Mazzie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés
Jami Attenberg
Dans le
Manhattan de l'année 1918, nous suivons le personnage de Mazzie, une
femme solaire, charitable, intrépide et non-conventionnelle. Elle
est très appréciée par les habitants du quartier où elle vit, qui
la considèrent presque comme une mascotte. Elle tient la caisse du
cinéma le Venice. Derrière le comptoir qu’elle surnomme « la
cage », Mazzie fait des rencontres aussi étonnantes que
belles. Elle rentre véritablement dans la légende New-yorkaise
lorsque durant la Grande Dépression, elle met à profit son argent
et son temps pour aider les sans-abris de Manhattan.
Mais ce
roman, principalement sous la forme du journal intime de l’héroïne,
se concentre beaucoup sur l’ « envers du décors » de
ce personnage. En effet, la vie de Mazzie n’est pas rose. L’auteur
dépeint une héroïne qui rêve de liberté, mais qui dans le même
temps ne peut se résoudre à abandonner sa sœur, qu’elle aime profondément.
Elle fait souvent passer le bonheur des autres avant le sien. Mazzie
n’est pas une sainte immaculée, mais une femme aux prises avec
plusieurs démons, notamment celui de l’alcool. Elle est également
hantée par des blessures profondes et traumatisantes. Cependant, ce
livre n’est pas plombant pour autant, la joie de vivre de
l’héroïne, ainsi que sa volonté de fer, nous font dévorer ce
roman !
Comme
les habitués des bars clandestins, nous succombons rapidement au
charme de Mazzie ! J’étais triste de la quitter. J’ai
également ressenti de l’affection pour les autres personnages,
notamment la sœur Ti, avec qui Mazzie se lie d’amitié, et qui est
dévouée elle aussi à la cause des
plus pauvres, et qui apporte beaucoup de joie à la jeune femme. J'ai également apprécié Jeanie, la jeune sœur de Mazzie, une danseuse audacieuse, un véritable électron libre. Contrairement à son aînée,
elle parvient à s’émanciper du quartier où elle vit.
J’ai
aussi aimé le système des voix narratives mis en place par
l’auteur. Outre le journal de Mazzie, nous avons également des
interviews de voisins, d’éditeurs, et des extraits d’une
autobiographie posthume de la jeune femme. Cela nous permet d’avoir
plusieurs points de vue sur son histoire, et de nous rendre compte de
l'ampleur de sa célébrité.
Enfin,
la grande force de ce roman est qu’à travers le regard de Mazzie,
nous sommes totalement immergés dans ce New York de la Grande
Dépression. Nous ressentons l’animation du quartier.
Mazzie
Gordon telle qu’elle est dépeinte dans le roman est un personnage
de fiction, même si un article à propos d’une femme éponyme est
parue dans la presse dans les années 1930.
Je
conseille ce roman à tous ceux qui aiment les héroïnes atypiques
et touchantes et les romans historiques. Le charme de Mazzie est
irrésistible !
Mazzie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés Jami Attenberg publié aux éditions Les Escales.
J'avais pour la première fois entendu parler de ce roman dans la vidéo de Lemon June:
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