Mille femmes blanches
Jim Fergus
États-Unis,
fin du XIXe siècle.
Afin de
favoriser l’entente entre les Indiens et les hommes blancs, Little
Wolf, le chef de la tribu cheyenne propose au président de lui
échanger mille femmes blanches contre mille chevaux. Comme les
enfants nés des unions entre les cheyennes et les femmes blanches
seront élevés dans la famille de leur mère, le mélange pourra se
faire entre les Indiens et les Blancs.
Alors
qu’elle est internée à l’asile pour avoir vécu avec un homme
de condition inférieur hors des liens du mariage, May Dodd a vent de
ce projet fou. Désirant échapper à ce lieu terrible où elle est
prisonnière, elle accepte avec une vingtaine de femmes, pionnières de l’aventure, de se lancer dans l’expédition. Elle
va ainsi découvrir une culture, des coutumes et un mode de vie
complètement différent du sien. Petit à petit, la jeune femme parvient à avoir une place importante dans la tribu, en se faisant
même surnommer Mesoke, l’hirondelle.
Mais
May va également assister à la fin de la civilisation indienne,
minée par la boisson et l’avancée de l’homme blanc dans les
terres, appâté par l’or et faisant fi des traités.
Ce
roman est un coup de cœur ! Je n’ai absolument rien à redire
à ma lecture, j’ai adoré cette expérience de bout en bout !
Le
roman se présente sous la forme du journal intime de May, ce qui est
déjà un bon point car nous pouvons percevoir toutes ses
pensées, ses émotions, nous nous sentons au cœur de l’histoire.
Le personnage de May Dodd est aussi extrêmement attachant. Elle est
forte, déterminée, ouverte d’esprit et incroyablement moderne
pour l’époque. Elle devient un modèle pour les autres femmes
blanches et pour nous, nous donnant envie de nous battre pour notre
place dans le monde.
May
n’est pas le seul personnage attachant du roman. J’ai également
apprécié découvrir les autres membres du groupe, notamment, Femi,
une ancienne esclave bien déterminée à ne plus jamais se laisser
asservir. Elle sera la première femme nommée guerrière dans la
tribu. Femi est un personnage à part, du fait de sa couleur de
peau, mais aussi de sa grande lucidité au sujet des réserves. Dès
le début, contrairement à May et les autres, elle perçoit le côté
emprisonnant de ce dispositif, et fait un parallèle avec
l’esclavage. Les débats qu’elle a avec May Dodd sur le futur des
indiens sont très intéressants, surtout lorsque nous connaissons la
fin historique des évènements.
Hélène
Flyt, une ornithologue, est aussi attachante que les deux autres. Sa
passion pour les oiseaux lui permet à elle aussi d’avoir une place
de choix dans la tribu cheyenne. Elle intègre véritablement les
mœurs de son nouveau peuple. Gurthie, une jeune cochère déguisée
en homme, m’a beaucoup plu, de par son fort caractère et sa
franchise.
Le
livre de Jim Fergus est principalement composé de personnages
féminins. J’ai trouvé que l’auteur exploitait bien cet aspect
du roman en évoquant plusieurs questionnements ou douleurs
féminines. Tout d’abord, il évoque explicitement leur sexualité,
notamment à travers May, qui est libérée et qui peut discuter de
ces sujets avec des femmes moins expérimentées, notamment son amie
Martha. Jim Fergus souligne aussi le fait que les femmes, quelques
soient les tribus, sont la proie des hommes, de leur jugement, et de
leur condamnation.
Ce
roman comporte des scènes difficiles, notamment des scènes de
viols. J’ai éprouvé un sentiment de colère, de révolte,
d’impuissance et d’écœurement à la lecture de certains
passages. L’auteur décrit avec une acuité terrible les ravages de
la boisson sur les indiens. Ces scènes sont cependant
ponctuelles et toujours justifiées.
J’ai
aussi aimé voir la politique de la tribu cheyenne à travers un
regard extérieur. Les femmes savent reconnaître les qualités de
leur nouveau monde, comme la démocratie de la tribu, mais aussi ses
défauts, tel que le manque d’unité entre les indiens.
La fin
de ce livre m’a bouleversée et m’a laissée sans voix.
Je
recommande ce roman à tous les amoureux de la civilisation indienne, de la
conquête de l’Ouest et aussi des personnages féminins forts et
attachants !
Mille femmes blanches de Jim Fergus publié aux éditions Pocket.