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lundi 26 mars 2018

J’ai avalé un arc-en-ciel d'Erwan Ji


J’ai avalé un arc-en-ciel.

 

Erwan Ji 

J’ai avalé un arc-en-ciel / Erwan Ji

 

Capucine, une franco-américaine, se prépare à faire sa rentrée pour sa dernière année de lycée. Elle n’a qu’une hâte, pouvoir bénéficier de tous les privilèges des seniors, notamment participer à la grande compétition de pistolets à eau de fin d’année ou de bénéficier parfois de plus d’indulgence de la part des surveillants qui les connaissent bien. Mais ses projets vont être bouleversés par l’arrivée d’une nouvelle élève, Aiden. Capucine va alors éprouver des sentiments qu’elle n’aurait jamais cru ressentir un jour…

Ce roman a reçu beaucoup de critiques positives. Dans la bibliothèque où j’ai été l’emprunter, il était même classé « coup de cœur des ados ». J’étais cependant tombée sur les vidéos de deux booktubeuses, Mx Cordélia et Audrey-Le souffle des mots, qui n’avaient pas apprécié leur lecture. Alors, en voyant ces avis si divergents, j’ai décidé de me faire ma propre opinion sur ce roman.

L’histoire est moins pire que ce que je craignais. Mais je reste mitigée sur plusieurs points.

Tout d’abord la représentation du lycée américain. Cette vision semble très idéalisée. Le lycée est pour des adolescents bourgeois ce qui permet aux élèves d’avoir un Macbook offert en début d’année, sans oublier le nombre incroyable de fêtes organisées (presque chaque semaine). Pour couronner le tout, les professeurs sont attentifs et plutôt bienveillants.

J’ai peine à croire que tout soit si rose ! Cette vision ressemble à celle que l’on peut avoir d’un point de vue extérieur, en regardant des séries par exemple. De plus, l’héroïne affirme également au début du livre qu’il n’y a pas de harcèlement dans son établissement. Mais, comme l’a signalé Mx Cordélia dans sa vidéo, elle se fait bel et bien harcelée par deux filles qui menacent de révéler son amour pour Aiden.

Ensuite, j’ai eu dû mal à apprécier le personnage de Capucine. Tout d’abord, j’ai trouvé que l’auteur nous mentait presque à son sujet, en la présentant comme une jeune fille « moins riche que ses camarades » alors qu’elle habite dans une maison, dispose de nombreuses paires de chaussures, a le permis et part en vacances en France par exemple.

Ensuite, elle se définit comme une élève pas véritablement « populaire », mais tous les garçons de son lycée semblent être obnubilée par elle et la jeune fille a été élue avec son ex-petit ami « plus beau couple de l’année ». Si ce n’est pas être populaire, je ne sais pas comment définir cela.

Ce souci m’amène a en évoquer un second : l’idée des clans dans le lycée de Capucine. Elle ne cesse d’évoquer les Artistes, les Nerds, les Populaires. Cette division des élèves m’a semblée extrêmement peu crédible. Certes, l’histoire se déroule en Amérique et non pas en France, mais j’ai du mal à imaginer comment les élèves peuvent se regrouper à ce point par affinités. Normalement, les classes sont fixes. De plus, il est normal dans un groupe d’amis que chacun ait ses propres goûts, pourquoi vouloir imposer une étiquette réductrice à ces personnages ? J’ai trouvé que cela faisait perdre de l’épaisseur à l’intrigue et véhiculait des stéréotypes détestables.

Il y a eu également des moments qui m’ont mis assez mal à l’aise, notamment certaines blagues ou remarques que fait l’héroïne. Cordélia a déjà évoqué la culture du viol dans sa vidéo, mais j’aimerai également mentionner ce qui me semble être du racisme ordinaire. A deux reprises Capucine évoque deux élèves d’origine chinoise qui portent par hasard le même nom de famille. Tout d’abord, elle ne cesse de faire des plaisanteries à ce sujet en évoquant un possible mariage et affirme  qu’on ne voit pas bien leurs yeux car ils sont bridés. Ces phrases, qui sont très anodines, m’ont fait réagir, car je n’ai pas trouvé cela approprié. Je ne sais pas pourquoi l’auteur a fait faire ce genre de remarques à son personnage.

Etrangement, la compétition de pistolets à eau de fin d’année m’a fait sortir de ma zone de confort Le jeu s’appelle les Assassins. La règle du jeu est simple, chaque senior reçoit le nom d’une personne à « tuer ». S’il touche sa cible, il hérite de celle de son adversaire. Le but est qu’il ne reste qu’une personne. Sur le principe, cela peut paraître amusant, mais j’ai immédiatement pensé aux nombreuses tueries qui ont eu lieu dans les écoles américaines à cause des armes à feu. Faire jouer les protagonistes à ce jeu, (qui ne semble pas exister dans la réalité) m’a semblé presque indécent.

Enfin, j’aimerais évoquer le traitement de l’homosexualité dans le roman. J’ai trouvé le couple d’Aiden et Capucine assez mignon, c’est d’ailleurs l’un des seuls aspects que j’ai apprécié dans ma lecture. Je trouve également que le dilemme de l’héroïne, la négation de son attirance pour la jeune femme, est bien retranscrit. Cependant, J’ai avalé un arc-en-ciel ne nous permet pas de nous renseigner véritablement sur la communauté LGBT+.

En effet, comme l’a signalé Cordélia dans sa vidéo, Capucine est bisexuelle. Or le terme n’est pas écrit une seule fois dans le roman. Cela peut s’expliquer par le fait que la jeune fille nie son attirance pour les filles, mais j’aurais préféré que l’auteur soit plus clair sur la question, notamment pour les lecteurs assez jeunes. Je pense que ce livre peut se lire à partir de 13 ans.

Or à cet âge, je n’étais pas encore au clair sur les différentes orientations sexuelles. Je connaissais évidemment l’hétérosexualité et l’homosexualité, mais j’étais assez perdue entre les transsexuels, les bisexuels etc. Ces termes étaient assez flous pour moi, et cette histoire ne nous permet pas d’en apprendre davantage, alors que Capucine aurait pu obtenir des renseignements via Aiden, qui semble mieux accepter le fait qu’elle soit lesbienne.

A un moment du récit, l’héroïne évoque l’existence d’un club LGBT dans son lycée. Pourquoi l’auteur n’a-t-il pas fait aller Capucine en secret à ce rendez-vous pour s’informer ? Bref, toujours est-il que pour un roman adolescent qui traite de l’homosexualité, j’ai trouvé que le sujet restait un peu en surface, il aurait mérité d’être davantage creusé.

Je ne vous recommande donc pas J’ai avalé un arc en ciel car je trouve que les défauts de ce roman sont trop dérangeants pour être ignorés. Néanmoins, si vous souhaitez lire des romans traitant de l’homosexualité, je vous conseille d’aller sur la chaîne de Mx Cordélia qui propose un panel large de livre LGBT+.

J’ai avalé un arc-en-ciel d'Erwan Ji publié aux éditions Nathan.

La vidéo de Mlle Cordélia sur le roman d'Erwan Ji :



lundi 19 mars 2018

L'aube sera grandiose d'Anne-Laure Bondoux


L’aube sera grandiose

 

Anne-Laure Bondoux


L'aube sera grandiose / Anne-Laure Bondoux

Nine devait aller à la fête de son lycée, mais manque de chance, sa mère, Titania, a décidé de l’emmener dans une petite cabane perdue près d’un lac. Elle affirme qu’elle veut lui raconter l’histoire de sa famille. Nine, d’abord mal disposée à l’écouter, va se prendre de passion pour ce récit, car à travers l’histoire de sa grand-mère, de sa mère et de ses deux oncles, elle va également découvrir qui elle est réellement.

Ce roman est une excellente surprise, un véritable coup de cœur ! J’ai été happée par le récit. J’ai adoré suivre la vie de Titania. La force de cette histoire est qu’elle a à la fois des côtés assez romanesques, (les frères de Titania sont deux jumeaux nommés Orion et Octobre, leur père est membre d’une mafia) mais aussi réaliste. En effet Anne-Laure Bondoux parvient à nous faire sentir la tristesse de la jeune femme, qui ne connaît pas son père et que sa mère mène de villes en villes, d’amants en amants. Nous sentons aussi combien Nine peut être perdue et peu sûre d’elle, les tensions entre une mère et une fille mais aussi une forte complicité.

Je me suis beaucoup attachée aux personnages, notamment Titania et Orion. Le jeune homme a un handicap (ce n’est pas dit explicitement mais j’ai l’impression que c’est une forme d’autisme). Il vit dans son monde, entre les inventions qu’il dessine d’après les catalogues de magasins et sa passion pour le vélo héritée de Vadim, un des amants de sa mère. C’est l’originalité et la fragilité du personnage qui m’a fait me sentir proche de lui.

Je me suis aussi identifiée à Nine, puisque nous avons quasiment le même âge. J’ai pu reconnaître en elle les doutes que j’ai pu aussi éprouver.

L’aube sera grandiose est un livre qui se lit extrêmement vite, rythmé par la nuit qui avance et l’aube qui pointe. Le style de l’auteur est fluide, assez difficile à décrire, mêlant à la fois un langage soutenu et courant qui font que l’on a l’impression d’être avec Titania et de l’entendre raconter son histoire.

D’ailleurs, le petit plus de ce roman est que Titania est écrivain. Cela n’est pas le sujet principal du récit, mais ce métier rend le personnage encore plus original. Nous pouvons également penser qu’Anne-Laure Bondoux a mis un peu d’elle-même dans son héroïne.

La fin m’a presque semblée arriver trop vite, j’aurais presque souhaité rester encore davantage dans cette maison au bord du lac. Mais parfois, il faut savoir laisser les héros d’une histoire derrière soi.

L'aube sera grandiose / Anne-Laure Bondoux publié aux éditions Gallimard Jeunesse.

lundi 12 mars 2018

Inséparables de Sarah Crossan


Inséparables

 

Sarah Crossan



Grace et Tippi sont deux sœurs assez particulières : elles sont siamoises, reliées par le bassin. Cela peut sembler être l’une des pires conditions au monde mais les deux jeunes filles parviennent malgré tout à être heureuses. Cependant, parce que leur famille rencontre des problèmes financiers, Tippi et Grace vont devoir aller au lycée car leur mère ne peut plus leur faire cour à la maison. Elles vont alors devoir affronter le regard des autres.

Ce sera le temps des premiers amis et des premiers amours pour les deux sœurs. Mais, plus le temps passe, plus Grace se sent faible. L’espérance de vie des siamois est très courte, vont-elles pouvoir survivre ?

Ce roman est un coup de cœur ! J’ai adoré suivre la vie de Grace et Tippi. Je me suis attachée à leur humour, à leur courage, leur force de vivre malgré leur particularité.

J’ai aimé les découvrir dans leur vie au lycée, avec leur premiers amis. La particularité d’Inséparables est qu’il est écrit en vers libres. Cela donne un côté fluide au récit et fait l’originalité de l’œuvre, outre les héroïnes qu’il dépeint.

J’ai aussi apprécié les deux amis que se font les deux sœurs, ils sont ouverts d’esprit, ce qui donne un peu d’espoir.

La fin du roman m’a presque donner les larmes aux yeux. Je vous recommande vivement ce livre.

Inséparables de Sarah Crossan, publié aux éditions Rageot.

lundi 5 mars 2018

Vongozero d'Yana Vagner


Vongozero

 

Yana Vagner

 

Vongozeroo d'Yana Vagner

 

En Russie, une terrible épidémie éclate. Les villes sont bouclées et les habitants meurent par milliers. Dans sa petite maison de banlieue, Anna tente de se convaincre avec son mari que tout cela va finir par s’arranger. L’arrivée de son beau-père et la mort de sa mère vont bouleverser leur vie en les mettant devant l’horreur de la situation : ils doivent fuir pour échapper à l’épidémie et à la vague de réfugiés. Entourée de voisins qu’elle n’apprécie guère et de l’ex-femme de son mari qui la hait, Anna doit faire face aux évènements. Va-t-elle garder la raison au cours de ce périple qui doit les mener dans une petite maison étroite de Vongozero ?

J’ai mis du temps à lire ce roman, cependant, cela ne veut pas dire que je n’ai pas apprécié ma lecture, bien au contraire.
Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé l’ambiance du roman. La majeure partie du récit se passe sur la route, alors que les protagonistes sont en voiture. Contrairement à ce que l'on pourrait craindre cela n’est pas ennuyeux, nous sentons la tension et le confinement, la crainte des fuyards. A chaque étape nous nous demandons si les personnages vont réussir leur quête.
J’ai aussi apprécié le fait que nous soyons véritablement dans les pensées d’Anna, grâce à ce procédé nous la connaissons davantage, nous avons son point de vue sur la situation.

L’héroïne est un être intéressant. Au départ, j’avais un peu de mal à déterminer si je l’appréciais ou non. Je trouvais parfois qu’elle se laissait trop marcher sur les pieds.

Cependant, après plusieurs chapitres passés en sa compagnie, je me suis rendue compte qu’en réalité j’étais simplement surprise par l’originalité du personnage. En effet, elle ne correspond pas au héros type des dystopies. Elle n’a rien d'une femme forte et courageuse. Elle a du mal à se mêler aux autres, à exprimer ses opinions, sa meilleure défense face aux médisances est la fuite, elle éprouve des craintes en permanence. Mais c’est cela qui fait sa force et son charme. C’est un protagoniste réaliste, auquel on peut s’identifier sous certains aspects. Cela change des héros parfaits ou manichéens. Je me suis donc mise à aimer davantage Anna à mesure que j'avançais dans Vongozero.

J’ai également trouvé l’évolution des relations entre la jeune femme et l’ex-femme de son mari, Irina, très intéressante. Elles n’ont pas eu de disputes violentes, même si nous sentons une tension entre les deux femmes. Cependant, elles semblent parfois s’entraider de façon étonnante.

J’ai également apprécié Boris, le beau-père d’Anna. Il est amusant, simple et préparé aux évènements. En revanche, j’ai presque détesté, tout comme Anna, les autres protagonistes. Les voisins de la jeune femme sont méprisables, stupides et superficiels.

L’autre force du roman d’Yana Vagner est la représentation du virus. Contrairement aux romans pour adolescents, la maladie ne prend pas des aspects répugnants comme par exemple les fondus dans Le labyrinthe de James Dashner. Non pas que cela me déplaise mais je trouve que cette façon de faire change agréablement. Cela donne un côté encore plus réaliste au roman.

Je trouve que la fin de Vongozero se suffit à elle-même, cependant, j’ai malgré tout envie de connaître la suite.

Vongozero d'Yana Vagner publié aux éditions Mirobole.