En ces temps d'épidémie, il est important de garder contact avec ses proches, via les appels téléphoniques, les SMS, les lettres. Je partage ici les dessins qu'une amie très chère m'a transmis par mail. Ceux-ci sont la démonstration de notre amitié aussi efficaces que tous les mots, rires et confidences que nous pouvons échanger.
Hermione Granger d'Harry Potter par Poohnie
Ophélie de La Passe-Miroir par Poohnie.
Les précédents dessins de Poohnie sur ce blog ici et là
Après
la mort de son petit-ami Jim dans des circonstances inexpliquées,
Béatrice s’éloigne de son groupe d’amis, et mène une morne
existence auprès de ses parents. Ne pouvant cependant trouver la
paix, elle décide d’aller confronter ses amis un soir de tempête,
pour en apprendre davantage sur leur rôle dans cet évènement
tragique. En effet, ils semblent cacher un secret. Mais, alors
qu’ils sont tous en voiture, ils sont percutés par un chauffard
ivre et se retrouvent piégés dans le Neverworld, une faille dans
l’espace temps, où ils revivent indéfiniment la même journée.
Coincés entre la vie et la mort, le seul moyen de sortir de cette
boucle temporelle est de voter pour qu’une des personnes revienne à
la vie, tandis que les autres mourront pour de bon.
J’ai entendu parler de ce roman sur la chaîne d’Audrey-Le Souffle desMots. Ce livre est pour elle une assez bonne lecture, bien que son
avis soit plutôt mitigé, et qu’elle ait moins apprécié sa
lecture que ce qu’elle avait prévu. Le résumé du roman
m’intriguait cependant, et lorsque je l’ai vu en bibliothèque,
j’ai sauté sur l’occasion !
Je suis
plutôt satisfaite de cette découverte. Tout d’abord, j’ai
beaucoup aimé découvrir le fonctionnement du Neverworld. L’autrice
parvient à mettre en place différentes étapes très pertinentes. Dans un premier temps, les personnages nient la réalité, en ne voulant pas
croire qu’ils puissent véritablement être coincés dans une même
journée. Ensuite, certains d’entre eux profitent du fait qu’ils
puissent agir en toute impunité pour commettre les délits les plus
atroces, en ayant l’assurance que leurs victimes oublieront tout le
lendemain. Enfin, ils vont peu à peu percer les secrets de ce monde
et les mettre à profit pour tirer au clair les circonstances de la
mort de Jim.
/!\
spoiler ! Le Neverworld est bien plus qu’une simple boucle
temporelle, c’est également un univers basé sur un roman, que l’un des autres personnages, Martha, ne cesse de relire. Cet ouvrage,
constitué d’univers parallèles et de voyages dans le temps, donne
plus d’épaisseur au monde décrit, et permet ainsi aux
protagonistes de voyager dans le temps, toujours sur une seule
journée, pour progresser dans leur enquête. Ce procédé m’a
semblé très ingénieux, car non seulement on en apprenait davantage
sur les circonstances de la mort de Jim et le passé des personnages,
mais en plus le Neverworld et son aspect fantastique n’étaient pas
mis de côté. L’autrice parvient donc à gérer ses deux
tableaux : l’enquête policière et la dimension surnaturelle
de son roman.
L’histoire
est aussi bien menée. Il n’y a pas de moments de flottements, les
actions s’enchaînent, et les retournements de situation arrivent
presque toujours à nous surprendre. La fin a certes un côté
prévisible, mais dans le même temps l’autrice parvient à
instaurer un retournement de situation inattendu.
L’intrigue,
la charpente et le déroulement de l’histoire sont donc pour moi
les gros points forts de ce livre. Cependant, un bémol m’a
dérangée tout au long de ma lecture : les personnages. Ce
point a déjà été abordé par Audrey dans sa vidéo, et je la
rejoins sur l’idée qu’aucun des protagonistes n’est
véritablement appréciable. En effet, les amis de Béatrice
apparaissent pour la plupart comme des adolescents insouciants et
écervelés, qui bénéficient d’une vie facile grâce à la
richesse de leur famille. Jim, la victime de l’histoire, semble dès
le début n’être pas du tout le prince charmant et le garçon
merveilleux décrit par la jeune fille et son entourage. Quant à
l’héroïne, elle laisse transparaître parfois une naïveté qui
frise la bêtise, bien que la fin du roman donne plus de profondeur à
son personnage.
Cela
place donc la lecture dans un angle particulier. En effet, cette idée
de vote pourrait instaurer un enjeu émotionnel, si nous craignions
pour la vie d’un de nos personnages préférés. Or, ici, puisque
aucun ne suscite vraiment notre sympathie, notre attente du résultat
du vote tient plus de la volonté de voir réaliser notre prévision.
De plus, les protagonistes sont parfois stéréotypés. Béatrice
représente la gentille fille, Whitney la belle adolescente
colérique, Carton le génie de l’informatique, Martha, le rat de
bibliothèque à l’intelligence surdimensionnée, Jim, le faux
prince charmant et Kipling le meilleur ami de l’héroïne.
Cependant, l’autrice parvient à la fin à jouer avec cette image
clichée des personnages lors d’un des retournements de situation
de la fin, en mettant en perspective nos propres a priori sur eux.
Mais cette remise en question intervient vraiment tard dans le roman, et
n’annule pas véritablement l’impression qu’ils nous font
ressentir tout au long de notre lecture.
Cela ne me dérange pas de n’avoir aucune affection pour les
protagonistes, il y a certains héros de roman que l’on aime suivre
même s’ils sont détestables, et parfois parce qu’ils le sont, mais ici je trouvais qu’ils manquaient parfois de
profondeur, que nous restions trop en surface.
Ils
effectuent certes un cheminement dans le Neverworld, mais nous nous
sentons toujours à distance d’eux, sans doute également à cause
du fait que l’héroïne, qui est aussi la narratrice, n’a plus
rien en commun avec ses anciens amis.
Ainsi,
je recommande la lecture du Matin de Neverworld pour
la richesse de son univers, la capacité de l’autrice à mettre en
place à la fois une enquête policière qui tienne la route mais
également un monde parallèle où les règles sont totalement
différentes de notre réalité. Le peu d’attachement que nous
éprouvons pour les protagonistes n’empêche pas de savourer le
suspense établi pas l’autrice.
Le matin de Neverworld de Marisha Pessl publié aux éditions Gallimard Jeunesse.