Dracula
Bram Stocker
Jonathan Harker se rend en Transylvanie afin de rendre
visite au mystérieux comte Dracula, qui désire acheter des biens en Angleterre.
Au fil de son séjour, le jeune homme va réaliser que son hôte est bien
étrange : il n’apparaît qu’au coucher du soleil, n’a pas de domestiques et
ne semble pas se nourrir. De plus, les villageois paraîssent le craindre. Jonathan va finir par découvrir que Dracula n’est peut-être pas l'humain qu'il prétend… En s’échappant
du domaine du comte, Jonathan va croiser la route d'hommes qui ont
comme lui compris la véritable nature de l'aristocrate et qui sont déterminés à le détruire.
Mais est-il possible de vaincre Dracula ?
J’avais déjà lu une version abrégée de Dracula. J’en
avais gardé un vague mais bon souvenir. La version intégrale ne m’a pas déçue,
bien au contraire, j’ai vraiment adoré me plonger au cœur de cette intrigue
étrange et mystérieuse.
La première partie de l’œuvre, celle où Jonathan est chez le
comte, est ma préférée, tout d’abord parce que nous observons directement Dracula
en action et que nous notons avec le jeune homme la singularité du comte.
L’auteur parvient à semer de nombreux indices tout au long du séjour de Harker en Transylvanie
et, même si nous connaissons déjà la véritable nature du monstre, il est assez
plaisant d’observer le héros rassembler tous les éléments. Bram Stocker
parvient à nous communiquer l’anxiété de son protagoniste et la fuite de
Jonathan hors du château de Dracula est absolument impressionnante. Il fait preuve d’un courage hors du commun !
La suite du roman m’a également beaucoup plu, même si j’ai
trouvé qu’il y avait parfois quelques longueurs. Nous nous focalisons notamment
sur Mina, la femme de Jonathan qui attend des nouvelles de son époux et Lucie,
une amie de Mme Harker. Cette-dernière est victime de crises de somnambulisme. Après une nuit particulièrement mouvementée où elle se retrouve dehors en
pleine nuit, elle est frappée d’une étrange maladie qui la fait paraître
exsangue, comme si elle perdait mystérieusement des litres de sang ! Nous devinons
bien évidemment que Dracula est derrière tout cela et il est intéressant de le
voir rôder autour des personnages. J’ai trouvé cependant l’agonie de Lucie un
peu trop longue, Bram Stocker aurait pu à mon sens abréger certains passages.
Cela fait perdre du rythme au récit.
Un autre point de vue du livre m’a cependant beaucoup plu :
celui du docteur Stewart, un médecin dirigeant un asile d’aliénés. Il suit
notamment un de ses patients Renfield, qui a pour manie de dévorer les petits animaux
comme les mouches et évoque un « maître » qu’il vénère notamment
lorsque le soleil se couche. Là encore, nous sentons l’ombre du vampire planer
sur la scène. Les dialogues entre le médecin et Renfield sont à la fois
passionnants et inquiétants.
Je me suis beaucoup attachée aux personnages, spécialement à
Mina, qui fait preuve d’une intelligence, d’un courage et d’un esprit de
déduction incroyables et à Jonathan, pour qui je garde une affection
particulière depuis qu’il est parvenu à échapper aux griffes du comte. Mais je
n’ai pas aimé comment les protagonistes tentent d’écarter Mina de l’aventure
sous prétexte qu’elle est une femme et qu’il faut la ménager. Je sais que le
roman a été écrit au XIXe siècle et que les mœurs étaient différents, mais pour
la lectrice du XXIe siècle que je suis cela m’a immédiatement fait bondir.
Malgré tout, l’auteur se rattrape en faisant finalement participer Mina à
l’action.
Ce que j’ai également eu plaisir à redécouvrir est la
représentation du vampire dans l’œuvre de Bram Stocker. Dracula est véritablement
la source de toutes les histoires de vampires que nous connaissons, il est donc
très enrichissant de lire quel est le portrait de la créature que crée
l’auteur.
Ce tableau est finalement assez différent de celui que nous
connaissons : certes, il possède des crocs, ne supporte pas le soleil et
dort dans un cercueil, mais il ne fascine pas les humains dans le bon sens du
terme. Aucun personnage du livre ne trouve Dracula hypnotique, séduisant, au
contraire, les protagonistes sont horrifiés par le monstre. Même Jonathan, qui
est pendant quelques instants envoûté par les femmes vampires qui gravitent
autour du comte, réalise très rapidement combien elles sont maléfiques et est dégoûté.
Les sentiments de Dracula sont également très peu montrés dans
le livre. Nous savons certes qu’il est ambitieux, calculateur, avide de pouvoir
et de savoir, mais nous ne savons pratiquement rien de ses aspirations
amoureuses, qui sont pourtant la base de nombreuses réécritures. Certes, il dit
lui-même qu’il est capable d’aimer, mais cela n’est cependant pas montré
explicitement dans le roman. Même lorsqu’il s’en prend à Lucie, il semble plus
motivé par le sang de la jeune femme que par un amour pour elle. Il est donc
très intéressant de voir qu’à partir d’infimes détails les auteurs qui ont
succédé à Bram Stocker ont fait de Dracula un héros romantique.
La présence du vampire dans le roman est finalement très
minime, il rôde plus qu’il n’apparaît vraiment. Cela m’a presque déçue,
j’aurais voulu le revoir avant la fin de l’œuvre.
[Spoiler alert : je vais révéler la fin du roman
dans 3…2…1…]
La fin de l’œuvre est d’ailleurs assez étonnante.
Finalement, ce n’est pas la force qui finit par triompher du comte Dracula mais
la stratégie. En effet, les héros s’arrangent pour le piéger alors qu’il est le
plus faible. Je ne sais pas encore quoi penser de cette fin, je suis à la fois
agréablement surprise et en même temps un peu déçue car je l’ai trouvée assez
rapide. Malgré cela il y a une grande part de positif dans ma lecture.
Je vous recommande donc vivement Dracula de Bram
Stocker si vous voulez plonger au cœur du mythe du vampire !
Dracula de Bram Stocker publié aux éditions J'ai lu.