La rigole du diable
Sylvie Granotier
Catherine,
une jeune avocate prometteuse, est ravie. Elle vient enfin de
décrocher un procès en assise, qui lui permettra sûrement de
prendre du galon en temps que membre du barreau. Sa cliente, Miriam,
une jeune gabonaise récemment arrivée en France suite à des
circonstances tragiques, est accusée d’avoir assassiné son époux
Gaston, afin de toucher son héritage. Pour Catherine, sa cliente est
victime du racisme ordinaire et de la cupidité de la famille de
Gaston, qui ne peut supporter que la jeune femme soit l’héritière
de la fortune du défunt. Alors que l’avocate se rend dans la
Creuse pour couvrir le procès, elle réalise que son propre passé,
douloureux et tragique, pourrait bien la rattraper. En effet
vingt-ans plus tôt sa mère est morte assassinée sauvagement. Et si
Catherine se rapprochait sans le savoir de l’assassin ?
J’ai
emprunté ce roman complètement par hasard, en voulant simplement
savourer une enquête policière couplée d’un suspense haletant,
pourtant je dois admettre que je suis plutôt déçue par ma lecture.
Le
personnage de Catherine m’a tout d’abord posée problème. En
effet je trouve qu’elle est l’archétype de l’héroïne de
roman policier, c’est-à-dire belle, pourvue d’un passé tragique
et douloureux, d’une carrière exigeante et d’une vie amoureuse
et sexuelle débridée, bien que souffrant parfois d’un manque de
vrai amour… J’ai trouvé que Catherine rentrait un peu trop dans
les codes habituels. Malgré tout, je suis quand même parvenue à
m’attacher à elle et à la suivre dans son aventure jusqu’au
bout. C’est pourquoi je peux évoquer mon deuxième problème,
l’intrigue, ou plutôt, son dénouement.
Durant
tout le roman, l’auteure parvient à développer de façon
équilibrée deux axes majeurs : le procès de Miriam et le passé
de Catherine. Nous découvrons à tâtons avec le personnage divers
éléments pouvant l’aider à reconstituer des traces de sa mère.
Sylvie Granotier parvient à faire progressivement monter une tension
à mesure que nous progressons vers le dénouement ! Elle nous
donne même le point de vue de potentiels meurtriers ou personnages
dangereux pour Catherine, ce qui nous plonge dans une angoisse
semblable à celle qu’éprouve parfois l’héroïne. L’écrivaine
parvient aussi à dresser le portrait de nombreux personnages
secondaires.
Mais la
fin de La rigole du diable m’a
fait l’effet d’un pétard mouillé, d’un feu d’artifice trop
vite éteint… Le point culminant tant attendu du récit est relaté
beaucoup trop rapidement à mon goût. Pour commencer, avant d’en
avoir une confirmation explicite, j’avais déjà deviné qui était
le meurtrier. De plus, lorsque Catherine est confrontée à celui-ci,
je trouve que la scène passe trop rapidement. Le sort du coupable
est expédié en quelques lignes et nous n’avons pas vraiment de
détails sur le cheminement parcouru par l'avocate pour en
arriver à cette conclusion.
Le
procès de Miriam n’a également pas le grandiose que nous pouvions
espérer. Là encore, au lieu d’être théâtrale, détaillée,
l’affaire est expédiée en à peine un chapitre. Il
y a certes un petit retournement de situation mais cela ne change pas
vraiment le cours des évènements, Catherine continue toujours de
défendre sa cliente.
[Spoiler
alert] Le
lecteur peut aussi avoir l’impression de rester sur sa faim lorsque
le roman se termine, puisque nous n’en savons pas plus sur les
motivations de Miriam qui l’ont poussées à dissimuler des
éléments importants à son avocate ou qui a mis le cyanure
dans la nourriture de Gaston. Tout
est beaucoup trop rapide !
Ce
point négatif est vraiment très problématique pour moi puisque la
fin dans un roman est déterminante. Ainsi, je ne peux même pas
vraiment qualifier ce roman de bonne lecture, mais de lecture
passable, qui m’a laissée insatisfaite.
La Rigole du diable de Sylvie Granoiter publié aux éditions Albin Michel.