3 livres sur… La famille Brontë
Jane
Eyre de Charlotte Brontë et Les Hauts de Hurlevents d'Emily Brontë comptent parmi mes romans
préférés. Éblouie par l’œuvre de ces écrivaines, j’ai
voulu en apprendre un peu plus sur leur vie personnelle et sur la
genèse de leurs livres respectifs. Voici mes trois livres pour
plonger dans les arcanes du monde des Brontë.
L’amour caché de Charlotte Brontë par Jolien Janzing
L’autrice
revient sur un épisode particulier de la vie de Charlotte Brontë :
le moment où elle se rend à Bruxelles en compagnie de sa sœur
Emily afin de se perfectionner dans l’étude du français. Là-bas,
Charlotte a la joie de découvrir la vie animée de la grande ville
mais y fait également la rencontre de Constantin Heger, un
professeur dont elle est follement éprise et qui lui inspirera
notamment Mr Rochester dans Jane Eyre.
Ce
roman est une très bonne surprise ! Je craignais que l’auteur
ne se focalise uniquement sur l’aspect « romantique »
de cet épisode de la vie de Charlotte Brontë, mais elle prend le
temps de poser le contexte de son intrigue et n’oublie pas traiter
les relations entre les deux sœurs au pensionnat. Elle dépeint
également très bien le désir d’écrire de la jeune femme, ses
rêves, ses ambitions et ses envies d’évasions. Ce roman donne envie de se jeter sur son stylo ou son
clavier et de se mettre à noircir des pages comme les écrivains
Brontë !
La
retranscription des évènements est réaliste et concorde avec ce
que l’on sait de la vie de la famille. Jolien Janzing n’a pas
pris de libertés invraisemblables avec les faits réels.
Ce
roman est donc une lecture agréable pour les amoureux de la famille
Brontë et du roman Jane Eyre, et s’adresse surtout à ceux
qui ont déjà une connaissance solide de l’histoire de Charlotte.
L’amour
caché de Charlotte Brontë par Jolien Janzing publié aux
éditions L’Archipel.
Le monde infernal de Branwell Brontë par Daphné du Maurier :
Dans
cette biographie romanesque, Daphné du Maurier, la célèbre autrice
de Rebecca, rend ses lettres de noblesse au personnage le
plus méconnu de la famille Brontë : Patrick Branwell, le frère
aîné de Charlotte, Emily et Anne. En plus d’être l’auteur de
nombreux poèmes et de peintures, c’est également lui qui a
chapeauté une grande partie de la création d’un monde imaginaire
dont les enfants Brontë aimaient relater les chroniques. Il est en
effet connu que Charlotte, Emily, Anne et Branwell ont souvent mis en
commun leurs écrits et ont partagé leurs univers, créant une véritable
émulation collective.
Alors,
pourquoi Branwell est-il presque oublié ? Pourquoi un jeune
homme si brillant n’a-t-il rien publié de conséquent, mis à part
quelques poèmes ? Daphné du Maurier nous dresse ici le
portrait d’un être en proie à des démons, hanté par la mort de
sa mère et de ses sœurs, (Marie et Elizabeth étaient les aînées
la fratrie) et sombrant dans l’alcoolisme.
Ce
livre fut une véritable découverte pour moi. En effet, avant d’être
tombée par hasard sur l’ouvrage de Daphné du Maurier, je n’avais
jamais entendu parler de Branwell Brontë. J’ai donc été
agréablement surprise de voir que Branwell avait aussi écrit des
poèmes et contribué fortement à la création de l’univers
littéraire de la famille, sous la forme d’un pays nommé Angria.
J’ai aussi été stupéfaite d’apprendre que Branwell avait sans doute contribué à créer Les Hauts de Hurlevents, puisqu’un de ses amis rapporte qu’il lui en aurait lu un extrait. Cela n’enlève bien sûr rien au talent d’Emily, et ne peut être considéré comme du plagiat, dans la mesure où les frères et sœurs s’échangeaient régulièrement leurs personnages, sans compter qu’un être aussi dissolu que Branwell n’aurait pu mener à bien l’œuvre. Branwell a d’ailleurs sans doute servi d’inspiration à Emily pour le personnage d’Heathcliff.
J’ai aussi été stupéfaite d’apprendre que Branwell avait sans doute contribué à créer Les Hauts de Hurlevents, puisqu’un de ses amis rapporte qu’il lui en aurait lu un extrait. Cela n’enlève bien sûr rien au talent d’Emily, et ne peut être considéré comme du plagiat, dans la mesure où les frères et sœurs s’échangeaient régulièrement leurs personnages, sans compter qu’un être aussi dissolu que Branwell n’aurait pu mener à bien l’œuvre. Branwell a d’ailleurs sans doute servi d’inspiration à Emily pour le personnage d’Heathcliff.
Le
texte de Daphné du Maurier met donc en lumière le rôle décisif de Branwell. Grâce à
des extraits de ses textes insérés dans les chapitres, nous pouvons
découvrir sa plume, aussi bien dans sa version originale que dans sa
traduction. L’autrice parvient à instaurer du rythme à son récit,
en ayant en ligne de mire la mort de son poète maudit. La fin de
ce-dernier est peut-être un peu romancée dans sa description (Du
Maurier est un romancière, pas une biographe), mais Le monde
infernal de Branwell Brontë repose
sur des bases et des sources fiables.
Le
monde infernal de Branwell Brontë par
Daphné du Maurier publié aux éditions de
la Table Ronde.
Les Brontë par Jean-Pierre Ohl
Dans cette biographie, l’auteur s’intéresse à toute la famille
Brontë, en partant des origines, avec l’installation de Patrick
Brontë père à Haworth avec ses enfants jusqu’au décès de
Charlotte en 1857. Il parvient, sans que cela ne soit trop long ou
ennuyeux, à s’intéresser à chacun des enfants Brontë. Ayant
vécu le plus longtemps, Charlotte a une place plus grande dans le
récit.
J’ai aimé découvrir la façon dont elle a tenté de se frayer une
place dans le monde littéraire de son époque, une fois l’identité
du Currer Bell découverte. Jean-Pierre Ohl n’hésite pas également
à mettre en perspective les précédentes biographies de Charlotte
Brontë. Il critique notamment celle de l’amie de la romancière,
Elizabeth Gaskell, qui n’est pas toujours exacte dans ses propos,
et nuance le portrait sombre de Branwell dressé par Daphné du
Maurier, en arguant que la descente aux enfers du jeune homme n’est pas aussi brutale.
Il nous invite également à réfléchir sur la fascination exercée
par la famille Brontë et sur le fait que parfois la vie des auteurs
semble davantage fasciner le public que leur œuvres elles-mêmes, ou
que les analystes littéraires n’hésitent pas à tirer des
conclusions hâtives voire fantaisistes en se basant sur leur biographie. (C’est notamment le cas avec Les Hauts de
Hurlevent).
J’ai trouvé cet écrit complet, intéressant à lire et
assez rythmé pour que le texte ne soit pas plat et descriptif.
L’auteur ne nous surcharge pas de dates et d’éléments
historiques. Une chronologie et des annexes sont disponibles à la
fin de l’ouvrage, ainsi que des illustrations et des gravures des
trois sœurs, de Branwell et de leur père.
Pour les amoureux de la famille Brontë ou ceux qui désirent en savoir
davantage sur les auteurs de leurs romans préférés, ce livre est à
découvrir !
Les
Brontë par Jean-Pierre Ohl
publié aux éditions Folio.