La Bienfaitrice
Elizabeth von Arnim
Anna, une jeune femme de 25 ans davantage intéressée par la philosophie que par le fait de se trouver un mari, ne supporte plus de vivre aux crochets de Suzie, sa belle-sœur. La chance tourne miraculeusement en sa faveur lorsqu’un vieil oncle lui lègue une demeure en Allemagne. La jeune fille s'installe alors là-bas et décide d’aider à son tour les jeunes filles sans le sou. Elle va alors envoyer des annonces pour accueillir douze personnes sans ressources. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…
Ce roman est une agréable lecture, même si j’ai eu quelques soucis avec la fin. Tout d’abord je tiens à préciser que je n’avais jamais entendu parler de cette auteure alors qu’elle a apparemment eu beaucoup de succès de son vivant.
Je trouve ce succès totalement justifié, notamment par l’atmosphère du récit. Le ton qu’emploi l’écrivaine n’est pas sans rappeler celui de Jane Austen dans Orgueil et Préjugés. Elle se moque de ses personnages, aussi bien des élues d’Anna que de son héroïne elle-même. Elle fait également preuve de beaucoup d’humour, j’ai ris à de nombreux passages !
Celle qui m’a tout d’abord beaucoup amusée est Suzie, la belle-sœur de notre héroïne. C’est une femme sans distinction, mais prétentieuse, qui se pense au-dessus des autres et qui ne fait rien par véritable charité mais simplement pour être remerciée et pour en tirer une gloire personnelle. Son mauvais caractère a donné lieu à des moments très drôles, notamment lorsqu’elle découvre avec horreur les mœurs allemandes qu’elle juge barbare !
Letty, la fille de Suzie, est également amusante et touchante par son innocence, sa naïveté qui peut parfois conférer à la bêtise. Elle entraîne de nombreux rebondissements dans l’histoire. Sa professeure, Miss Leech, est presque pire que son élève. L’auteure se moque gentiment d’elle en contant qu’elle rêve encore au prince charmant en la personne d’un homme qu’elle n’a jamais pu épouser.
Elizabeth von Arnim relate aussi magnifiquement bien les querelles, les ragots et la pingreries des gens du village où s’installe Anna. Elle explique combien une simple petite erreur d’étiquette peut offenser mortellement des individus et les faire devenir des ennemis impitoyables.
Mais ce que j’ai préféré dans le roman c’est la façon dont l’auteur réduit petit à petit à néant le rêve d’Anna. Les élues de la jeune femme sont en effet loin d’être sympathiques et la bienfaitrice elle-même a dû mal à rester toujours aussi dévouée à leur égard.
L’autre point que j’ai aussi bien aimé est qu’Anna, contrairement à d’autres héroïnes, n’est pas une personne qui tombe amoureuse du premier venu.
A ce stade de mon article je recommande à ceux qui n’ont pas lu le roman de ne pas lire ce passage pour éviter de leur gâcher leur lecture.
Or Axel Lohm, un voisin de la jeune femme, décide de l’aider dans la gestion de son domaine. Ils deviennent amis et nous nous doutons qu’Axel est amoureux d’Anna bien que celle-ci ne ressente que de l’amitié pour lui. Lorsque Axel lui fait sa déclaration, (qui d’après moi tombe un peu comme un cheveu sur la soupe), Anna le repousse en lui affirmant qu’elle n’est pas amoureuse de lui.
Cela m’a paru logique et changeait agréablement des retournements de situation habituels. Mais, à ma grande déception, l’auteure a mis en place un rebondissement faisant en sorte qu’Axel se retrouve en prison pour une faute qu’il n’a pas commise. Faisant tout pour le libérer, Anna se rend compte brusquement qu’elle est amoureuse de lui et décide de l’épouser.
J’ai trouvé ces passages très rapides et je n’ai pas compris pourquoi l’auteure a tenu à faire tomber son héroïne amoureuse. Je trouve que cela gâche un peu la fin du récit. J’ai aussi dû mal à savoir qu’elle morale l’auteur désire faire passer. Au départ j’avais l’impression qu’elle sous-entendait qu’une femme n’avait pas forcément besoin d’un mari dans sa vie, et même si elle mettait en garde contre les idéaux via le personnage d’Anna, je trouvais qu’elle avait un esprit très novateur. Au vue de la fin, j’ai l’impression qu’Elizabeth von Arnim s’est rangée dans la morale de son époque, ce qui peut se comprendre, le roman ayant été publié en 1901, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver une pointe de déception.
Ceux qui n’ont pas lu le livre peuvent à présent reprendre leur lecture
Malgré ce petit point noir je recommande fortement La Bienfaitrice à tous les amateurs de Jane Austen, de Charlotte Brontë pour son humour et son originalité!
La Bienfaitrice d'Elizabeth von Arnim publié aux éditions Archipoche.