Les loyautés
Delphine de Vigan
L’auteure de Rien ne s’oppose à la nuit revient cette
fois avec une fiction. Dans Les Loyautés nous suivons une palette de
personnages ayant tous un passé difficile ou un lien avec l’alcool. Hélène, une
professeure de sciences, a subi les violences d’un père alcoolique, Cécile,
issue d’un milieu populaire, a vu son propre père se transformer en une épave à
cause de la boisson, enfin Théo, 12 ans, cherche à oublier ses problèmes
familiaux en s’étourdissant dans l’alcool afin de finir dans un comas
salvateur.
Cette histoire est à la fois très courte mais en même temps
très prenante. En quelques phrases Delphine de Vigan parvient à nous dépeindre
le passé et le portrait psychologique de ses héros. Ils ont à la fois une
grande fragilité et en même temps une grande sensibilité, ce qui fait leur
force. Hélène notamment remarque immédiatement que Théo ne va pas bien, même si
elle ne connaît pas exactement la cause de son mal être.
Il est aussi très impressionnant de voir comment les
protagonistes vont peu à peu approcher chacun à leur manière les frontières de
la folie. Cécile, qui s’efforce d’oublier d’où elle vient, ne cesse de se
parler à elle-même, au point que cela en devienne pathologique. Cependant, ce
besoin lui est nécessaire depuis qu’elle a découvert que son mari n’était pas
l’homme qu’elle croyait. Hélène quant à elle, prend très à cœur le cas de Théo,
ne pouvant s’empêcher de s’identifier à cet élève au point d’être prête à
transgresser toutes les règles.
Delphine de Vigan parvient également à faire converger tous
ses personnages autour de Théo, qui est véritablement l’axe central du récit.
Chacun d’eux à un lien plus ou moins proche avec le collégien. Cette façon de
faire m’a beaucoup plu, j’ai aimé suivre le fil déroulé par la narratrice. Le
fait que le héros soit très jeune rend également d’autant plus choquant son
problème d’alcoolisme et nous incite à la vigilance et à la prudence.
Le style d’écriture de l’auteure, toujours aussi beau, mêle
là encore une certaine poésie, un beau rythme, avec des tournures simples qui
font que l’on ne peut s’empêcher de dévorer l’histoire.
Enfin, la fin est particulièrement angoissante, bien que je
la trouve un peu abrupte. J’aurais préféré avoir quelques pages de plus pour
pouvoir quitter les protagonistes en douceur.
Mais ce bémol est très minime. Je recommande donc chaudement
le nouveau livre de Delphine de Vigan à la fois pour sa palette de héros
marqués par la vie et les épreuves et la charpente du récit qui fait converger
les points de vue vers Théo.
Attention cependant pour ceux qui ont l’habitude de plonger
dans la vie intime de l’auteure, rien dans cet ouvrage ne semble relié à son
passé. Mais si vous avez aimé ses romans de fiction comme No et moi, Les
loyautés vous plairont certainement !
Les Loyautés de Delphine de Vigan publié aux éditions JC
Lattès.
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