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lundi 18 novembre 2019

The hate u give d'Angie Thomas

The hate u give


Angie Thomas




Starr, une jeune afro-américaine de 16 ans, a constamment l’impression de jouer un rôle et de n’être nulle part à sa place. En effet, ses parents issus d’un milieu pauvre, ont réussi à l’envoyer dans un lycée riche dont la population est majoritairement blanche.

Là-bas, Starr fait attention à ne pas employer des mots d’argot ou des attitudes qui pourraient rappeler à ses camarades de classe qu’elle est noire et qu’elle vient du « ghetto ». Mais dans son quartier, elle souffre du fait de ne pas être dans le même lycée que les personnes avec lesquelles elle a grandi, elle a le sentiment de les avoir trahis.

La vie de la jeune fille bascule lorsque lors d’un contrôle de police, son ami d’enfance Khalil est abattu sous ses yeux par un agent. Starr se retrouve obligée de faire un choix : se taire et bafouer la mémoire de son ami et des siens ou parler et s’exposer aux représailles de la police.

Ce roman est une bonne surprise ! J’avais entendu beaucoup de bien de cette histoire il y a un an, notamment lors de la sortie du film, et j’avais peur je l’avoue, de me lancer dans cette lecture. Je craignais en effet de placer la barre trop haut pour ce roman.
Or ce livre m’a au contraire beaucoup plu ! Il aborde avec justesse plusieurs sujets de sociétés, et notamment ceux concernant la société américaine.

J’ai tout d’abord apprécié comment l’autrice parvient à nous faire sentir le déchirement de l’héroïne prise entre deux rôles, deux mondes, deux identités. Nous ressentons sa crainte de ne pas être acceptée, son agacement quant au fait de devoir jouer un rôle, nous comprenons pourquoi elle le fait, mais nous voudrions l’encourager à être plus elle-même. La description de la vie au lycée de Starr nous fait également prendre conscience du côté insidieux du racisme ordinaire. Des remarques ou des attitudes adoptées en passant peuvent en réalité cacher un mépris ou des préjugés plus profonds. L’autrice fait également preuve de largesse de vue en incluant aussi des démonstrations de racisme envers la communauté asiatique, moins souvent dénoncé.

La description de l’assassinat du meilleur ami de Starr est juste et poignante. Angie Thomas n’insiste pas sur les détails sanglants, mais sur le caractère injustifié et absurde de ce meurtre. Elle pointe du doigt le fait que les agents ont souvent tendance a faire du délit de faciès lorsqu’ils contrôlent des conducteurs, et qu’ils ont des réactions disproportionnées. Cependant, elle ne tombe pas dans le piège du manichéisme, en faisant de Khalil un être pur et sans taches. Elle montre combien la société est nuancée, et que le monde ne se divise pas entre bons et mauvais. L’oncle de Starr par exemple, est aussi un policier.

Angie Thomas évoque aussi de façon détaillée l’emprise des gangs sur les quartiers pauvres où vivent une majorité d’afro-américains. Ces groupes apparaissent comme de véritables gangrènes pour le lieu où ils sévissent, empêchant les jeunes de trouver une autre voie que celle des trafics. Ce thème est notamment abordé à travers le père de Starr, un ancien membre de gang, et Khalil lui-même, accusé d’être un dealer. Nous pouvons aussi mentionner King, un puissant baron de la drogue qui fait notamment pression sur Starr pour l’empêcher de révéler qu’il a exercé des menaces sur Khalil.

Enfin j’ai été captivée par la façon dont Angie Thomas retranscrit le procès. Elle parvient à créer une atmosphère de tension, sans tomber dans le théâtral. En entendant les jurés, on se sent révoltés par leurs questions et leurs arguments, leur façon insidieuse de faire petit à petit reposer l’entière responsabilité de la mort de Khalil sur le garçon lui-même. Le pire est peut-être que cette histoire se déroule au XXIe siècle.

Ce roman est donc une œuvre coup de poing et un moyen aussi de prendre conscience que le racisme n'est pas un problème mineur, que ce soit aux États-Unis ou ailleurs. The hate u give est aussi un bon roman pour se renseigner sur la culture et les codes afro-américains, notamment avec les nombreuses références au rap. Angie Thomas, afro-américaine elle-même et élevée à Jackson, Mississippi, nous décrit un monde qu’elle connaît parfaitement. La retranscription du slang de la jeune fille à l’argot de chez nous m’a d’abord surprise, mais finalement on s’y habitue bien, et cela ajoute de l’authenticité au récit.

The hate u give d'Angie Thomas publié aux éditions Nathan.

La bande annonce du film :


Le site web de l'autrice ici.

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