne fait pas moins de 1008 pages ! La version grand format ressemble à un dictionnaire Larousse. Mais il faut bien toutes ces pages pour raconter le futur d'une humanité ravagée par d'étranges créatures nées d'expériences scientifiques ayant mal tourné...



M pour « Major » – Le roman qui t’a causé le plus gros « book hangover » (« trop plein » livresque – tu ne pouvais plus rien lire après ça) 


Après avoir lu le dernier tome de La Passe-Miroir, mes autres lectures me semblaient bien fades, tant j’étais hantée par La Tempête des Echos.


N pour « Nombre » – Le nombre de bibliothèques (meubles) que tu possèdes


Une seule, mais elle déborde de partout !

La bibliothèque de mes rêves

 

O pour « One » – Un roman que tu as lu plusieurs fois.


 Il y en a beaucoup, j’aime relire mes livres ! Pour ne pas toujours citer les mêmes, je dirai La Couleur des sentiments/The Help de Catherine Stockett. Ce roman suit la vie des bonnes Noires aux Etats-Unis durant la période ségrégationniste.



P pour « Préféré » – Ton endroit préféré pour lire.


Mon lit douillet !


Q pour « Quote » – Une citation, d’un livre que tu as lu, qui t’inspires ou qui te fait ressentir plein d’émotions


“Passer les miroirs, ça demande de s'affronter soi-même. Il faut des tripes, t'sais, pour se regarder droit dans les mirettes, se voir tel qu'on est, plonger dans son propre reflet. Ceux qui se voilent la face, ceux qui se mentent à eux-mêmes, ceux qui se voient mieux qu'ils sont, ils pourront jamais. Alors crois-moi, ça ne court pas les trottoirs !” Christelle Dabos, Les Fiancés de l'Hiver Cela me rappelle l’importance de l’honnêteté envers soi-même et envers les autres.

Christelle Dabos pour Lecture Jeunesse

R pour « Regret » - Un regret de Lecteur


Ne pas pouvoir de temps en temps plonger dans l’univers de mes livres préférés.


 

S pour « Série » – Une série que tu as commencée mais jamais finie (et dont tous les livres sont sortis).


Les enfants de la Terre de Jean M. Auel, qui se déroule au temps de la Préhistoire. Nous y suivons l’évolution du personnage d’Ayla, une jeune homo sapiens recueillie par des hommes de Néandertal. J’ai lu les deux premiers tomes de cette série assez jeune, et j’ai adoré. Je ne suis jamais cependant allée au-delà du tome trois. L’histoire me plaisait toujours autant, mais la longueur du roman m’a fait abandonner ma lecture. Je ne désespère pas de reprendre cette série un jour.

 

T pour « Trois » – Trois de tes livres préférés de tous les temps.


J’ai écrit un article à ce sujet juste ici !


U pour « Unapologetic » – Quelque chose dont tu n’éprouves absolument aucun remords d’être fan(girl).


Je n’ai aucun remord d’être fan de Harry Potter, même si je n’ai pas encore reçu ma lettre de Poudlard.

 

V pour « Very » – Un roman dont tu attends la sortie avec grande impatience, plus que celle des autres.

 Aucune idée ! Joker !


W pour « Worst » – Ta pire habitude livresque


Parfois je ne peut m’empêcher de lire la dernière page d’un livre.


X pour « X » – Commence à compter en haut à gauche de ton étagère (la plus proche) et prends le 27ème livre.


Il s’agit de Dom Juan de Molière, une pièce de théâtre mettant en scène les frasques d’un libertin athée et de son valet Sganarelle, que j’ai beaucoup aimé étudier.


Y pour « Your » – Ton dernier livre acheté  


Romance d’Arnaud Catherine, que j’ai d’ailleurs chroniqué ici !


Z pour « ZzZ » – Le livre qui ta volé ton ZzZ (le dernier livre qui t’a tenue éveillée bien trop tard la nuit). 


La Tempête des échos de Christelle Dabos (encore lui), que j’ai terminé à quatre heures du matin.

mercredi 27 mai 2020

On achève bien les chevaux de Horace McCoy

On achève bien les chevaux


Horace McCoy



On achève bien les chevaux / Horace McCoy

Dans les années trente, aux États-Unis, il ne fait pas bon courir après le rêve américain et le strass et les paillettes de Hollywood. C’est ce que découvrent à leurs dépens Robert et Gloria, deux personnes d’origine modeste espérant devenir figurants pour de grands films. Afin de gagner un peu d’argent, ils s’inscrivent ensemble à un marathon de danse pour espérer empocher une récompense de mille dollars. Mais la compétition est rude. Le principe de ce concours est très simple : il ne faut jamais cesser d’être en mouvement pendant cinquante-cinq minutes. Les participants ont droit à dix minutes de pause pendant lesquelles ils peuvent manger, dormir et se soigner. La durée du jeu est illimitée, et ne cesse véritablement que lorsqu’il ne reste plus qu’un couple en lice. Si, pendant l’épreuve, Robert y voit l’opportunité de se créer un réseau pour une carrière future, Gloria se laisse peu à peu sombrer dans la mélancolie, la rancœur et le mal de vivre, jusqu’à commettre l’irréparable…

J’avais entendu parler de ce roman grâce à la merveilleuse vidéo de LemonJune, qui m’avait donnée très envie de le lire ! Bien que courte, cette lecture laisse un souvenir mémorable.

Le contexte dans lequel se déroule l’histoire est très particulier et révoltant. Je n’avais jamais entendu parler de ces marathons de danse, qui ont pourtant bel et bien existé. L’auteur décrit combien la misère humaine est dressée en spectacle pour les plus offrants. Les organisateurs privilégient le sensationnel, allant jusqu’à mettre en scène de faux mariages ou à profiter des crimes d’un des candidats pour faire la publicité de l’évènement. Les danseurs sont tous des personnes démunies, ayant désespérément besoin d’argent ou en situation de fragilité. Outre Gloria et Robert, nous avons un aperçu des autres couples, parmi lesquels on trouve notamment une femme enceinte et une jeune adolescente en fuite.

La narration laisse également une impression très particulière. Nous suivons uniquement le point de vue de Robert. Nous entendons la voix du personnage, son langage familier et parfois cru, mais dans le même temps nous sommes frappés par la façon dont le jeune homme semble détaché du récit qu’il raconte. Mis à part une rapide mention des douleurs physiques, Robert ne s’attarde pas sur l’horreur de sa situation. Il détaille les faits de façon clinique, il est concentré sur lui-même, ses projets d’avenir, et sa volonté de réussir. Cela ne rend pas pour autant le récit plat et dépourvu d’action. Au contraire, nous ressentons une certaine angoisse lorsque Robert décrit les courses mises en place par les organisateurs pour éliminer plus vite les concourent et renforcer l’aspect spectaculaire du marathon. Nous en venons à éprouver le désir paradoxal que Robert et Gloria restent dans la course, car cela semble être la dernière solution qu’il reste aux personnages.

Ce court roman se déroule presque à huis clos. Les danseurs semblent coupés du monde, plus rien n’existe en dehors de la construction sur pilotis où ils s'entassent jours et nuits. Le passé ou l’avenir des protagonistes ne semblent plus véritablement compter. Même si Robert aspire à devenir réalisateur, il vit au jour le jour, profitant des repas chauds et sympathisant avec les différents sponsors. Quant à Gloria, son désir de mort et son dégoût du monde se renforcent à mesure que les jours passent, si bien qu’elle ne se projette plus du tout dans un futur proche ou lointain.

Gloria est un personnage à la fois fascinant, triste et mystérieux. Nous n’avons que le point de vue de Robert, qui ne la comprend pas, si bien qu’elle garde un voile secret. Cependant, le peu que nous en livre l’auteur sur son passé suffit à nous laisser comprendre qu’il s’agit d’une jeune femme blessée par la vie, abîmée par les violences qu’elle a subi et profondément dégoûtée du monde qui l’entoure et qui ne semble pas présenter un avenir viable. Cela est particulièrement frappant dans son désir qu’elle a de ne pas avoir d’enfants, pour ne pas qu’ils se transforment en adultes pauvres et esclaves de l'argent. Contrairement à Robert, Gloria ne se laisse pas prendre au jeu de la compétition. Elle pose un regard désabusé sur le monde des sponsors, sur le public et les autres danseurs. C’est également un personnage très moderne, mordant et qui a du répondant. Elle n’hésite pas à défendre la liberté des femmes face à une morale austère, et qui cache souvent plus de vices qu’il n’y paraît.

On achève bien les chevaux est donc un roman poignant, dur et sombre, où les personnages semblent condamnés, mais qui dans le même temps pointe du doigt la cruauté et la bêtise humaine, ainsi que son goût pour le spectacle et le morbide. Si vous avez le cœur bien accroché, et si vous désirez en savoir plus sur ce fait historique peu connu, ce roman est fait pour vous !

On achève bien les chevaux de Horace McCoy publié aux éditions Folio.

La vidéo de Lemon June :


lundi 18 mai 2020

Mazzie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg

Mazzie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés


Jami Attenberg


Mazzie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés de Jami Attenberg


Dans le Manhattan de l'année 1918, nous suivons le personnage de Mazzie, une femme solaire, charitable, intrépide et non-conventionnelle. Elle est très appréciée par les habitants du quartier où elle vit, qui la considèrent presque comme une mascotte. Elle tient la caisse du cinéma le Venice. Derrière le comptoir qu’elle surnomme « la cage », Mazzie fait des rencontres aussi étonnantes que belles. Elle rentre véritablement dans la légende New-yorkaise lorsque durant la Grande Dépression, elle met à profit son argent et son temps pour aider les sans-abris de Manhattan.

Mais ce roman, principalement sous la forme du journal intime de l’héroïne, se concentre beaucoup sur l’ « envers du décors » de ce personnage. En effet, la vie de Mazzie n’est pas rose. L’auteur dépeint une héroïne qui rêve de liberté, mais qui dans le même temps ne peut se résoudre à abandonner sa sœur, qu’elle aime profondément. Elle fait souvent passer le bonheur des autres avant le sien. Mazzie n’est pas une sainte immaculée, mais une femme aux prises avec plusieurs démons, notamment celui de l’alcool. Elle est également hantée par des blessures profondes et traumatisantes. Cependant, ce livre n’est pas plombant pour autant, la joie de vivre de l’héroïne, ainsi que sa volonté de fer, nous font dévorer ce roman !

Comme les habitués des bars clandestins, nous succombons rapidement au charme de Mazzie ! J’étais triste de la quitter. J’ai également ressenti de l’affection pour les autres personnages, notamment la sœur Ti, avec qui Mazzie se lie d’amitié, et qui est dévouée elle aussi à la cause des plus pauvres, et qui apporte beaucoup de joie à la jeune femme. J'ai également apprécié Jeanie, la jeune sœur de Mazzie, une danseuse audacieuse, un véritable électron libre. Contrairement à son aînée, elle parvient à s’émanciper du quartier où elle vit.

J’ai aussi aimé le système des voix narratives mis en place par l’auteur. Outre le journal de Mazzie, nous avons également des interviews de voisins, d’éditeurs, et des extraits d’une autobiographie posthume de la jeune femme. Cela nous permet d’avoir plusieurs points de vue sur son histoire, et de nous rendre compte de l'ampleur de sa célébrité.

Enfin, la grande force de ce roman est qu’à travers le regard de Mazzie, nous sommes totalement immergés dans ce New York de la Grande Dépression. Nous ressentons l’animation du quartier.
Mazzie Gordon telle qu’elle est dépeinte dans le roman est un personnage de fiction, même si un article à propos d’une femme éponyme est parue dans la presse dans les années 1930.

Je conseille ce roman à tous ceux qui aiment les héroïnes atypiques et touchantes et les romans historiques. Le charme de Mazzie est irrésistible !

Mazzie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés Jami Attenberg publié aux éditions Les Escales.

J'avais pour la première fois entendu parler de ce roman dans la vidéo de Lemon June:



lundi 11 mai 2020

Félines de Stéphane Servant

Félines


Stéphane Servant



Félines / Stéphane Servant


Les jeunes filles du monde entier voient leurs vies bouleversées lorsque, sans aucune raison apparente, leur corps et leur visage se couvrent de poils drus. D’abord incrédules, les autorités les surnomment les Obscures, tandis qu’elles se définissent comme Félines. Les tensions montent entre les gouvernements qui désirent les emprisonner et les écarter de la société et les jeunes filles elles-mêmes qui souhaitent ne pas être considérées comme des bêtes, mais comme des humaines. Car elles ne sont pas victimes d’une maladie. Leur Mutation semble être le fruit d’une modification inopinée de leur deuxième chromosome X, devenu chromosome O. Autrement dit, elles sont l’avenir. Et elles sont déjà là.

Ce roman est une excellente lecture ! Le style rapide et fluide de l’auteur m’a happée dans le récit. J’ai également aimé le procédé consistant à présenter cette histoire fictive comme un témoignage. A travers ce récit, Stéphane Servant aborde de façon intéressante de nombreux sujets.

Tout d’abord, la Mutation des Félines touche prioritairement des jeunes filles, souvent victimes de violences. L’héroïne, Louise, a par exemple été victime d’un viol, d’autres, comme Alice, subissent une pression de la part de leurs parents. Comme le suggère un des personnages, Fatia, la Mutation à laquelle sont sujettes les jeunes filles est comme une réaction à toutes les oppressions subies à cause de la société, et de certains hommes.

L’auteur aborde également la question de la propagande, et du fait que la peur soit la meilleure arme pour mettre en place un régime autoritaire. Ce schéma peut sembler être du déjà vu dans la littérature ado, mais je trouve qu’ici la force de Stéphane Servant est de faire se dérouler cette prise de pouvoir à notre époque, et non pas dans un temps plus lointain. Cela donne un côté plus palpable aux bouleversements décrits dans le livre, et rend également davantage réaliste le fait que Félines est censé être un témoignage.

Les particularités physiques des Félines et le rejet qu’elles subissent peuvent aussi être liées au racisme, et le voile intégral dont on veut les affubler peut aussi faire penser aux extrémistes des différentes religions monothéistes.

Félines traite aussi le sujet du traumatisme et de la reconstruction de soi, notamment à travers le personnage principal, qui a des cicatrices sur tout le corps, et vit sa transformation presque comme une libération. Sa fourrure lui permet finalement de se libérer du regard des autres sur son corps, et au lieu de se cacher, Louise se met à nue et fait entendre sa voix, notamment en racontant son histoire sous forme de témoignage.

Le roman de Stéphane Servant est donc à la fois féministe, visionnaire et engagé. Il revient avec justesse sur des questions de sociétés à travers cette idée de Mutation, et nous pousse à nous interroger sur nos propres réactions face à l’inconnu, à ce qui nous est étranger. Je le recommande à tous les adeptes de dystopies ou de romans d’anticipations, mais aussi à ceux qui peuvent se sentir lassés de ce genre. L’auteur apporte un vent de fraîcheur en faisant de son histoire un récit intemporel, qui pourrait très bien se dérouler en ce moment. Félines nous invite à sortir nos griffes et à lutter.

Félines de Stéphane Servant publié aux éditions du Rouergue.

lundi 4 mai 2020

Romance d'Arnaud Cathrine

Romance

Arnaud Cathrine


Romance/ Arnaud Cathrine


Vince, 17 ans, ne rêve que d’une chose : vivre une grande histoire d’amour. Mais difficile d’atteindre cet objectif lorsque l’on est homosexuel et que le seul autre gay de notre lycée ne nous attire pas spécialement. Alors Vince attend, il observe les garçons dans le métro, et note dans un carnet une description de ceux qui retiennent son attention, qu'il surnomme ses « garçons volés ». Toute sa vie bascule lorsque ses sentiments envers son meilleur ami d’enfance changent. Peut-être Vince va-t-il vivre enfin sa première histoire d’amour...

Ce roman d’Arnaud Cathrine est une claque, un uppercut d’émotions. Dès les premières pages, avec son écriture tranchante, brutale et crue, il parvient à nous faire nous attacher au personnage de Vince. Comme lui, nous ressentons de la colère face à l’homophobie ordinaire, aux insultes dont il est victime. Comme lui, nous ressentons la solitude et le désir de rencontrer un être unique, parfait, de faire l’amour, de vivre une grande histoire bouleversante.

Arnaud Cathrine parvient à rendre de façon crédible le langage des adolescents, les pensées, les doutes et les envies qui peuplent notre imaginaire. J’ai eu plaisir à voir se développer les relations entre les protagonistes, la naissance de cette histoire d’amour si particulière, les beaux moments que les deux jeunes gens ont vécu ensembles.

En peu de pages, l’auteur parvient également à nous montrer la brutalité de la réalité, la difficulté d’assumer son homosexualité, la violence que l’on peut subir, et la douleur du premier vrai chagrin d’amour.

Arnaud Cathrine aborde aussi une facette de notre sexualité souvent peu évoquée : celui de la recherche, du fait que parfois on puisse faire des expériences avec des filles ou des garçons, par curiosité, sans véritable attirance. Sans porter de jugement, il illustre bien la douleur que cela peut susciter lorsque le partenaire au contraire s’attache à la personne, et souligne donc l’importance du fait d’être au clair dans ses intentions, de ne pas cacher ses véritables motivations, de ne pas jouer avec les sentiments d’autrui.

Avec le point de vue de Vince, nous comprenons également la douleur que peut ressentir une personne lorsqu’elle se rend compte que l’autre ne l’aime pas de la bonne manière. L’attachement et la dépendance de Vince vis à vis de son ami est de plus en plus perceptible au fil des pages.

Avec ses chapitres courts, Romance nous happe et nous ne pouvons nous empêcher de lire. Cette histoire d’amour se vit pleinement. Même si elle n’est pas toujours belle, elle est à découvrir absolument !

Romance d’Arnaud Cathrine aux éditions R-jeunes adultes.

mardi 24 mars 2020

Bonus #3

Bonus #3


En ces temps d'épidémie, il est important de garder contact avec ses proches, via les appels téléphoniques, les SMS, les lettres. Je partage ici les dessins qu'une amie très chère m'a transmis par mail. Ceux-ci sont la démonstration de notre amitié aussi efficaces que tous les mots, rires et confidences que nous pouvons échanger.


Hermione Granger d'Harry Potter par Poohnie



Ophélie de La Passe-Miroir par Poohnie.
 Les précédents dessins de Poohnie sur ce blog ici et

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