Bilqiss est une femme condamnée à être lapidée pour avoir prononcé l'appel à la prière alors que ce n'était pas son rôle. Seule à la barre, refusant d'avoir un avocat, elle répond à ses oppresseurs avec une verve et une intelligence qui la font connaître à travers le monde. Bientôt une jeune journaliste américaine s'empare de l'affaire et décide de partir à la rencontre de la condamnée.
J'ai véritablement adoré ce roman ! Il a été pour moi une découverte totalement fortuite, je ne connaissais absolument pas l'auteure ou l'histoire avant de l'avoir entre les mains ! Tout m'a plu, depuis le personnage de Bilqiss que j'ai trouvé très bien construit et réaliste. C'est une femme forte, courageuse, intelligente, qui a une verve incroyable. Mais elle peut être aussi froide, terrible, blessante. Elle n'accepte pas la pitié ou le fait d'être traitée comme une héroïne, comme le désirerait la journaliste américaine, Léandra. Grâce à son savoir elle parvient à troubler l'homme qui mène le procès, elle remet en question son interprétation du Coran et de l'Islam.
L'auteure nous fait voir le procès de Bilqiss à travers trois points de vue: celui de la condamnée, celui du juge et celui de la journaliste américaine. Cela est très intéressant puisque nous entendons à la fois le personnage principal, mais également son bourreau, qui porte la parole et le point de vue des oppresseurs des femmes. La jeune journaliste, pleine d'idéaux, nous invite à nous remettre en question puisqu'elle incarne le point de vue que nous Occidentaux pouvons porter sur les femmes martyrs du monde oriental. C'est une jeune femme à la fois touchante par ses bonnes intentions mais en même temps détestable pour sa naïveté, sa foi en des idéaux, sa volonté de faire de Bilqiss une héroïne digne d'un roman. Au début de son périple, elle est pleine de rêves, elle vit tout cela comme une aventure. C'est au fil de ses conversations avec la condamnée qu'elle réalise véritablement l'horreur de la situation.
L'évolution du juge est également intéressante. Nous assistons à son amour, son obsession pour Bilqiss et la progressive naissance de sa haine envers la jeune femme. C'est un homme déchiré entre la loi qu'il doit respecter et ses sentiments. Il a le pouvoir mais est au fond presque aussi prisonnier que Bilqiss.
L'écrivaine nous dresse le portrait d'une société prisonnière de règles absurdes que l'on tente de contourner à la moindre occasion, où chacun meurt à petit feu. Bilqiss représente toutes les femmes opprimées, écrasées, qui ne veulent que s'exprimer et s'épanouir.
Le récit est assez court, mais l'auteure parvient à bien développer les personnages et l'intrigue. Son style est fluide, simple et incisif.
C'est un roman bouleversant et poignant qui vous marquera pour longtemps.
Bilqiss de Saphia Azzeddine.
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